Le 23 avril dernier, un attentat a visé l’ambassade de France à Tripoli, blessant deux gardes français. C’est la première fois qu’une représentation étrangère à Tripoli est la cible d’une attaque depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi.
Mardi 23 avril…Il est 7 h du matin lorsqu’une voiture piégée explose devant l’ambassade de France à Tripoli. Le bilan est lourd : deux gendarmes spécialisés dans la protection des ambassades sont blessés. Selon Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, le premier sérieusement touché a «dû être opéré à la fois d’une blessure sérieuse dans le dos et d’un traumatisme crânien», a été rapatrié en France. Le second a été «choqué par l’effet de souffle». Outre le bâtiment de l’ambassade, certaines maisons du voisinage et des voitures ont été partiellement détruites. «Si le personnel avait été effectivement là, ça aurait été un drame épouvantable», a affirmé Laurent Fabius qui s’est aussitôt rendu sur les lieux.
Accompagné par le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères libyen, Ali Zeidan et Mohamed Abdelaziz, Laurent Fabius a tenu à rassurer. «Les terroristes qui ont voulu porter un coup à la France, à la Libye et à l’amitié entre la Libye et la France en seront pour leurs frais», a-t-il déclaré avant d’annoncer «le renforcement de la sécurité des intérêts au Moyen-Orient et dans le Sahel». Un groupement du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) aidera les enquêteurs libyens. Une enquête devrait être ouverte prochainement par le parquet de Paris.
Un fléau nommé violence
Voilà plusieurs mois que les représentations étrangères (et notamment des pays occidentaux) sont la cible de menaces de différents mouvements. En janvier, certains Etats (dont le Royaume-Uni, l’Allemagne l’Australie et la France) ont appelé leurs ressortissants à quitter Benghazi et sa région. L’alerte était fondée sur l’existence de « menaces réelles et imminentes d’attentats ou d’enlèvements visant les Occidentaux ». De nombreuses attaques ont eu lieu avant l’alerte.En septembre 2012, le consulat des États-Unis à Benghazi était visé par un attentat qui a coûté la vie à l’ambassadeur, Christopher Stevens et de trois agents. Le 13 janvier, la voiture blindée du consul italien, Guido de Sanctis essuyait des tirs alors qu’il circulait à Benghazi. Ces actions violentes, concentrées jusqu’ici à l’est du pays viennent de toucher pour la première fois l’ouest, ce qui suscite l’inquiétude des observateurs qui évoquent « l’affaissement de l’État libyen ». En effet, les autorités ne parviennent toujours pas à endiguer les milices qui échappent à tout contrôle et refusent de rendre les armes. Dans tous les cas, à l’heure où nous mettons sous presse, le mystère reste entier sur l’auteur de l’agression. Et toutes les pistes sont envisageables. La France, initiatrice de l’opération Serval au Mali, peut être la cible privilégiée des djihadistes. Toutefois, au regard du contexte chaotique libyen, une milice peut également être à l’origine d’un attentat plus que problématique. La veille, deux députés Jacques Myard (UMP) et Jean Glavany (PS) étaient en Libye afin de présenter leur rapport parlementaire sur le «Printemps arabe». A cette occasion, la communauté française avait demandé la mise en place d’une ligne aérienne directe entre Tripoli et Paris et le déclassement de la Libye de la zone rouge (insécurité maximale) sur le site du Quai d’Orsay. Les deux requêtes ne risquent pas d’aboutir de sitôt.
A.T
Maroc
Début de procès contre le hooliganisme
Au Maroc, plus de 200 personnes, parmi lesquelles figurent des mineurs, sont poursuivies à la suite de violences urbaines en marge d’un match de football. Elles encourent des peines de prison ferme dans le cadre d’un procès hors norme qui se veut exemplaire.
L’évènement était attendu par tous les Marocains choqués par l’ampleur de violence. Mardi 23 avril, s’est ouvert devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca le procès fortement médiatisé de 157 supporters (majeurs)… Le procès, une première de ce genre au Maroc, a été placé sous le signe de la sévérité et l’exemplarité. Ainsi, la majorité des personnes interpellées ont été inculpées de crimes relevant du code pénal tels que les violences urbaines, l’incitation à la haine et la constitution de bandes criminelles. De fait, elles risquent de cinq ans (de prison) à la réclusion perpétuelle. Toujours dans la même affaire, environ 70 mineurs seront jugés à partir du 21 mai. Dans les deux cas, et afin d’infliger le maximum, le parquet a retenu la préméditation. La guerre entre supporters avait débuté virtuellement sur la toile, quelques jours avant le match.
