Aux origines de la crise de la démocratie représentative

Après des décennies de succès et d’hégémonie sur les systèmes politiques dans le monde, le système démocratique est entré dans une crise importante au cours des dernières années provoquant un recul important quant à la confiance des populations dans les partis politiques et dans la démocratie représentative.

Cette crise s’explique par trois raisons essentielles. La première est relative à l’essoufflement et à l’incapacité des régimes démocratiques de changer les conditions concrètes de vie des gens vers le meilleur et à assurer des réponses aux crises économiques et sociales. En effet, on a enregistré un accroissement des inégalités et de la marginalisation sociales dans les pays démocratiques. En même temps, les stratégies de développement et les politiques publiques n’ont pas été en mesure d’apporter les réponses nécessaires à ces crises et d’ouvrir des perspectives nouvelles aux contrats sociaux dans la plupart des sociétés modernes. La question sociale est devenue un important sujet de préoccupation avec la montée des contestations et des luttes pour exiger une amélioration des conditions sociales et la fin de la marginalisation.

L’échec des politiques publiques à faire face aux inégalités s’explique par la montée de la globalisation et la grande influence des institutions internationales dans la définition des choix économiques nationaux. Cette interconnexion croissante du monde a été à l’origine d’une perte d’efficacité des politiques publiques.

Ce recul des politiques publiques et leur incapacité à améliorer les conditions sociales et à ouvrir des perspectives nouvelles à l’expérience collective ont contribué à la perte de confiance dans le régime démocratique et à l’approfondissement de sa crise.

On peut également expliquer la crise de ces régimes par la grande rupture entre les élites politiques, les classes populaires et l’ensemble des électeurs. La démocratie représentative a largement contribué à cette rupture du fait de la faiblesse des mécanismes de contrôle et des règles claires et transparentes pour s’assurer du respect de leurs grands choix politiques. Ces dysfonctionnements ont joué un rôle important dans le recul de la confiance des électeurs dans les formes de représentation démocratique et dans l’élargissement de la fracture entre les électeurs et les élites dans tous les pays démocratiques.

Parallèlement à ces deux raisons importantes, il est important d’y ajouter la montée de la corruption et de la mainmise des lobbys financiers sur les systèmes politiques qui ont contribué au recul de la confiance dans les élites et dans les régimes démocratiques dans un grand nombre de pays dont notre démocratie naissante.

Le régime démocratique est entré dans une crise profonde depuis quelques années. Cette crise a été à l’origine des appels à des changements et à la nécessité de construire une nouvelle démocratie capable de donner un nouvel élan à la participation citoyenne et de prendre en considération les choix et la volonté du corps électoral et des citoyens d’une manière plus générale.

Dans cette quête d’une nouvelle expérience démocratique est apparu le projet de la démocratie directe défendu par plusieurs forces et acteurs politiques pour remplacer une démocratie représentative en crise. Toute la question est de savoir si cette utopie de la démocratie directe est capable de constituer une alternative réaliste et crédible à la démocratie représentative.

A suivre …

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