Avec Béji Caïd Essebsi , L’énergie de l’espoir et la force de l’union

Personne ne peut taxer Béji Caïd Essebsi d’être un amateur en politique. Ancien ministre des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur et plus récemment Premier ministre d’une transition à haut risques, ses adversaires comme ses partisans lui reconnaissent des qualités indéniables d’homme d’Etat. Possédant toutes les qualités d’une force tranquille : éloquence, grande culture, ruse, sens de la répartie, tempérament bien trempé…  Les uns et les autres ont été un jour victimes ou complices de son humour corrosif mais jamais agressif.

Homme au passé prestigieux, il est présenté par ses adversaires comme un homme au passif, réplique de l’ancien régime. Pourtant, on le voit dès le début des années 70 se faire rejeter de l’ancien Parti socialiste destourien (PSD) pour avoir activement milité pour réformer le système politique et pousser un Bourguiba encore au fait de sa puissance et de sa légitimité historique à opter pour la démocratisation du régime. Ce dernier  finira d’ailleurs par lâcher du lest en optant pour un multipartisme contrôlé en 1981.

 

Nommé le 27 février 2011 Premier ministre du gouvernement provisoire, il va assurer une transition dans une période des plus délicates dans l’histoire du pays.

Convaincu qu’Ennahdha est incapable de sortir le pays de l’impasse où il se débat et que la construction de la démocratie nécessite de créer un grand parti centriste à même de faire face à l’hégémonique parti  islamiste, il lance le 16 juin passé son mouvement «Nidâ Tounes» qui suscite l’espoir de tous ceux qui s’inquiètent de voir le pays dériver lentement mais sûrement vers l’obscurantisme.

Histoire et actualité, islam et politique, tunisianité et arabité, modernité et crispations identitaires, etc. ont ponctué les termes de cet entretien.

 

Vous n’avez pas été invité au congrès d’Ennahdha. Quelle lecture politique en faites-vous ?

Je trouve que c’est tout à fait normal. J’ai bien compris le pourquoi et le comment des choses pour Ennahdha et les nahdhaouis ont bien compris que j’avais compris… C’est pour cela qu’il n’y a aucun intérêt pour eux à m’inviter et ça évite ainsi la confusion. Il est donc tout à fait normal qu’ils ne m’invitent pas.

 

Oui, mais l’argument invoqué par les dirigeants d’Ennahdha pour ne pas vous convier à prendre part à leur congrès, est que vous faites part des « foulouls» ou répliques du parti défunt, le RCD…

C’est-à-dire qu’officiellement, ils me reprochent de ne pas être pour l’exclusion des anciens destouriens.

Personnellement, je ne suis pour l’exclusion de personne, parce que j’estime que le citoyen tunisien —puisque maintenant nous parlons de citoyenneté n’est-ce pas— a le droit de participer à la vie publique et politique de son pays. Et lorsque vous enlevez au citoyen ce droit de participation, c’est comme si vous lui ôtiez sa nationalité. Moi, je dis que ce n’est pas acceptable que l’on puisse exclure cette catégorie de Tunisiens pour la fausse raison qu’ils existaient avant l’arrivée des nadhaouis au pouvoir et que, pour une raison ou pour une autre, ils ont collaboré avec le régime de Ben Ali. Il y a deux millions de Tunisiens qui ont collaboré avec l’ancien régime, mais cela ne fait pas pour autant d’eux de «mauvaises fréquentations». Il n’y a eu que trois cas dans l’histoire où l’on a eu recours à l’exclusion, le premier c’était en Afrique du Sud avec l’apartheid, le deuxième c’est en Israël avec les Palestiniens, le troisième c’était pendant l’Allemagne nazie avec les juifs. Ces trois pays ont tiré les leçons et si on regarde l’Allemagne contemporaine on voit qu’elle n’a pas exclu les ressortissants de l’ex-Allemagne de l’Est, la preuve, c’est que Mme Merkel et l’actuel président allemand sont tous deux originaires d’Allemagne de l’Est. Si vous regardez maintenant l’Afrique du Sud, Mandela, une fois arrivé au pouvoir, n’a pas exclu les Blancs, alors que sous l’apartheid les Blancs avaient exclu les Noirs… eh bien maintenant, les mêmes Blancs participent au pouvoir.

Je me rappelle que lors de la Coupe du monde de rugby, où l’Afrique du Sud était la championne, le capitaine de l’équipe, qui était constituée de Blancs, était sidéré de voir arriver Nelson Mandela portant le maillot de l’équipe ! Il a alors dit «Il faut que l’on gagne cette finale !» et ils l’ont gagnée… Alors moi j’estime que j’aime mon pays et je ne voudrais pas que mon pays soit le quatrième à appliquer cette exclusion. Quel que soit l’avis des gens d’Ennadha, j’estime que c’est une mauvaise querelle.

