Armement: Les Émirats arabes unis à la rescousse de la Tunisie ?

Plusieurs médias se sont relayé l’information selon laquelle la Tunisie et la France vont passer un contrat d’armement dont les détails ne sont pas encore définis et qui sera financé par les Emirats arabes unis. Il n’est pas étonnant que cette formule soit plausible et efficace, depuis qu’on sait l’appui inconditionnel donné à l’Egypte et au général Haftar en Libye. Les pays du Golfe, le Qatar excepté, appuient l’effort anti-terroriste et optent plutôt pour une solution militaire pour venir à bout de l’islamisme radical. Mais pourrions-nous épingler quelques bribes d’informations là-dessus surtout avec la dernière visite de Béji Caïd Essbsi à Paris ?

Une coopération trilatérale

La France est prête à doter la Tunisie d’armes et de matériel sophistiqué dans sa lutte contre le terrorisme. C’est ce qui ressort du moins des déclarations du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian lors d’une audition à l’Assemblée nationale dans la commission « Défense ».  Visiblement, la France a pris conscience des périls qui menacent la Tunisie, d’où l’annonce faite par M. Le Drian lors de son audition à l’Assemblée dans laquelle il déclare sans ambages : « En Tunisie, nous sommes en train d’engager une coopération trilatérale avec le nouveau gouvernement et les Émirats arabes unis, sur le modèle de DONAS, mais à moindre échelle, afin d’aider les forces armées tunisiennes à renforcer leur capacité de lutte contre le terrorisme, en particulier pour ce qui est des forces spéciales ». Et d’ajouter : « L’Algérie soutient la restructuration de l’armée tunisienne et la France est entrée dans un processus collaboratif, conjointement avec les Émirats arabes unis ».

Quels seront les types d’équipements militaires que la France serait en mesure d’apporter à l’armée tunisienne ? Le ministre français de la Défense n’est guère explicite, encore faut-il noter que la Tunisie a aujourd’hui besoin de quasiment révolutionner ses équipements et ses armes. Les F5 de l’armée de l’air tunisienne ne répondent désormais plus à la nouvelle guerre déclarée par les groupuscules terroristes, ni aux menaces qui se font jour en Libye. Les chars aussi, avec l’usage fréquent des mines à hauteur des montagnes, ou encore sur les lignes frontalières tuniso-libyennes, la Tunisie est à la première ligne des menaces qui viendraient du territoire libyen.

Mais le plus gros de l’effort d’équipement de l’Armée et en partie de la Garde nationale tunisienne sera sans doute dirigé vers les services de renseignements, pilier essentiel dans la lutte anti-terroriste. La surveillance du territoire sur le plan aérien et terrestre nécessite des équipements à la fois sophistiqués et coûteux. Aussi, la traque des réseaux terroristes à travers leurs moyens de communications (téléphonie, satellites, web) doivent s’étendre sur tout le territoire. C’est aussi un moyen pour la Tunisie de moderniser son arsenal militaire jugé obsolète au regard des techniques utilisées par les groupes terroristes.

 

Retour en force ou nécessité sécuritaire ?

Autre élément à prendre en considération, c’est que cela n’est pas la première fois qu’un pays du Golfe cautionne une vente d’armes pour un pays arabe.

Le contrat DONAS passé entre l’Arabie saoudite et la France avait pour but de financer l’équipement de l’armée libanaise à hauteur de 2,5 milliards d’euros. Face au défi syrien, et la montée croissante du Hezbollah chiite, l’armée libanaise était démunie logistiquement. Le contrat DONAS, peut être tout simplement calqué au profit de la Tunisie en se limitant à changer le nom du bailleur de fonds qui deviendrait les Emirats au lieu de l’Arabie saoudite.

La France, pour sa part, et vu la concurrence des USA dans ce domaine, tente de soulager la Tunisie surtout en période de crise car ces équipements, au coût assez lourd, seront difficiles à supporter dans le cas actuel par la Tunisie. Aussi, l’aspect technique et technologique et un retour en force de la France en Afrique du Nord et au Sahel est un choix stratégique que la France ne veut aucunement céder ni aux USA, ni à la Chine. La France se garde aussi d’avoir les yeux braqués sur la Libye, et la seule alternative fiable et viable reste tout de même la Tunisie qui sert à la fois d’exemple mais aussi une arrière-garde stratégique pour tout débordement potentiel en Libye. La Tunisie pourrait être appelée, le cas échéant, à jouer un rôle décisif dans le conflit qui déchire ce pays en deux clans bien distincts, et l’Ouest demeure incertain. La préparation de l’armée tunisienne pour un éventuel conflit et surtout l’intrusion des éléments terroristes, constituent non seulement un défi pour la Tunisie mais aussi pour l’Europe, car tout débordement pourrait nuire au plus haut point aux frontières aussi bien terrestres, maritimes qu’aériennes.

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