Artisanat : Un potentiel important,… un vécu sinistré

Il y a une liaison organique entre tourisme et artisanat : lorsque le secteur touristique est en pleine prospérité, les artisans n’ont pas à se plaindre, car les ventes d’articles artisanaux vont bon train. Ce qui n’est plus le cas depuis plus de quatre ans à cause de la prolongation de la crise du tourisme.
En effet, l’artisanat est un secteur sinistré, les artisans et les commerçants en produits d’artisanat connaissent de grandes difficultés depuis des années, notamment à Tozeur et à Tabarka. Certains ont abandonné le métier. Il faut dire que le nombre d’artisans s’élève à 350.000.
Faut-il rappeler d’abord que l’artisanat recèle une bonne partie de notre patrimoine historique et artistique, il exprime notre civilisation et notre culture ancestrale. C’est tout le savoir-faire accumulé depuis des siècles qui représente notre identité.
Certes, il a besoin d’être rénové pour s’adapter aux impératifs de la vie moderne et répondre aux attentes de la clientèle. C’est pourquoi, nous devons veiller sur sa prospérité et faire en sorte qu’il soit transmis aux générations futures.
C’est également un gisement d’emplois et un facteur de stabilité sociale : 80% des artisans sont des femmes qui peuvent travailler chez elles, sans gros investissements. C’est aussi une source de recettes en devises à travers l’exportation.
Il faut reconnaître que le secteur de l’artisanat connaît des difficultés depuis une dizaine d’années au minimum, lorsque le soutien de l’Etat au secteur a nettement régressé, avec la limitation du rôle promotionnel et d’encadrement du secteur par l’Office de l’artisanat, la disparition de la Socopa,…
En effet, le secteur privé n’a pas pris la relève de l’Etat pour structurer le secteur, le dynamiser, encadrer les artisans. Il ne faut pas négliger non plus la montée en puissance du commerce parallèle et de la contrefaçon qui ont introduit une concurrence déloyale à l’artisanat local.
Il y a un déficit énorme en matière de formation professionnelle dans les différentes spécialités artisanales, car il y a désaffection et détournement des jeunes vis-à-vis d’un métier ingrat par sa rémunération qui exige habileté, apprentissage et vocation.
Il y a également une carence en matière de structures de formation artisanale et certaines spécialités se perdent.
La liquidation de la Socopa était une erreur stratégique, car il y a actuellement un grand vide en matière de commercialisation des produits de l’artisanat mais aussi d’approvisionnement des artisans en matières premières de qualité. Il est urgent et indispensable de créer une entreprise de genre semi-public qui prendrait en charge cette mission de promouvoir les exportations, de disposer de show-rooms – “Maison de l’artisanat” – pour exposer les produits dans les grandes villes, veiller sur la qualité et importer les matières premières nécessaires.
L’Office de l’artisanat déploie de gros efforts et réussit dans la promotion de l’innovation en organisant chaque année le salon de l’innovation avec des encouragements et des prix pour récompenser les innovateurs.
Il devrait également renforcer et développer son rôle en matière de formation, de contrôle de la qualité, d’octroi du label et de la carte professionnelle. La cité de l’artisanat de Den Den devrait être réanimée et bénéficier d’une promotion particulière et appropriée.
La ministre du Tourisme en charge également de l’artisanat a affirmé publiquement lors d’une rencontre récente dédiée au tourisme, que le secteur de l’artisanat pourrait doubler sa capacité d’emploi actuelle si un certain nombre de mesures étaient prises, pour assurer sa relance et son développement, sans pour autant les citer.

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