« A la suite d’une résidence d’un mois et demi dans une ancienne Chapelle, située sur un campus universitaire, j’ai eu l’occasion de faire évoluer mon travail en réalisant une installation d’assez grand format, en immersion dans le lieu« . Des mots simples avec lesquels, une jeune artiste parle de sa réalisation : l’exposition « Current Water ».
Comment transformer les déchets en plastique de l’industrie en une création artistique ? Mue par sa joie de créer et son imagination, Férielle Zouari a réussi ce pari en transformant des matériaux en plastiques en de véritables œuvres d’art. Ces dernières ont été exposées à l’occasion de l’exposition « Current Water », présentée dans le cadre de « La Boîte-Hors les Murs » à l’IHEC Carthage (Institut des Hautes Études Commerciales), qui a pris fin le 31 mars dernier.
L’objectif de la jeune artiste était de mettre à profit sa formation en tissage au service de l’art, pour donner vie à des créations hors norme. « Parfois, à moi méditerranéen, il m’a semblé découvrir la source de la nostalgie des pays du nord dans l’absence de la mer: la mer comme liberté, jeunesse, possibilité d’aventure. L’opportunité de pouvoir travailler au sein de la chapelle de l’IHEC, dans la continuité de mes recherches, me pousse à proposer une installation pensée en rapport avec l’architecture du lieu et sa position géographique (sur le littoral) », disait-elle.
Et de poursuivre : « dans un lieu saint et intemporel, je souhaite installer une vague de plastique à contre-courant de la mer. Une vague qui vient d’un autre imaginaire, démesuré et actuel ».
La jeune artiste explique qu’elle a eu recours dans ses récents travaux à des tubes gorge de différentes formes et couleurs, rapportés au domaine artistique par le biais de la technique du tissage grand format. Il s’agit, selon elle, d’une référence à l’industrie du plastique qu’elle qualifie « d’envahissante et de destructrice ». Malgré ces deux aspects négatifs, l’artiste considère que ces éléments possèdent un potentiel fort : celui de parler facilement à tous et à chacun. « Par sa présence en grande quantité, les visiteurs pourront ressentir des émotions communes comme la fascination ou l’angoisse inhérentes à la production sérielle. On se rappellera aussi de préoccupations humaines communes, actuelles et majeures, telle que la pollution industrielle », a-t-elle encore expliqué.
A propos de Férielle Zouari
En 2017, elle décide de s’installer à Tunis pour continuer ses recherches essentiellement inspirées par le monde de la consommation populaire et la circulation des marchandises bas-de-gamme dans les pays dits « en développement ». Son atelier se déplace selon les opportunités rencontrées, que ce soit auprès d’artisans ouvriers, comme à l’Atelier Driba, ou aux Ateliers Coteaux de la Galerie Selma Feriani. A travers ce parcours, la référence aux savoirs-faire manuels liés au travail textile est devenue essentielle dans sa création ainsi que la volonté de susciter échanges et interrogations autour de la production/consommation intensives typiques de notre temps.