 

Il faut croire que vous faites peur à la Troïka… C’est probablement pour cela que vous faites l’objet d’une tentative de délégitimation en tant qu’adversaire politique, prenant la forme d’une campagne méthodique qui vous vise personnellement. Cette offensive vous attaque sur tous les fronts : sur le front politique tout d’abord, en disant que vous représentez l’ancien régime et donc la «contre-révolution», sans compter que l’on vous reproche aussi d’avoir miné le terrain avant de partir, ce qui ferait de vous le responsable de tous les maux actuels ; sur le plan idéologique ensuite, on vous accuse d’être un bourguibiste et donc un suppôt de l’Occident et un ennemi du Monde arabe et islamique ; sur le plan historique, on vous accuse d’avoir réprimé les youssefistes. Ces attaques ne vous épargnent absolument rien et vont jusqu’à vous reprocher votre âge…

Avez-vous une stratégie pour répliquer, pour contrer ces attaques dans leurs différents registres respectifs ?

Il est exact que les attaques dont je fais l’objet sont méthodiques et s’apparentent à un projet. Au fond, c’est l’indigence de ceux qui m’attaquent, aussi bien sur le plan politique que sur le plan de la compétence, qui fait que, faute de pouvoir répondre aux exigences du peuple tunisien et de la phase actuelle, ils se rabattent sur ces critiques que tout le monde sait être infondées et injustifiées.

 Personnellement, cela ne m’inquiète pas outre mesure, cela me conforte plutôt, car tout ce qu’on me reproche est faux et je suis disposé à rendre des comptes à qui de droit sur n’importe quelle question. Ils n’ont qu’à m’attaquer en justice si ça leur chante ! Je dis simplement qu’on n’exclut personne sauf si un juge en décide autrement.

Sur le fait d’avoir participé à l’ancien régime, bien entendu ! Mais moi, j’y étais avant l’Indépendance, le jour de l’Indépendance et après, pour contribuer à construire mon pays ! Ce qu’ils n’ont pas fait, eux… Je suis entré dans les arcanes du pouvoir le 24 avril 1956, c’est-à-dire lorsque le président Habib Bourguiba a constitué son premier gouvernement après l’Indépendance, j’étais son conseiller et auparavant, j’étais militant au Néo-Destour. On peut pratiquement dire que je suis «né» dans le Néo-Destour, j’y ai tout appris et j’ai tout appris de mon mentor, Habib Bourguiba. Je lui suis redevable de tout ce que je sais. Je suis un «bourguibien», pas un bourguibiste et je l’assume. J’estime qu’il y en a peu qui peuvent s’en prévaloir comme moi-même, parce que je l’ai fait par militantisme, par patriotisme et sans contrepartie. Et lorsque des divergences sont survenues au cours de ma carrière, j’ai quitté le gouvernement de mon propre gré, par deux fois au moins.

 

Auparavant, on vous avait exclu du parti.

Pourquoi ai-je été exclu ? Il faut rappeler qu’auparavant, mon adhésion au parti socialiste destourien (PSD) a été gelée en 1971 à cause de mes positions favorables à la réforme du système politique. J’ai été rejeté du PSD en 1974… Les gens oublient… Eux (Ennahdha, ndlr ), ou ils oublient ou ils ne le savent pas…

 

Ou parce qu’ils ne veulent pas le savoir ?

Non, non, c’est parce qu’ils ne le savent pas ! Ils n’existaient pas, ni pendant la colonisation, ni au moment de l’indépendance !

L’Indépendance, le 20 mars 1956, c’était quoi ? L’Indépendance, c’est une déclaration. Toute l’Indépendance a été mise en exécution après cette date et à chaque pas, il y a eu un conflit avec la France et à chaque fois, il y a eu la guerre, des morts et des blessés. Personnellement, j’ai participé à tout cela… à la construction d’un Etat moderne… ce n’était pas un Etat octroyé, il a été construit pierre par pierre, mètre par mètre… j’allais dire centimètre par centimètre. Et je suis de ceux qui ont vécu cette période-là. Il y avait eu la génération des pères fondateurs, Habib Bourguiba, Mongi Slim, Salah Ben Youssef, Hédi Nouira, etc. Et nous, nous étions la deuxième génération et c’est nous qui, selon les indications et les instructions de nos aînés, avons construit la Tunisie contemporaine.

