Notre pseudo révolution aura été un diner gala couronné par une tombola sponsorisée par un peuple de pigeons ! Ce qui se vit à kerkennah en ces moments pénibles est d’une gravité extrême, et on ne comprend pas ce qu’on attend pour prendre le problème à la racine et oser le poser comme il se doit ? Il est important de rappeler les faits dans leur chronologie pour reconnaître que ce projet a été monté grâce à des contrats minorés, escamotés ; il y a eu au départ de très gros intérêts financiers qui ont été liés à de gros poissons du régime déchu. Il faut aussi rappeler que la gestion de la société concernée a été dès le début tâchée de beaucoup d’irrégularités portant notamment sur des emplois fictifs ou surfacturés ; la société PETROFAC a certes cherché depuis à régulariser au mieux sa gestion, mais elle n’a pas admis le principe que toute révolution a le droit de demander des comptes et d’exiger des dommages et intérêts. PETROFAC ne peut pas ignorer que tout ce qu’elle prétend avoir payé au titre de participation à l’environnement est déductible de ses impôts et donc comptabilisé comme charges d’exploitation ! Mais l’Etat Tunisien ne peut pas ignorer qu’il est actionnaire à 52 % dans le projet PETROFAC mal ficelé dès le départ ; l’Etat tunisien ne peut pas ignorer que la société PETROFAC est fermée depuis le 19 Janvier dernier et que ceci lui coûte à elle comme à la Tunisie beaucoup d’argent ; l’Etat Tunisien ne peut pas ignorer le poids de cette fermeture dans l’activité économique de l’île : commerce, travaux d’entretiens divers, 100 emplois rien que dans l’hôtellerie, car ne l’oublions pas, les violences qui ont émaillé les manifestations ont fait fuir les derniers touristes tunisiens qui visitaient l’île en temps de paix ! On parle de plainte que PETROFAC porterait contre le Ministère de l’Energie, alors que l’Etat qui a refusé d’embaucher les sit-ineurs, a également échoué de résoudre le problème par la force, et il a reculé en rase campagne ! Pourtant, le même Etat est bien en train de s’endetter pour payer des fonctionnaires dont bon nombre d’entre eux sont souvent absents, alors cherchez l’erreur ! Nous sommes à un moment où il faut quelqu’un pour trancher et pour décider de toute urgence ! L’enjeu est en soi d’importance, les mots manquent douloureusement pour décrire l’état des lieux : hôtels fermés avec des propriétaires qui brûlent leurs trésorerie ou ce qu’il en reste, certains produits font défaut car les fournisseurs exigent un minimum de commande pour supporter les coûts élevés d’acheminement, des routes désertes et anormalement sales, ajoutez à cela une mer peu généreuse à cause du manque de pluie et des massacres provoqués par les pêcheurs sans scrupules et aux méthodes sauvages et interdites, des terres asséchées, il ne reste aux insulaires que le soleil, cette richesse de ceux qui n’ont plus rien ! L’ascenseur social est donc en panne, et on ne peut plus demander aux citoyens de monter de plus en plus d’étages en rompant. Les kerkeniens cherchent désespérément la dignité pour laquelle ils ont tant bataillé, et cela ne date pas de la révolution, ils ont l’impression que le choix qu’ils ont déposé dans les urnes n’a pas été respecté ! En ces moments difficiles, les insulaires ne doivent plus s’exprimer pour ou contre des partis politiques, mais plutôt de façon autonome par rapport à eux-mêmes et par rapport à la réalité de leur quotidien !
Nous vivons une époque de ruptures, une époque de chocs violents, et il est connu mondialement que les problèmes des îles ne sont jamais traités comme ceux du continent ! Il faut que les politiques sachent qu’ils doivent venir vite avec une vraie alternative, et un contre discours qui empêchera les extrémistes d’occuper le terrain, car il est indéniable que des aigris aient cherché à discréditer la démarche du gouvernement avec une hargne systématique ? D’où l’urgence pour le gouvernement de s’interroger sur un système de formation rémunéré pour les jeunes insulaires, et spécifique aux besoins de l’île pour venir répondre à une stratégie de développement à moyen et à long terme !
Si l’appétit des protagonistes ne saura pas où s’arrêter, alors gare aux dérapages incontrôlables ! Espérons qu’au-delà des paroles des uns et des autres, il y aura des engagements concrets, car encore une fois, il y a urgence ! PETROFAC, LES MINES DE GAFSA, des groupes qui devraient nous assurer les seules ressources disponibles, mais qui ferment par la volonté d’une poignée de sit-ineurs, des feuilletons qui n’en finissent pas et qui pourraient nous rappeler le titre de la chanson de Feu Jacques BREL : au suivant, au suivant….