Les récentes révélations sur les assassinats politiques continuent à faire couler de l’encre. Ce matin, dans La Matinale de Shems FM, le membre du collectif de défense des Martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, Ridha Radaoui, a réagi aux propos du porte-parole du pôle judiciaire financier de lutte anti-terroriste, Sofiene Sliti, qui avait affirmé que l’affaire suivait son cours.
« Nous appelons le représentant du ministère public [Sofiene Sliti] à être patient et à se pencher, avec nous, sur le dossier. Le PV qu’il remet en doute parle bien de 14 cartons transportés par des voitures administratives. Il a même été signé. J’invite Monsieur Sliti à consulter le dossier, d’autant plus que dans les PV signés, on apprend que tout le monde avait assisté à la scène. Le représentant du pôle judiciaire semble tendu. Je l’invite à consulter ces PV », a-t-il expliqué au micro de Hamza Balloumi.
Revenant sur la conférence du mardi 2 octobre courant, Ridha Radaoui a indiqué que les données présentées étaient sûres. « On ne joue pas avec cela », a-t-il dit. Dans ce contexte, poursuit-il en citant l’article 21 du code pénal, l’enquête doit être ré-ouverte étant donné que de nouvelles révélations ont été faites dans le cadre des affaires des assassinats politiques. « Nous n’avons fait que présenter ce que le juge d’instructions n’a pas vu. L’enquête portant sur le dénommé Mustapha Khedher doit être ré-ouverte », a-t-il dit, rappelant, par la même occasion, que l’affaire Khedher est aussi relative à la justice militaire. D’ailleurs, une plainte devrait être déposée.
Des documents relatifs à la fabrication d’armes et d’explosifs
D’autre part, le membre du collectif de défense a souligné que les fuites relayant des conversations entre Mustapha Khedher et ses cibles dans le cadre de ses présumées opérations d’espionnage constituent une partie des données disponibles chez le juge d’instruction relevant du Tribunal de Première Instance. « Normalement, le juge aurait dû les écouter. Nous ignorons si cela a été fait. De toutes les façons, nous allons nous adresser au ministère public pour présenter des documents, qui sont bien plus dangereux. Ces derniers, en effet, sont relatifs à la fabrication d’explosifs, d’armes. Ils portent aussi sur la surveillance des déplacements des militaires », a encore souligné Ridha Radaoui.
Plus encore : il a affirmé que les documents portent aussi aux techniques de conduite de moto dans le cadre d’une confrontation. On y trouve, selon Ridha Radaoui, des critères et des règles sur la manipulation des armes à bord d’une moto. Selon l’avocat, ces éléments ne sont pas étrangers à la manière avec laquelle le martyr Chokri Belaid a été assassiné.
Du camouflage volontaire d’informations
D’autre part, Ridha Radaoui est revenu sur le cas de Mustapha Khedher. Ce dernier disposait de 5 lignes téléphoniques pour communiquer. Le dossier a été clôturé, sans examiner toutes les puces. Selon l’un des rapports rédigés à l’issue d’un test, des appels téléphoniques ont été échangés avec un certain Hamza Hamza selon l’avocat.
Néanmoins, certaines informations ont été délibérément camouflées dans les mêmes rapports, notamment sur l’identité des autres interlocuteurs de Mustapha Khedher. Le coupable, selon Ridha Radaoui, est la direction générale des services techniques qui, à l’époque, était contrôlée par Ennahdha.
Par ailleurs, l’avocat a rappelé que le collectif de défense va poursuivre sa bataille judiciaire, aussi bien sur le plan national qu’international. Il a appelé, dans ce contexte, le ministre de l’Intérieur à « accorder un peu d’attention à ce qui se passe », au même titre que le ministre de la Justice et la présidence du gouvernement.