Présent lors de la 27e édition du Forum international de Réalités, les 29 et 30 mai 2025, Aslan Berjeb, président de la CONECT, a appelé à une relance stratégique et équilibrée du partenariat entre la Tunisie et l’Union européenne, en phase avec les transformations géopolitiques mondiales.
Une relation structurée en trois grandes étapes
S’exprimant au micro de Réalités Online, Aslan Berjeb a expliqué que la relation Tunisie–UE peut être décomposée en trois phases principales. La première, entre 1995 et 2005, fut marquée par un enthousiasme mutuel. « Une décennie d’opportunités », selon lui, durant laquelle l’Accord d’association a jeté les bases de plans de mise à niveau et d’amélioration des échanges commerciaux.
La deuxième période, de 2005 à 2011, correspond à une phase de réorientation. L’Union européenne, concentrée sur son élargissement vers l’Est, a donné la priorité à ses nouveaux membres « plus prêts » à l’harmonisation institutionnelle et économique. Ce choix a entraîné une baisse des échanges à forte valeur ajoutée avec la Tunisie.
Enfin, la période allant de 2011 à 2025 a été marquée par de nombreux défis des deux côtés. En Tunisie, les attentes sociales ont explosé, tandis que l’Europe proposait des accords de libre-échange approfondi (ALECA) qui n’ont jamais abouti, notamment en raison de la complexité technique des négociations et de la sensibilité de secteurs comme l’agriculture et la santé.
Une relecture nécessaire dans un monde en mutation
Face à ces constats, Aslan Berjeb appelle à une « relecture lucide de ce qui se passe au niveau mondial ». L’Europe elle-même est en pleine transformation, confrontée à une fragmentation politique, à des tensions commerciales et à une redéfinition de ses politiques économiques.
Dans ce contexte, la Tunisie doit repenser sa position stratégique. « Nous devons mieux nous positionner dans les logiques d’investissement de voisinage, comme le friend-shoring », explique-t-il. Cela suppose également une compréhension fine de la politique européenne de voisinage , en constante évolution, et de ses implications économiques, sécuritaires et migratoires.
Sortir d’une logique frontalière
Berjeb appelle à une évolution des rapports entre la Tunisie et l’Union européenne : « Il faut sortir d’une logique de poste frontalier. Il est temps d’instaurer un partenariat d’opportunités. »
Un partenariat qui permettrait aussi à la Tunisie de se diversifier, en nouant des relations avec d’autres partenaires internationaux, sans se limiter à l’Europe.
Retrouvez l’interview complète d’Aslan Berjeb ici :