Vous savez, le 8 février 1958, il y a eu «Sakiet Sidi Youssef» ; c’était le jour de mon mariage, c’était un samedi, mon mariage avait eu lieu l’après-midi. Mon témoin, Taïeb Mhiri, n’a pas pu venir et dès le lundi matin, j’étais au bureau pour reprendre le travail. Je n’ai pas eu de voyage de noces, car nous étions trop peu nombreux pour nous permettre de nous absenter. Pour vous donner une idée, au ministère de l’Intérieur, il y avait cinq, six personnes qui assumaient toutes les responsabilités. Nous avions le sens de l’Etat et avions participé à sa construction, et nous étions naturellement toujours attachés à sa pérennité. Ces gens-là (Ennahdha, ndlr) n’y étaient pas ; je ne leur reproche pas leur ignorance, je leur reproche leur mauvaise foi, c’est tout.

Pour le reste, je n’ai aucun complexe et ils le savent. Ils le savent, car quand je les regarde dans les yeux, ils baissent les leurs. Ce n’est pas à mon âge, comme l’a dit le Général de Gaulle, qu’on change, n’est-ce pas ? Je suis ce que je suis et si ça ne les arrange pas, qu’ils prennent leur mal en patience.

 

Permettez-moi de ne pas être d’accord avec vous lorsque vous dites qu’ils sont de mauvaise foi. Je crois que c’est un combat politique, où il est souvent de bonne guerre de faire feu de tout bois. En ce sens, on assiste à une tentative de réécriture révisionniste de l’histoire. Ennahdha voudrait réécrire, reconstruire l’histoire à son profit, en cherchant à s’octroyer un rôle dans le mouvement national, à travers la revendication de la figure de Salah Ben Youssef qu’elle replace au centre de ce combat, en se réappropriant le Code du statut personnel en l’attribuant aux Zeïtouniens, et en faisant comme si elle avait un quelconque rapport avec cet islam tunisien éclairé. C’est une offensive tous azimuts. Elle est systématique, idéologique, certes mensongère historiquement, mais  intelligente du point de vue de la tactique politique.

Mais elle est faussée dès le départ !

Tout d’abord, ils sont mal placés (les nahdhaouis, ndlr) pour se prévaloir du yousséfisme. Salah Ben Youssef était un grand patriote, un grand Destourien ! J’ai toujours connu Salah Ben Youssef aux commandes du parti destourien ; Bourguiba, je ne l’ai connu que beaucoup plus tard, lorsque j’étais étudiant à Paris. Mais c’était Salah Ben Youssef qui dirigeait le parti. Il était et demeure un grand destourien ! Ils ne peuvent pas s’en prévaloir. C’est vrai, il y a eu un différend avec Bourguiba, mais au départ, le différend était justifié, car Ben Youssef n’était pas pour l’autonomie interne bien qu’il ait participé aux négociations depuis Genève. Mais à ce moment-là, nombre de nos camarades n’acceptaient pas l’accord sur l’autonomie interne ; Salah Ben Youssef n’était pas le seul ! Mais, à partir du moment où il y a eu signature du Protocole d’Indépendance, il n’avait plus de raisons d’être contre mais Ben Youssef a persisté dans sa position, alors que l’ensemble des youssefistes estimaient que leur principale revendication, à savoir l’obtention de l’Indépendance, avait été satisfaite. Ce qui reste ensuite, c’est un différend personnel entre deux hommes, Bourguiba et Ben Youssef, lequel n’a jamais été ni nationaliste arabe ni je ne sais quoi d’autre encore !

Il avait vécu en Egypte, c’est vrai, mais Bourguiba aussi, et ce n’était pas suffisant pour lui enlever sa qualité de Destourien ! Bien évidemment, Nasser a voulu instrumentaliser Ben Youssef, comme il a essayé d’instrumentaliser Ben Bella. Nasser avait une politique bien déterminée, celle qu’on lui connaît, avec les résultats qu’on connaît ; nous n’avions pas la même approche et on ne peut pas nous le reprocher, car ce qui nous intéressait, c’était de réaliser l’indépendance de la Tunisie et cela, nous l’avons fait.

A ce propos, quelle est la différence entre Salah Ben Youssef et Habib Bourguiba ? C’est simple : certaines dispositions des accords d’autonomie interne —que nous avons signés en 1955— étaient prévues sur le long terme. Bourguiba ne s’en inquiétait pas et disait : «Vous verrez, ça ne durera pas un an» ! Ben Youssef, quant à lui, disait : «Non, nous aurions dû nous associer avec les Algériens pour faire la guerre à la France» ! Vous voyez, c’était un pari et Bourguiba l’a bien gagné, puisque ça n’a pas duré un an. Ainsi, nous avons signé les accords sur l’autonomie interne au mois de juin 1955 et nous avons obtenu  l’Indépendance le 20 mars 1956 !