Une nuit cauchemardesque
Le 11 avril dernier, s’est joué à Casablanca un match de football comptant pour le championnat au cours duquel le Raja (de Casablanca) a affronté les FAR (Forces armées royales) de Rabat. Pour la petite histoire, les deux équipes se sont quittées avec un match nul (1-1)…mais les incidents qui ont précédé la rencontre ont traumatisé l’opinion publique marocaine qui a vu la scène retransmise à la télévision. En effet, avant que ne débute le match, des échauffourées entre les supporters des deux camps ont dégénéré. Les commerces, principalement des deux artères principales de la capitale économique (boulevard Mohamed V et Prince Moulay Abdellah) ont été saccagés. Voitures, bus, tramway… les « supporters » déchaînés ont tout détruit sur leur passage en se rendant au stade causant un lourd bilan : plus de 500 cas graves, agressions à main armée et dégâts sur des biens publics et privés. L’incident est d’autant plus grave qu’il s’inscrit dans une vague de violence sans précédent. Selon l’AFP, « la Fédération marocaine (FRMF) a dit avoir recensé plus d’une trentaine d’incidents en première et deuxième divisions lors de la saison 2011-2012 ». Depuis, les commerçants de la ville vivent sous la peur. Et s’ils ne se sont pas constitués partie civile dans l’affaire selon les médias locaux, ils ne souhaitent qu’une chose : «déplacer le stade de Mohamed V» situé non loin du centre ville. Un souhait qui ne devrait pas se réaliser de sitôt. En effet, le projet du futur grand stade ne devrait pas démarrer avant juillet 2013.
A.T
Brèves
Maroc
La reconnaissance
Les organisateurs du Festival Gnaoua d’Essaouira ont officiellement effectué une demande auprès de l’UNESCO pour l’inscrire au patrimoine mondial immatériel. «Cela permettra la sauvegarde de cet art, qui ne s’est jamais départi de sa racine africaine et n’a jamais cessé de la revendiquer, et la préservation de sa pérennité d’autant que cette musique a réussi à attirer un public de férus des musiques du monde, d’âges et de catégories sociales différents du Maroc et de l’étranger », a expliqué Neila Tazi la directrice du festival à la MAP. Aucune réponse n’a été donnée à ce jour. La 16e édition du Festival Gnaoua et musiques du monde aura lieu du 20 au 23 juin dans la ville d’Essaouira.
La victoire
Les bureaux d’état civil marocain situé dans le Royaume et à l’étranger (représentations consulaires) devront accepter dorénavant les prénoms amazighs. C’est ce qu’a déclaré le journal arabophone Assabah selon qui le ministre de l’Intérieur, Mohand Laenser a fait passer une circulaire dans ce sens. Ce faisant, il met fin à une discrimination subie par les familles amazighes depuis le milieu des années 90. En effet, en 1996 une circulaire signée par Driss Basri, le ministre de l’Intérieur de l’époque interdisant les noms amazighs avait été envoyée. Suite à cette interdiction, de nombreux enfants n’avaient pas de prénoms officiels. La situation avait été condamnée par de nombreuses organisations qui avaient qualifié cette interdiction de « discrimination ethnique ».
Algérie
Ennuis de santé
Bouteflika a été transféré le 27 avril dernier à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce pour y effectuer des «examens complémentaires» après un «accident ischémique transitoire sans séquelles»… C’est du moins ce qu’a annoncé l’agence APS selon qui ce « type d’accident vasculaire cérébral est sans gravité ». Depuis, les médias algériens s’interrogent sur la succession de Abdelaziz Bouteflika. Agé de 76 ans, son mandat s’achève en 2014.
Mauritanie
Trois partis quittent la majorité
Trois formations politiques, le Mouvement pour la refondation, le Renouveau démocratique et ADIL de l’ancien Premier ministre Yahya Ould El Waghf, ont annoncé leur départ de la majorité présidentielle mauritanienne. Ils ont décidé de constituer « la Convergence patriotique (CP), un cadre nouveau qui n’appartient ni à l’opposition, ni à la majorité», ont-ils indiqué dans un communiqué conjoint. «Nous leur (aux autres partis de la majorité présidentielle) avons demandé de s’engager résolument sur la voie du dialogue avec tous les partis politiques», ont-ils indiqué dans le communiqué. L’exigence serait restée selon eux lettre morte.
Libye
L’accusation
Des camps de rebelles tchadiens se constituent actuellement sur le territoire libyen… C’est du moins ce qu’a affirmé le président tchadien, Idriss Déby. « Je ne souhaite pas que la Libye nouvelle, dont j’ai reçu ici le Premier ministre, puisse être à l’origine d’une quelconque déstabilisation du Tchad », a-t-il prévenu au micro de RFI. Idriss Déby qui a affirmé que « beaucoup de mercenaires se promènent à Benghazi » a demandé aux autorités libyennes de « prendre toutes les dispositions pour que le Tchad ne connaisse pas une nouvelle mauvaise aventure venant de la Libye ».
Dramatiques
Des pluies diluviennes tombées dans la nuit de jeudi à vendredi (25 au 26 avril) sur la ville de Marzak et sa banlieue (sud de la Libye). Elles ont fait deux morts et d’importants dégâts matériels, détruisant notamment près de 300 habitations et une quantité importante des récoltes agricoles. Les autorités régionales ont aussitôt appelé le gouvernement libyen « à intervenir rapidement pour doter les familles, sans domiciles, des couvertures et des denrées alimentaires ainsi que des médicaments ».