Avec mon coéquipier, El Ayech Khaldi, ingénieur hydraulicien et directeur du bureau d’études UNI Conseils, je menais l’investigation titrée « Schéma directeur d’un programme de drainage des eaux pluviales et d’assainissement des eaux usées du district de Bamako ». Nous avions transité par Alger.
Sur la plage de la baie, superbe et célèbre, nous avions, de près, les baigneurs qui barbotaient dans l’eau trouble. L’hydraulicien au long cours scrute le site, lève les bras et s’écrie, ébahi : « Mais ils pataugent dans un bouillon de culture bactérienne où ils peuvent attraper le choléra !
Regarde, le collecteur du réseau d’égouts verse les eaux évacuatrices des matières fécales et urinaires au bord de la mer. Il aurait fallu prolonger la canalisation bien plus loin pour assurer la dispersion.
Ces baigneurs affrontent l’exposition à la contamination. Ce n’est pas drôle pour un pays riche de son pétrole ».
Aujourd’hui, et à juste titre, les pouvoirs publics imputent les cas de choléra aux milliers de paysans utilisateurs d’eaux usées non traitées. D’ailleurs même traitées, mais sans procédé chimique, ces eaux charrient des métaux lourds et d’innombrables agents bactériens d’une extrême dangerosité, en Algérie, en Tunisie ou ailleurs. La recherche appliquée à Borj Touil, à laquelle j’ai participé, suffit à le montrer.
En Algérie, mon second pays puisque mon grand-père maternel est Algérien, aucun responsable n’a évoqué l’éventuelle implication des eaux d’égouts là où les gens nageaient.
Partout, les campés sur les hauteurs de l’Autorité cèdent volontiers à la tendance d’incriminer les franges élargies de la population et peinent à regarder leur face dans la glace. Ijmal maychoufich hidbtou.
L’exigence de la critique adressée à tous les niveaux de la stratification sociale est au principe du contre-pouvoir. Ce genre de problématiques a partie liée avec l’ensemble des pratiques, fussent-elles économiques, politiques ou culturelles. Un exemple tunisien, entre bien d’autres, fournira l’exemplaire illustration de cette problématisation. A l’heure où, crise oblige, les prix ne cessent de grimper quand le dinar pique du nez, le FMI prescrit l’augmentation de la production et une limitation des importations.
Les censés savoir parmi lesquels figurent les chiens de garde acquis au pouvoir politique jettent la pierre aux consommateurs de marchandises françaises, ottomanes, chinoises ou italiennes. Le peuple devrait consommer tunisien ou alors ne s’en prendre qu’à lui-même, face au déséquilibre abyssal de la balance commerciale. Trump, le messie, rageait de voir tant de Mercedes caracoler chez lui. Mais la stimulation de la concurrence améliore la qualité à l’ère de la mondialisation où « toutes les sociétés sont interdépendantes », écrivait Balandier, le plagiaire du manumental Das Kapital sans le citer. La production et la circulation des marchandises à une échelle de plus en plus élargie tendent vers une planétarisation du marché. Les obstacles opposés à ce process universel par la crispation américaine incite la Russie et la Chine à substituer leurs monnaies nationales au dollar dans leurs transactions commerciales.
Malgré ces replis sur soi du moment, l’élan virtuel du capital oriente vers l’universel. Ces mécanismes économiques lèvent le voile d’abord sur l’anachronisme de Trump et de son « Etat-nation juif ». Sa politique économique égocentrique est au principe de la pratique génocidaire adoptée envers le peuple palestinien. Adoptez mon projet unilatéral ou crevez de faim. L’humiliation des sanctions précède la négociation assortie de conditions. Par ses manières vulgaires, Trump, ce misogyne hargneux et sans cesse furieux, démultiplie les fronts de possibles guerres.
Les risques de confrontation clignent vers son calcul d’apothicaire. Il se trompe d’époque et de sens donné aux frontières.
Ses prises de position assassinent la tendance à la fraternisation. La Tunisie d’abord inspira la tentative de substituer la production à l’importation dans les années 65-70.
Hélas, des lames Gillette aptes à écorcher les pommettes et des pneumatiques à durée limitée léguèrent, malgré tout, un enseignement à méditer. Avec le temps, les pneumatiques de maintenant rivalisent avec ceux importés de pays mieux outillés. De même, la fève de cacao, venue d’ailleurs, permet aux entrepreneurs de livrer aux supermarchés la poudre mise en paquet. Depuis l’initiative judicieuse, aucun acheteur n’acquiert le même produit, hollandais, nommé « Von Huiten », vendu trois fois plus cher. Ce modèle d’action économique et commerciale contrecarre l’échange inégal sans recourir au masque hideux porté par Trump, le plus présomptueux des monstres dangereux. Porte-parole de son complexe militaro-industriel, friand de guerres, ce belliciste élu ne sait plus de qui avoir peur. La Corée, l’Iran, la Russie, la Chine refusent de plier l’échine et lui offrent, tour à tour, l’indispensable ennemi de toujours. De nos jours, Haftar, associé à Salmane et à Trump, déclare être en mesure, sans délai, en Algérie, de livrer le gros morceau visé par les Etas-Unis.
Comme si El Qaïda et le choléra ne suffisaient pas !