 

Moins d’un an donc. C’est, de toute évidence, une guerre d’ego doublée d’enjeux de lutte pour le pouvoir qui opposait Ben Youssef à Bourguiba…

La politique, c’est une obligation de résultat ; les résultats étaient là, l’Indépendance était là. C’est ce qui compte au regard de l’histoire.

 

Maintenant que nous avons évoqué ces enjeux ou ces luttes d’interprétation de l’histoire, je souhaite aborder avec vous la question de l’identité. Le discours qui domine à ce sujet nous dit que «nous sommes Arabes et Musulmans».

Peu d’acteurs politiques parlent de la tunisianité et la défendent, alors que le modèle tunisien s’est construit justement sur la spécificité de ce pays, en s’appuyant sur l’ancienneté et la diversité de son histoire depuis l’Antiquité. Aujourd’hui, on veut tout d’un coup nous imposer une identité arabo-musulmane exclusive qui débute au VIIème siècle, avec l’arrivée des Arabes dans l’histoire et dans notre pays.

Vous savez, j’ai écrit un livre dans lequel je parle très longuement de cette tunisianité que vous venez d’évoquer. La Tunisie est un pays différent des autres. Qu’est-ce que la tunisianité ? C’est un ensemble de paramètres de la personnalité tunisienne. La Tunisie est certes un pays arabe et musulman, mais c’est aussi un pays méditerranéen et africain. De même qu’il fut byzantin ou encore turc… toutes les invasions et les brassages que nous avons connus ont fait la tunisianité. Et la spécificité de cette tunisianité, c’est que nous ne rejetons aucun paramètre de notre personnalité. Nous ne sommes donc pas hostiles aux Arabes ; bien au contraire, l’arabité est un paramètre important de notre personnalité. Mais rejeter tous les autres paramètres pour ne retenir que l’arabité, comme l’avait fait Ben Bella au moment de son retour d’Egypte après sa libération, en répétant à tue-tête à l’Aéroport d’El Aouina : «Nous sommes Arabes ! Nous sommes Arabes ! Nous sommes Arabes !». Il est inutile de le répéter. Nous étions avant cela et nous ne sommes pas que cela et c’est ce qui fait la richesse de la Tunisie. Le Tunisien veut vivre son époque, armé de son identité multiple.

Je regarde la spécificité des Tunisiens comme le roseau de la Fable, ce roseau qui est implanté dans un cours d’eau, qui subit les assauts du vent, qui plie, mais ne rompt jamais. C’est ça la Tunisie ! Riche de son passé, elle est tournée vers l’avenir.

La Tunisie est certes un petit pays aux ressources modestes. Située à la pointe extrême Nord de l’Afrique, la pointe la plus proche de l’Europe, n’oublions pas que 80% de nos échanges se font avec ce continent. Si elle devait fermer ses frontières à ses voisins européens, la Tunisie mourrait. Nous pouvons réussir ce pari, si nous avons une politique étrangère ambitieuse, qui prend en compte l’histoire et la géographie.

 

J’ai lu et apprécié votre livre. Je sais qu’il a battu les records de vente et qu’il a redonné, à de nombreux Tunisiens, goût à la lecture, ce qui est un exploit en soi. Comment comptez-vous faire pour redonner, à ces mêmes Tunisiens, goût à la politique ?

Vous savez, il faut être sincère, il faut dire la vérité. Mais pour dire la vérité, il ne faut pas avoir recours à l’insulte ou à la provocation, il y a une manière de la dire. Le livre que j’ai écrit est exactement le fond de ma pensée, c’est un témoignage de ce que j’ai vu. Ce qui ne signifie pas qu’aucune erreur n’ait été commise. Mais nous, quand nous faisons des erreurs, nous ne disons pas «ce sont les autres», nous les assumons. Parce qu’au début de l’Indépendance, au moindre problème, on entendait «C’est la colonisation !». Nous avons fini par dire « Ça suffit ! La colonisation, ça fait quinze ans, vingt ans qu’elle est terminée !».

Au fond, c’est exactement l’attitude des gens d’Ennahdha aujourd’hui. Ils ne réussissent nulle part et disent que c’est la faute de l’ancien gouvernement. Cette année, ce n’est tout de même pas l’ancien gouvernement qui est responsable des inondations, de la neige, ou qui a organisé les fuites au baccalauréat. L’ancien gouvernement n’est pas, non plus, responsable des coupures d’électricité ou d’eau.

