Encore une fois, le terrorisme frappe Tunis, au cœur, prenant pour cible un symbole, les agents de la sécurité présidentielle. Malgré le bilan particulièrement meurtrier, cet attentat, redouté depuis des semaines, n’a pu être évité.
Dans cette guerre mondiale livrée contre le terrorisme, très peu de pays ont réussi à échapper à ce triste sort, à la barbarie. En l’espace d’une semaine, la Tunisie a été le sixième pays à payer les frais des atrocités commises par ces semeurs de la mort et de la désolation un peu partout, en France, au Mali, en Belgique, au Cameroun et le jour même en Egypte.
San épiloguer longtemps sur les tenants et les aboutissants de ce phénomène dont l’épicentre s’est déplacé des régions montagneuses de l’ouest à nos villes et qui vise à précipiter le pays dans l’insécurité et l’instabilité, à détruire l’Etat tunisien et les institutions républicaines, l’heure est venue pour que les tunisiens fassent des choix d’une extrême gravité, qui détermineront l’avenir de leur modèle de société et de leur démocratie, il est vrai, encore fragile.
Face à l’affront, une seule réponse : l’union sacrée, qui ne devrait être ni factice ni de circonstance. L’union qui nous permettra, face à une épreuve existentielle, de rester débout, forts, mobilisés et prompts à accepter le sacrifice, pour que l’exception démocratique, née après la révolution du 14 janvier 2011, résiste à tous les coups bas, à toutes les trahisons et aux vilenies des forces obscurantistes.
La déclaration de guerre contre le terrorisme doit, cette fois, être assumée par tous, partis politiques, organisations nationales, société civile et les tunisiens quelles que soient leurs différences, leurs appartenances. Une guerre qui doit être globale et dont la responsabilité doit être partagée par tous. Il nous sera impossible de vaincre cette hydre invisible qui tente d’investir nos villes, de dicter sa loi et de nous plonger dans le doute et l’anarchie, si on n’adapte pas notre discours, on ne change pas nos pratiques, notre appréciation de ce péril et en faisant prévaloir, à tout bout de champ, des valeurs dont les terroristes nient même l’essence.
Il ne suffit pas de déclarer la guerre contre le terrorisme, il faut être prêt pour la mener d’une manière totale et efficace pour extirper ce péril à la racine. Cela suppose d’accepter ses conséquences, les sacrifices qui en découlent et les moyens qu’elle nécessite. Cela requiert, de redéfinir l’échelle de nos priorités et de retenir les leçons des errements de la classe politique et des organisations de la société civile qui, des tragédies du Bardo, en mars 2015, et de Sousse, en juin de la même année, ont changé de fusil d’épaule oubliant de fixer des objectifs clairs et de s’engager résolument dans cette bataille décisive.
Le moment est venu pour que les partis et la classe politique tunisienne fassent du principe de l’unité nationale, un catalyseur de toutes les volontés et un argument de mobilisation effectif non, comme ce fut le cas par le passé, un simple objet d’instrumentalisation partisane. Au-delà de la prise de conscience, c’est l’engagement qui est requis. Un engagement qui nous épargnera les discours démagogiques qui ont souvent assimilé ce combat à la théorie de complot et les manœuvres des défenseurs invétérés des droits de l’hommistes qui tentent de susciter de la sympathie pour des personnes formées pour tuer et faire régner la haine et la désolation.
Ce qui est requis aujourd’hui, c’est un sursaut citoyen et un éveil qui nous permettra de mieux cerner le vrai visage de ces terroristes, leur projet et la nature de la guerre qu’ils nous livrent.
La guerre contre le terrorisme à ses exigences et ses préalables. Elle refuse la duplicité du discours et l’exploitation politicienne éhontée à laquelle se plaisent à jouer certaines parties qui s’empressent de crier à la conspiration pour cacher leur jeu et détourner l’attention des véritables défis et des menaces qui guettent le pays.
Ce qui est requis, enfin, c’est de prendre conscience du caractère exceptionnel et particulier de cette guerre, qui ne peut être menée par des moyens conventionnels. La sécurité et la stabilité ont un coût. Ils impliquent impérativement de mettre en sourdine les revendications sociales, le blocage de l’activité économique et l’exacerbation des tensions qui ont épuisé le pays et menacent de paralysie le secteur productif.
Satisfaire aux exigences de l’unité, de la mobilisation et de l’engagement à assumer cette guerre qui sera à la fois longue et épuisante est, incontestablement, la voie la plus sûre pour la gagner et, surtout, pour permettre au projet moderniste et démocratique tunisien de se renforcer et de gagner en consistance.