Attentat de Ghardimaou: La lettre émouvante de la fiancée d’un blessé

« Mon amour a survécu par miracle…il a désormais une nouvelle vie. Je n’arrive toujours pas à concevoir ce qui s’était passé. C’était un cauchemar! j’entends encore sa voix résonnant à mon oreille pour me dire qu’il allait au travail, qu’il allait manger quelque chose avant de me rappeler. Je lui avais dit que je ne raccrocherai pas le téléphone parce qu’il me manquait…il était intimidé car il n’était pas seul. Il me suppliait en rigolant de raccrocher. Ensuite, j’ai attendu une demi-heure…il ne m’a pas rappelé comme il le faisait toujours…j’ai commencé à m’inquiéter. Et enfin, il m’a rappelé…j’étais déjà rongée par l’inquiétude sauf qu’il y avait beaucoup de bruits autour de lui…je pensais que c’était des coupures du réseau…j’ai raccroché et  j’ai reçu un appel d’un autre numéro que je ne connaissais pas qui me disait  » dépêches-toi, Amir a reçu quatre balles. Tous ses collègues sont morts sur le coup ». J’ai éclaté de rire. Pour moi c’était un mensonge.
La voix insistait encore  » je te jure que ce n’est pas un mensonge! ». Je me disais qu’Amir faisait cela juste pour m’embêter…me taquiner…j’ai lui ai dit qu’il est inapproprié de s’amuser avec des choses comme ça…La voix continuait… » Omayma! réveille-toi! ce n’est pas le moment s’il te plaît… » je l’ai alors supplié pour qu’il me passe Amir au téléphone. Amir était en pleurs, il me disait « Omayma, viens vite, je veux te voir et voir ma mère avant de mourir. Ce serait la dernière fois que je vous vois… » Je ne savais plus quoi faire, j’étais dans un état hystérique, tantôt je pleurais…tantôt je rigolais! Comment faire! comment annoncer ça à sa mère qui souffre d’une tension artérielle…Je suis enfin arrivée à Jendouba! Mon Dieu! Comme il était long ce parcours…j’essayais de me rassurer. Amir va bien, s’il était dans un état grave, il ne m’aurait pas appelé. Le comble! c’était quand j’ai vu quelqu’un qui a publié sa photo par erreur, en disant qu’il avait succombé à ses blessures…je ne voyais plus rien…je n’arrivais toujours pas à le croire…Que deviendrait ma vie sans lui! comment pourrait-on se séparer en un instant alors que j’ai déjà passé 10 ans de ma vie avec lui…il ne m’a jamais lâchée! je me disais que c’était impossible! il n’est pas mort. Pourtant on insistait pour me dire qu’il avait bel et bien reçu des balles au flanc. A l’hôpital, j’ai supplié les médecins pour qu’on me laisse entrer au bloc opératoire. Quand il est enfin sorti, mes jambes avaient du mal à me porter… Depuis la vitre, je le regardais…et il me regardait aussi…des larmes coulaient le long de ses joues….je remerciais Dieu…Amir est vivant! je ne savais pas quoi faire! rassurer sa mère? comment faire?! Alors que moi-même je me forçais à tenir bon, j’avais aussi besoin de quelqu’un pour me rassurer, pour me dire simplement, que tout allait bien…Il m’a dit  » Ne pleure pas, je vais bien! je t’avais promis que je ne te lâcherai jamais… » A chaque fois qu’on me demandait de quitter la chambre…je revenais vers lui…il souffrait et  pleurait en me disant qu’il avait vu ses amis mourir sous ses yeux…qu’il avait encore l’image de leur sang…j’ai essayé de le calmer en lui rappelant qu’ainsi était la volonté de Dieu…En partant, il m’a demandé de ne pas partir…
Je remercie Dieu, mon amour est vivant, il va beaucoup mieux. Demain, il subira une deuxième opération. Souhaitez-lui bon rétablissement. »a-t-elle publié.

Un post qui a profondément ému la toile et fait réagir des milliers d’internautes. Une vaste campagne de solidarité avec les familles des martyrs et des blessés a été lancée sur les réseaux sociaux, dévoilant la grandeur d’âme des Tunisiens dans ces moments difficiles.
Paix aux âmes de nos vaillants soldats et bon rétablissement aux blessés, socle du patriotisme!

 

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