Quand j’ai accepté le pouvoir, je l’ai fait avec une seule prérogative, à savoir que nous avions peut-être, là, l’occasion de réussir le processus démocratique que nous avions échoué à mener à bien en 1970. Je suis très conscient des raisons qui nous ont fait échouer à ce moment-là, et je suis aussi très conscient des occasions de réussite que nous offre l’actualité.

Après nos nominations, vers le 6 mars, nous avons établi une feuille de route avec le président provisoire (tous deux, nous n’avions pas honte de dire que nous étions «provisoires»), avec des objectifs bien précis. Dès le départ, nous avons fixé la date des élections de l’Assemblée constituante au 24 juillet 2011. Si nous n’avons pas pu tenir cette date, c’est que la Haute commission pour la réalisation des objectifs de la révolution avait estimé qu’il fallait organiser les élections par l’intermédiaire d’une commission indépendante, et c’est cette commission qui a décrété qu’elle ne pouvait pas respecter les délais. Mais en quatre ou cinq mois seulement, nous ne pouvions pas réformer la justice, réformer l’enseignement… Je l’ai dit, je l’ai asséné. Mais je me suis occupé de la sécurité, de la guerre chez nos voisins Libyens. Les gens ont oublié que pendant cette période-là, nous avons eu 1. 300.000 personnes venues de Libye, dont beaucoup sont restées.

 

Vous avez également favorisé l’engagement de l’Armée aux côtés des rebelles libyens.

Ce n’est pas moi qui dis que nous avons aidé la révolution libyenne, ce sont les responsables de la révolution libyenne eux-mêmes, qui disent que sans l’appui de la Tunisie, ils n’auraient peut-être pas réussi leur pari. Ils continuent d’ailleurs à le dire.

Pourquoi avons-nous réussi tout cela ? Ce n’est pas parce que nous sommes des génies politiques, mais parce que nous avions la confiance de la population. Le lendemain de mon arrivée au pouvoir, Tunis n’était plus occupée par les manifestants ; ils étaient tous rentrés chez eux, sans police ni violence. Pourquoi ? Parce qu’ils m’avaient fait confiance. Et parce que, de mon côté, j’avais interprété cette confiance comme «Ne nous décevez pas». Maintenant, on cache le soleil avec un tamis comme on dit… Moi, je suis descendu dans la rue, j’ai discuté avec la population et j’ai compris que les Tunisiens avaient faim, qu’ils n’avaient pas de travail. Je ne suis pas comme les actuels responsables.

Avec des ministres compétents, nous avions alors établi un programme baptisé «Amal» qui consistait en une aide de deux cents dinars par personne. La première des choses qu’ont fait nos successeurs a été de la supprimer, mais sans donner du travail en contrepartie.

 

Le leader d’Ennahdha, M. Rached Ghannouchi dit que cette initiative, «Amal», n’est pas convenable, et qu’elle a appris aux Tunisiens la paresse. Qu’en fin de compte, c’est une vraie-fausse solution…

Mais quelles solutions proposent-ils, eux ? S’ils voient une meilleure solution, qu’attendent-ils pour le faire ? Je n’ai jamais prétendu que c’était La solution miracle, j’ai dit que c’était une mesure d’attente pour permettre au moins aux gens d’acheter du lait, du pain ou un paquet de cigarettes… Le minimum, ce n’est pas énorme… Mais entre cela et ne rien faire… Alors, c’est que la personne que vous avez citée n’a rien compris. Mais, encore une fois, je ne lui reproche pas son ignorance.

Lorsque j’ai évoqué la nécessité qui s’impose à vous de redonner aux Tunisiens le goût de la politique, c’était dans l’idée de vous entendre sur l’actualité du rassemblement autour de votre initiative. Car, aujourd’hui, on a l’impression que cette initiative ne démarre pas au rythme souhaité et qu’elle est peut-être en train de s’essouffler.

Notre initiative évolue au rythme qu’on lui a fixé. On peut nous reprocher beaucoup de choses, mais pas d’être des amateurs en politique. Nous avons fixé un calendrier obéissant à un rythme bien déterminé, car nous sommes conscients du pourquoi et du comment des choses. En deux jours, « Nida Tounis» a eu 110 .000 demandes d’adhésion que nous n’avons pas encore validées, car nous voulons faire les choses jour après jour, adhérent par adhérent. Et croyez-moi, ils s’apercevront un jour que le nombre d’adhérents à Nida Tounis est deux fois supérieur à celui d’Ennahdha.

