A l’heure de la prière du vendredi 24 novembre, la mosquée Al Rawdha à Bir Al-Abed au nord du Sinaï, à 40 km de la ville d’El Ariche, fut le théâtre de l’attentat le plus meurtrier que l’Egypte ait connu de son histoire. Le bilan est tristement lourd : pas moins de 305 morts, dont 27 enfants et 128 blessés, selon le parquet égyptien.
Une opération bien préparée.
Près d’une trentaine d’hommes, déguisés en militaires, armés ont commencé d’abord par encercler les alentours de la mosquée, et brûlé de nombreux véhicules pour rendre les secours et les interventions difficiles et faciliter leur échappée. Ils étaient venus en véhicules 4X4, ont fait d’abord exploser une bombe et assaillirent la mosquée en tirant dans tous les sens à l’aide d’armes automatiques, laissant parfois échapper des enfants. La cible était choisie car le dit « Etat Islamique » avait de tout temps brandi sa lutte contre le courant soufi en terre d’Islam, les adeptes venus nombreux ce vendredi-là sont pour la plupart soufi.
Jusqu’à présent aucune revendication de l’attentat n’a été annoncée par quelque organisme ou nébuleuse terroriste que ce soit mais les empreintes sont bel et bien celles de l’« Etat Islamique » puisque la cible en dit quasiment tout !
Réactions du Gouvernement égyptien
Abdelfettah al-Sissi avait dans le soir du vendredi promis dans son discours de répondre avec « une force brutale« , « Les forces armées et la police vengeront nos martyrs« , a-t-il assuré et l’opération « venger les martyrs » allait être engagée avec fermeté et détermination. Trois jours de deuil national ont été décrétés, l’armée s’est aussitôt lancée dans un assaut sur le Sinaï. L’armée de l’air « avait, selon Thameur el-Refaï, porte parole de l’armée égyptienne, pris pour cible des véhicules utilisés dans l’attaque tout en procédant à bombarder de nombreux foyers et dépôts abritant des terroristes et des dépôts d’armes et de munitions ».
Les réactions internationales
D’une façon quasi-unanime, l’indignation internationale atteint son paroxysme, qualifiant cet attentat de « lâche » et « cynique » puisqu’il n’a visé que d’innocents civils. En signe de deuil, la France a éteint les lumières de la tour Eiffel, de nombreux Etats ont envoyé des télégrammes de solidarité avec l’Egypte pour ce triste attentat.
Le Sinaï : une terre d’affrontement avec l’EI
Le Sinaï, avec une surface de 60.000 km2 est une péninsule, habitée par 400.000 égyptiens. En 1979, il fut échangé par les Israéliens contre un traité de paix avec l’Égypte. Le retrait israélien de la péninsule entraîna la destruction de colonies de peuplement comme la ville de Yamit, au nord-est. Depuis 1982, la Force multinationale et observateurs au Sinaï surveille la frontière.
Il faut remonter à octobre 2015 pour retrouver l’attaque la plus meurtrière en Égypte, lorsqu’un attentat à la bombe revendiqué par la branche égyptienne de l’EI avait coûté la vie aux 224 occupants d’un avion russe après son décollage de Charm el-Cheikh, station balnéaire du Sinaï. L’EI avait alors revendiqué l’attentat. Région limitrophe à la fois de Gaza et Israël, région aride et sous la coupe des trafiquants et des contrebandiers, les filiales à la fois familiales et tribales exercent une omerta qui joue un rôle essentiel dans le développement de toutes pour les activités illicites, dont le terrorisme qui connaît une concentration particulière dans cette région.
F.C