Depuis les révélations sur l’existence d’un présumé appareil sécuritaire secret mis en place par Ennahdha, aucune réaction officielle n’a été faite, notamment de la part du ministère de l’Intérieur. Ce point a été soulevé par Imen Gzara, avocate et membre du collectif de défense des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi dans son intervention dans La Matinale de Hamza Belloumi ce jeudi 1er novembre 2018.
L’avocate a assuré que des cadres d’Ennahdha exercent des pressions sur les sécuritaires afin de les pousser à détruire les documents se trouvant dans la chambre noire du ministère de l’Intérieur. « Nous avons des informations qui prouvent ce fait. Le contenu de ces documents est dangereux, d’où la volonté de les détruire. Nous avons appelé les sécuritaires à les conserver car il y va de la sécurité de la Tunisie », a-t-elle déclaré.
D’un autre côté, Imen Gzaraest revenue sur le désistement du doyen des juges d’instruction de l’affaire des martyrs, ce qui constitue un véritable problème selon elle. « Le ministère public s’est donc désisté de l’affaire. Nous n’avons plus le choix, nous devons, de ce fait, nous adresser à la Justice Militaire, d’autant plus qu’une partie des données dont nous disposons porte sur l’armée. Le Tribunal Militaire est appelé à accélérer les procédures en vue de traiter ce dossier, car on veut tout faire pour que les documents contenus dans le ministère de l’Intérieur soient détruits », a affirmé l’avocate.
D’autre part, l’avocate a déclaré qu’une partie des documents sont entre les mains de la Justice, mais pas tous. Elle a souligné que certains ont été détruits à El Gorjani. Pourtant, il s’agit de données dont Mustapha Khedher avait parlé avec précision lors de ses interrogatoires. « Vous camouflez un crime auquel vous n’avez pas pris part », a lancé l’avocate à l’adresse du ministre de l’Intérieur, Hichem Fourati, l’appelant à assumer sa responsabilité et à admettre l’existence des documents dans la chambre noire.
Par ailleurs, la membre du collectif de défense a souligné que l’objectif est de défendre l’impartialité de la justice et de l’institution sécuritaire, au même titre que le caractère civil des partis politiques. « Nous n’avons aucun problème avec Ennahdha. Nous visons seulement l’appareil sécuritaire secret qui a été créé par le parti dont l’existence a été prouvée. Aucune poursuite à l’encontre d’un dirigeant du parti ne sera entamée sans preuve. Il faut savoir qu’il existe des personnes ayant entretenu des liens avec les Frères Musulmans et des services de renseignements. Ces mêmes Frères sont venus en Tunisie pour former les gens au sujet de la fabrication des bombes et des poisons. Malgré tous ces éléments, aucun suspect n’a encore été auditionné », a encore déclaré Imen Gzara.