 

Mais pour l’instant, les partis politiques, du moins au niveau des appareils, ne semblent pas réagir de manière adéquate pour éviter de reproduire les erreurs des premières élections qui les ont conduits à leur perte…

Personnellement, je n’avais jamais eu l’intention de revenir sur la scène politique. J’ai donné les clés de la maison à ceux que les électeurs ont placés en bonne position, bien que les élections du 23 octobre ne soient pas exemptes de faiblesses. Mais nous avons joué le jeu et nous avons assumé notre rôle. En réalité, il y avait quelques «défauts» dans ces élections. Quand nous étudions les résultats de ces élections, que trouvons-nous ? Nous constatons  qu’Ennahdha, le parti le plus ancien, le mieux organisé et celui qui avait fait le plus de «terrain», a obtenu 79 sièges dans cette Assemblée constituante, grâce au million et demi de voix qu’ils avaient obtenu. Les autres partis coalisés, eux, avec le même nombre de voix, n’ont obtenu aucun siège…Pas besoin d’être ingénieur pour en tirer les leçons. Le problème, c’est l’émiettement des partis. Dans une déclaration que j’ai faite le 26 janvier dernier, je n’ai pas dit que je souhaitais me représenter, j’ai dit deux choses : tout d’abord, j’ai dit au gouvernement actuel : «attention, vous avez des engagements pour continuer le processus et la transition démocratique mais vous marquez le pas, vous ne faites pas grand-chose. Il faut que vous approuviez une loi électorale et que vous fixiez la date des élections». Ensuite, j’ai dit aux représentants des autres partis : « attention, il faut vous regrouper pour essayer de créer un équilibre dans le paysage politique, car la démocratie ne se résume pas à des élections, les élections sont un pas vers la démocratie. La véritable démocratie, c’est l’alternance au pouvoir, c’est donc créer les conditions de l’alternance au pouvoir. Or, les résultats des élections du 23 octobre 2011 ont montré que les conditions de l’alternance n’étaient pas réunies.

C’est vrai que ces partis-là ont fait des efforts méritoires pour se regrouper, mais ils ont connu des déboires. Cela a été insuffisant pour créer les conditions de l’alternance. C’est pour ces raisons que nous avons créé ce mouvement (L’appel de la Tunisie, ndlr), pour permettre à ceux qui ne figurent pas dans ces partis de participer, pour permettre à ceux que l’on veut exclure d’y être aussi. Moi, j’ai pris cette responsabilité et je sais que je suis critiqué, mais ce qui m’intéresse c’est de servir mon pays comme je l’entends.

Mais dans mon projet, il n’y a pas que cela. Le volet le plus important, c’est que nous allons prendre des initiatives pour réunir tous les autres partis et essayer de fixer une plate-forme commune pendant cette période exceptionnelle de transition qui nous sépare des prochaines élections supposées se dérouler le 20 mars, même si je ne crois pas beaucoup qu’elles se tiendront à cette date.

 

Pourquoi n’y croyez-vous pas ? Parce que d’après vous, il est impensable d’organiser des élections un jour aussi symbolique, le jour de la fête de l’Indépendance ?

Tout d’abord, il faut tenir compte de la mauvaise volonté qui existe de l’autre côté, il faut sans cesse les pousser, ce que nous sommes en train de faire. Pour le moment ; ils n’ont fait que des propositions fantaisistes, avant l’été, après le printemps… Ce qui prouve leur manque de motivation. Mais ensuite, il existe des normes internationales qui évaluent à environ huit mois les délais pour organiser des élections correctes, ce qui, pour des raisons arithmétiques, rend d’ores et déjà la date du 20 mars prochain impossible à tenir.

 

D’après vous, pourquoi l’ISIE n’a-t-elle pas été reconduite alors que l’INRIC s’est sabordée ? Toute cette expérience accumulée, tout cet argent dépensé, n’est-ce pas du gâchis ?

J’espère au moins qu’ils ne diront pas que c’est de la faute du précédent gouvernement !

 

Est-ce que le gouvernement actuel peut se prévaloir de la légitimité des élections du 23 octobre au-delà de cette date ?

Je ne crois pas.

