Les journalistes tunisiens ont proposé, dans une ambiance mêlée de tension, d’inquiétude et de détermination, une série de mesures afin de maintenir la pression sur le gouvernement. Objectifs : obtenir le renouvellement de la carte de presse et mettre fin aux atteintes à la liberté d’expression. C’était lors de l’Assemblée générale ordinaire du Syndicat des journalistes tunisiens (SNJT) organisée le vendredi 27 septembre dernier pour se concerter sur la situation du secteur de l’information. Focus.
Une motion a été adoptée à l’issue de l’assemblée comportant 12 points, résumant les décisions prises.
À l’ordre du jour de l’assemblée, ont été discutés plusieurs points dont essentiellement les violations récurrentes faites à la liberté de la presse et les conditions difficiles dans lesquelles exercent les journalistes, notamment à Radios Kalima, Radio Tataouine et sur la chaîne Al Hiwar Ettounsi. À cela s’ajoute la question épineuse du renouvellement de la carte de presse, qui est bloquée depuis plusieurs mois à cause de l’entêtement du gouvernement à ne pas vouloir appliquer le décret-loi 115. «Nous proposons le recours au tribunal administratif pour la création d’une commission nationale indépendante de l’octroi de la carte de presse», a affirmé Nejiba Hamrouni, présidente du syndicat.
Plus de 1400 journalistes attendent toujours d’avoir leurs cartes de presse au titre de l’année 2013. «Le gouvernement refuse la création d’une commission indépendante d’attribution de la carte de presse tant qu’il n’est pas membre de ladite commission», affirme Adel Brinsi, membre du bureau exécutif du SNJT.
La question du pluralisme syndical a suscité la polémique durant l’assemblée générale. Certains journalistes ont mis l’accent sur la concurrence entre le SNJT et le Syndicat de la culture et de l’information. «Nous aimerions que le SNJT définisse bien sa relation avec les autres syndicats, car nous avons un problème de représentativité», a insisté Rachid Karray, journaliste à radio Sfax. De son côté, le Secrétaire général du syndicat de la culture et de l’information, Nabil Jmour a nié ce fait. «Nous ne sommes pas en concurrence. Au contraire, nous avançons de concert». Le bureau exécutif du SNJT a aussi attiré l’attention sur l’ingérence du Centre de Tunis pour la liberté d’expression dans la défense des conditions matérielles et professionnelles des journalistes, ce qui est du ressort du syndicat. La présidente du syndicat a affirmé que «seul le SNJT est habilité à négocier ces points. Les autres peuvent seulement l’appuyer.»
Conditions précaires des journalistes
À cet effet, les professionnels ont rappelé les conditions de travail précaires des journalistes dans certaines institutions médiatiques, à l’instar de Radio Kalima ou de la chaîne Al Hiwar Ettounsi où des journalistes ont été licenciés ou menacés de licenciement. «Le directeur général a promis de nous payer les salaires de deux mois (juillet et août) avant le 5 octobre 2013.
Mais nous n’avons aucune idée sur l’avenir de la Radio et donc sur le nôtre», explique Faten Hamdi, journaliste à Kalima.
Rappelons que l’équipe de cette Radio est entrée en grève depuis le 17 septembre. «La grève se poursuit jusqu’à ce qu’on réponde à nos revendications», ajoute-t-elle.
Du côté d’El Hiwar Ettounsi, les choses se passent mal également. Des journalistes ont été congédiés sans qu’on leur paye même leurs salaires. Quant à ceux de Radio Tataouine, ils ont protesté pendant des jours contre la nomination de leur nouveau directeur.
À la fin de l’assemblée, les professionnels ont convenu que le combat pour la liberté d’expression continue et qu’il faut diversifier leurs méthodes de protestation, tout en conservant l’option de la grève générale.
Chaïmae Bouazzaoui