Par Moncef Kammoun*
La casbah ou la vieille ville d’Alger est un quartier historique inscrit depuis 1992 au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO, son histoire remonte à l’Antiquité, fondée au Xe siècle par les Berbères.
La Casbah, étant l’un des quartiers les plus connus d’Alger, atteint son apogée et devient le siège du pouvoir politique durant la période de la régence d’Alger, elle est par la suite progressivement marginalisée surtout lors de la colonisation française en 1830 du fait que le centre du pouvoir est déplacé vers la nouvelle ville et la Casbah devint le bastion des indépendantistes du FLN.
Après l’indépendance du pays en 1962, la Casbah ne retrouve plus son rôle central et devient un espace marginalisé.
Casbah d’Alger : patrimoine en péril
La Casbah d’Alger est aujourd’hui en très mauvais état, ce trésor architectural marqué par le poids des années qui lui fait perdre beaucoup de sa splendeur.
Ce lieu de mémoire autant que d’histoire qui remonte à l’antiquité comprend d’anciennes mosquées, des palais Ottomans ainsi qu’une structure urbaine typique associée à un grand sens de la communauté.
Ces bâtiments porteurs de siècles d’histoire continuent aujourd’hui à s’effondrer calmement les unes après les autres et ceci malgré les multiples actions de la wilaya d’Alger pour sauvegarder ce patrimoine. Toutes ces actions étaient en effet éparpillées aussi bien dans le temps que dans l’espace.
Protéger autrement ces monuments et ces sites patrimoniaux dont le premier rôle est la mise en valeur de l’identité culturelle des peuples, est aujourd’hui indispensable pas uniquement pour les Algériens mais pour l’humanité entière.
L’Unesco a exprimé des critiques aussi bien sur la mise en œuvre des plans de sauvegarde de ce joyau architectural que sur la qualité des travaux. En effet, sur les 1800 parcelles sauvegardées, 605 sont dans un état de dégradation superficiel, 507 sont dans un état de dégradation avancé, 331 sont dans un état de dégradation extrême et 373 sont vides ou en état de ruines.
Ce joyau architectural d’Alger, au-delà des opérations cosmétiques ponctuelles pour les besoins des touristes de passage dans la capitale, a besoin d’une opération d’ensemble en profondeur.
La Casbah au cœur d’une convention tripartite
Aujourd’hui il est indispensable d’adapter les techniques de pointe nécessaires pour une vision réunissant les différents secteurs afin de passer de l’approche classique défaillante à l’approche moderne et de remplacer les opérations théâtrales par un traitement en profondeur.
Il faudrait plutôt regrouper toutes les disciplines en une « structure unique avec un pouvoir de décision rapide pour gérer un tel dossier ».
A cet égard une convention tripartite entre Alger, l’Ile-de-France et les ateliers Jean Nouvel a été signée.
Ce choix, à notre avis, réussi de l’architecte de renommée internationale Jean-Nouvel pour diriger ce travail de réflexion magnifique et mettre son expérience si importante à la disposition du groupe d’architectes algérois et français désignés, va certainement ajouter le plus pour la renaissance de la Casbah au plan patrimonial, urbanistique, culturel et touristique. Bref pour restituer sa splendeur à la Casbah d’Alger.
*M.K Architecte