On m’a accusé de tout parce que j’ai dit que seule l’Assemblée constituante avait la légitimité électorale. Ni le président provisoire, ni le gouvernement n’ont de légitimité électorale. La seule entité à détenir la légitimité électorale, c’est l’Assemblée constituante, et ce, jusqu’au 23 octobre prochain. En effet, dans le texte de convocation envoyé aux électeurs, le délai précisé concernant le mandat des élus était d’une année à partir des élections. Il est bon de rappeler que le Président et le gouvernement ont été désignés par l’Assemblée constituante. Le 23 octobre est donc la date limite de la validité de ces représentants. Moi, je propose une légitimité consensuelle, celle dont j’ai déjà bénéficié par le passé, la légitimité fonctionnelle et la légitimité du consensus. J’ai dit aux gouvernants actuels : «dès maintenant, préparez le terrain à un consensus large». Mais ils prennent mal tout ce que je dis et ils l’ont curieusement considéré comme pouvant atteindre à la sécurité du pays. Encore faut-il qu’ils sachent ce qu’est la sécurité nationale. Moi, je réponds que ce qui menace  la sécurité de la Tunisie provient de celui qui est chargé d’un pouvoir et qui ne l’honore pas.

 

Revenons à l’initiative «Nida Tounes». Plusieurs partis politiques, à l’instar du Parti républicain, disent tenir à leur autonomie, et, dans l’ensemble, l’appareil partisan ne réagit pas de manière appropriée au regard de la gravité de la situation. Qu’est-il possible de faire aujourd’hui ? Une confédération des différents partis ? Une alliance électorale de circonstance? Un parti confédéral ?

J’ai discuté avec tous, j’ai perdu un temps fou…

Dans mon projet initial, je n’étais pas disposé à créer un parti ni à y participer, je voulais inciter démocrates et réformateurs à s’unir pour être performants. J’ai essayé d’expliquer que la Tunisie faisait maintenant face à des défis majeurs dont il faut être conscient, des défis encore plus importants que les élections elles-mêmes. J’ai dit que pour cela il fallait se sacrifier. De quelle manière ? La Tunisie vit une période exceptionnelle à laquelle doit correspondre une politique exceptionnelle. Chacun doit laisser de côté ses spécificités afin de s’entendre sur des dénominateurs communs. J’ai moi-même dressé une liste de ces différents points. Réunissons-nous et définissons une feuille de route. Après les élections, chacun reprendra, s’il le désire, son autonomie, mais, pour le moment, il faut avoir un comportement plus consistant. Nous allons avoir une réunion à ce sujet vers la fin du mois de juillet. Il faut que tout le monde se mette dans l’idée que nous nous réunirons pour aller de l’avant.

Evidemment, il y a des partis qui n’y figureront pas. Ceux qui hissent un autre drapeau que le drapeau tunisien ne seront pas les bienvenus parmi nous, de même ceux qui prônent la violence, l’exclusion ou qui ne reconnaissent pas le Code du statut personnel ou encore l’article 1 de la Constitution de 1959. A ce propos, rappelons que même Ennahdha ne l’a reconnu que contrainte et forcée, après avoir beaucoup tergiversé et évoqué la mise en place de la Charia. On vit en Tunisie, non ?! Cette reconnaissance est curieusement intervenue au lendemain de la réunion de « Nida Tounes» à Monastir.

Par ailleurs, il faut accepter les acquis modernistes de la période de Bourguiba. Après tout, c’est sur ces acquis-là que nous vivons encore maintenant.

Ce sont tous ces points qui doivent servir de base au consensus et qui doivent permettre l’établissement d’une feuille de route commune sur laquelle nous allons tous travailler.

Certains courants veulent que l’on soit d’accord sur des listes communes pendant les élections, moi je dis non, cela constituera une autre étape et moi je suis de ceux qui avancent étape par étape.

 

Aujourd’hui Ennahdha fait peur…

Elle fait peur aux Tunisiens, pas à moi.

 

Elle fait peur à cause de ces questions de double langage et de jeux équivoques…

De jeux malsains, oui.

 

Elle fait peur notamment avec son projet de criminalisation des atteintes au sacré -alors qu’elle s’était engagée, pendant la campagne électorale à être un parti civil -elle démontre qu’elle est un parti qui se réclame de la religion et prétend en être le défenseur exclusif. Je vais vous poser une question qui peut paraître tabou aujourd’hui : fallait-il reconnaître Ennahdha ?

Ennahdha avait été reconnue avant mon arrivée. Je ne sais pas si, moi-même au pouvoir, j’aurais accepté ou pas. Quand je suis arrivé, Ennahdha était là et le RCD était dissous. Moi, je ne regarde pas vers le passé, je tourne la page et je continue. On a accordé le visa à Ennahdha, car ils avaient dit «Nous sommes un parti civil, sans références religieuses».

