L’un des points communs entre l’attentat contre le journal Charlie hebdo perpétré à Paris le 7 janvier 2015 et l’attaque terroriste du musée du Bardo qui a eu lieu mercredi 18 mars dernier est la prolifération, au lendemain des attaques, des théories du complot.
Leurs auteurs sont omniprésents. Ils s’activent inlassablement sur Facebook et Twitter pour propager leur « intelligence ». Ils nous livrent toutes sortes d’argumentations, souvent loin de toute cohérence, ils nous racontent des scénarios les plus rocambolesques pour enfin arriver à la même idée qui est celle-ci : Tout le mal que l’humanité endure est par définition un complot bien ficelé tissé dans les chambres noires du CIA, du Mossad parfois.
De ce fait, si l’attaque contre Charlie Hebdo était «la punition israélienne» contre la France suite à l’adoption, symbolique, par le parlement français d’une résolution reconnaissant l’État palestinien en décembre 2014, le refus de la construction d’une base militaire américaine sur le territoire tunisien serait derrière l’attentat du musée du Bardo.
Cette théorie nous vient d’un blog intitulé « sputniknews». Partagée à peine il y a 3 jours, cette théorie a été répandue comme une trainée de poudre sur Facebook. D’après son auteur, le développement du terrorisme ne serait pas la seule raison qui « aurait pu servir de prétexte de frapper la Tunisie ». Que seraient, alors, les autres raisons pour lesquelles la Tunisie a subi une ignoble attaque terroriste coûtant la vie à 21 parmi les terroristes et faisant une cinquantaine de blessés ?
En effet, selon l’auteur du texte, l’ambassadeur des Etats-Unis à Tunis, Jacob Walles, aurait demandé à Béji Caïd Essebsi, la construction d’une base américaine sur le territoire tunisien. Une « demande » que « le leader » tunisien, « connu pour des positions patriotiques », avait catégoriquement refusé. Et ce n’est pas tout, le leader, « connu pour des positions patriotiques » aurait également expulsé l’ambassadeur américain du palais du Carthage, voire refusé un entretien téléphonique avec le président Barack Obama.
Ce récit typiquement « conspirationniste » est une interprétation parmi d’autres de l’attentat du Bardo, qui ont fleuri au lendemain de l’attentat. A titre d’exemple, plusieurs personnes ont partagé la théorie selon laquelle, des agents de sécurité seraient derrière l’attaque dans le but de faire accélérer le processus de l’adoption de la loi anti-terroriste par l’Assemblée des Représentants du Peuple ARP.
Ces idées ne posent aucun problème aux moments où elles sont colportées par la foule, ignorante, versatile et très sujette à l’erreur selon Platon. Or quand les hommes politiques y adhèrent, cela devient bel et bien « apologie du terrorisme ». En effet, le porte-parole du parti « Hizb Ettahrir » Ridha Belhaj a affirmé dans une déclaration accordée à la radio Shems FM aujourd’hui 25 mars 2015, que l’attaque du Bardo n’a rien à voir avec le terrorisme, qui reste, selon lui, un concept ambiguë qui ne répond pas à une réalité palpable. Il y a une partie, inconnue qui est en train de manipuler le pays » a déclaré le leader de « Hezb Ettahrir ».
Il a également ajouté que des hommes d’affaires, des hauts responsables sécuritaires ainsi que des parties étrangères seraient probablement derrières des intrigues tissées contre pays.
Enfin heureusement que les auteurs de ces théories sont là pour penser à notre place, pour nous déceler toutes les intrigues et pour éclairer notre lanterne. Et au bout d’un moment leur intelligence dépasse nos facultés mentales. Et c’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’on les supplie de nous faire pitié en nous épargnant leur intelligence.
Nidhal Adhadhi