Des incidents ont été déplorés dans plusieurs villes des Pays-Bas ainsi qu’à Copenhague, au Danemark, lors de manifestations anti-restrictions contre le Covid-19.
Comme l’Europe entière le fait ou s’apprête à le faire face au variant anglais, les Pays-Bas serrent la vis. Le pays a entamé samedi son premier couvre-feu depuis la Seconde Guerre mondiale. Il est interdit de sortir de chez soi entre 21 heures et 4h30, et ce au moins jusqu’au 9 février. Tout contrevenant encourt une amende de 95 euros.
Selon le Premier ministre Mark Rutte, le couvre-feu doit éviter un confinement, alors que depuis le début de la crise sanitaire, les Néerlandais n’avaient encore jamais dû justifier leurs déplacements. En plus d’avoir soulevé l’opposition de certains députés, dont le chef de file de l’extrême droite Geert Wilders, le couvre-feu suscite la colère d’une partie de la population.
Des heurts avec la police et des pillages ont éclaté dimanche dans plusieurs villes des Pays-Bas en marge de manifestations contre ce couvre-feu. Des incidents ont été signalés notamment à Amsterdam, Eindhoven, La Haye, Breda, Arnhem, Tilbourg, Enschede, Appeldoorn, Venlo et Ruremond.
À Amsterdam, au moins 100 personnes ont été arrêtées en marge du rassemblement, a affirmé dimanche dans un communiqué la mairie d’Amsterdam, qui estime le nombre de manifestants présents dimanche dans la capitale à environ 1500. Pas moins de trente interpellations ont également au lieu à Eindhoven, qui a reporté des incendies ainsi que des pillages.
Un centre de dépistage du Covid-19 a également été incendié samedi soir dans le village d’Urk, dans le nord du pays, alors que le couvre-feu national imposé par le gouvernement entrait en vigueur, ont indiqué les autorités locales. « L’incendie dans un centre de dépistage d’Urk dépasse toutes les limites », a déclaré dimanche le ministre de la Santé Hugo de Jonge.
*Tensions à Copenhague
À Copenhague, dans la capitale danoise, la police a procédé dimanche à l’arrestation de trois personnes suspectées d’avoir incendié un mannequin à l’effigie de la Première ministre lors d’une manifestation anti-restrictions la veille au soir. Les trois hommes, âgés de 30 à 34 ans ont fait l’objet d’une mise en examen préliminaire pour plusieurs motifs, dont « attaque contre le gouvernement » et « menaces », a indiqué la police dans un communiqué.
Affublée d’une perruque et d’une photo de la Première ministre Mette Frederiksen sur le visage, la poupée grandeur nature était complétée par un papier disant « elle doit être mise à mort ». Hissée sur un lampadaire, elle avait ensuite été brûlée, selon les vidéos de l’incident diffusées par les médias danois.
L’incident, très inhabituel dans une manifestation au Danemark, a également suscité la condamnation unanime de la classe politique danoise.
Avant, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées samedi en début de soirée avant de défiler avec des flambeaux dans la capitale danoise aux cris de « Liberté pour le Danemark, nous en avons eu assez ! » contre les mesures anti-coronavirus prises par l’exécutif. Commerces non essentiels, bars, restaurants et écoles sont notamment fermés en ce moment au Danemark et le gouvernement a prolongé les restrictions jusqu’au 7 février au moins.
*Crainte de radicalisation
Aux Pays-Bas comme au Danemark, les autorités politiques craignent la radicalisation d’une partie de la population. Le maire d’Eindhoven, John Jorritsma, a déjà évoqué ce week-end des risques de « guerre civile » et suggéré l’intervention de l’armée dans sa ville.
Au Danemark, le groupe « Men in Black », actif sur Facebook, suscite également des craintes. Celui-ci organise des manifestations depuis plus d’un mois contre la « coercition » et la « dictature » du semi-confinement anti-Covid en place au Danemark.
Samedi, malgré une tonalité radicale de manifestants vêtus de noir, l’essentiel du défilé – qui était autorisé – s’est malgré tout déroulé dans le calme, avec un important encadrement de police. Les tensions ne sont apparues que lors de la dispersion de la manifestation, avec notamment des jets de bouteilles sur les forces de l’ordre. Cinq personnes avaient déjà été arrêtées pour ces débordements samedi en fin de soirée. Libérées, elles restent poursuivies, selon la police.
(L’Express)