Malheureusement, on voit qu’à l’usage, ce n’est pas le cas. Et c’est cela le problème. En effet, jusqu’aux élections du 23 octobre, ils ont eu un comportement correct, mais depuis, il est évident, sauf pour les aveugles, que leur grand objectif est la remise en cause du projet moderniste de Bourguiba en modifiant petit à petit la société et en espérant la faire reculer de plusieurs siècles.

Ils ont bien étudié la question, c’est-à-dire que chaque fois qu’ils sentent une résistance, ils reculent un peu, mais c’est reculer pour mieux sauter. Nous sommes actuellement au cœur de cette problématique.

 

Ils ont tenu leur congrès du 12 au 15 juillet et l’on a pu entendre des discours extatiques, presque mystiques sur l’arabité, l’islamité. Comment appréciez-vous les travaux de ce congrès et quelle analyse en faites-vous ?

Pour vous répondre et pour revenir à votre toute première question, l’autre jour, à la télévision, un analyste expliquait que tout cela était organisé en réponse à l’action de Béji Caïd Essebsi, allusion au grand meeting de Monastir et qu’eux aussi veulent montrer qu’ils sont capables d’organiser une grande réunion.

Je tiens à préciser que la réunion de Monastir était spontanée et que je n’étais qu’un simple invité, invité par une association et c’est en hommage à la mémoire de Bourguiba que je m’y suis rendu. Il y avait à peu près 20 .000 personnes, sans compter ceux, encore plus nombreux, qui étaient  dans la rue !

Quand vous voyez les personnalités qui ont été invitées par Ennahdha ces derniers temps : Qardaoui, Wajdi Ghanim, vous vous dîtes que déjà, on a des problèmes avec la circoncision des garçons, et maintenant, on veut exciser les filles…. C’est cela notre priorité ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela n’est pas conforme à l’esprit de la Révolution. C’est pourquoi je dis que ce n’est pas un gouvernement de la Révolution ! La Révolution a été faite par des jeunes non encadrés, sans leadership. Ils l’ont faite pour du pain, pour la liberté et contre l’oppression. Et ce qui se passe actuellement n’a rien à voir avec la Révolution ! C’est malhonnête ! On peut au contraire parler de Révolution «à rebours» !

 

Rached Ghannouchi a déclaré en fin de congrès que le mouvement était pour un remaniement du gouvernement et qu’il était disposé à élargir la coalition au pouvoir. Quelle serait votre attitude si on faisait appel à vous pour diriger un gouvernement d’union nationale ?

Ils ne feront pas appel à moi (rires), je ne me berce pas d’illusions. De mon côté, j’étais parti définitivement après avoir fait mon travail. Si je suis là en ce moment, c’est parce qu’ils n’ont pas tenu leurs engagements. La Tunisie ne manque pas d’enfants valeureux s’ils en ont besoin. S’ils veulent que je les aide à en trouver, oui. Mais une coalition… si c’est une coalition comme la Troïka, c’est une mascarade ! La Troïka est une coalition formelle, mais ce n’est certainement pas une coalition de gouvernement. Ennahdha a ses références religieuses, les autres sont laïcs, les autres sont de gauche… on ne peut pas créer de coalition gouvernementale dans de telles conditions. La preuve, c’est qu’à la première difficulté, ça a éclaté ! Et maintenant on nous dit que tout est arrangé, ce n’est pas sérieux.

 

En proclamant sa volonté d’ouverture, Ennahdha a-t-elle découvert les vertus du consensus ou a -t- elle le dos au mur ?

Il faut bien faire la différence entre Ennahdha en tant que mouvement politique et Ennahdha en tant que parti de gouvernement. Au gouvernement, il y a des contraintes et il faut qu’ils apportent la preuve qu’ils acceptent de travailler avec les autres, qu’ils acceptent les avis contraires et qu’ils rejettent le recours à la violence. Or, jusque-là, ils n’ont pas vraiment respecté ces obligations.

De plus, ils n’ont pas la culture du dialogue et, au sein de la Troïka, ils ne dialoguent pas. Ils ont des oukases, ou vous acceptez ou vous n’acceptez pas et leurs partenaires se plient à leur volonté. Je ne parle pas de Mustapha Ben Jaafar. Mais même Marzouki, qui rue parfois dans les brancards, juste dans les brancards… Il donne l’impression que ça ne fonctionne pas, mais il ne fait rien, c’est comme quand vous jetez une pierre dans une mare, ça crée un peu de mouvement et après, tout reprend sa place. Si les partis de la Troïka veulent coopérer avec les autres, il faudra qu’ils changent de style. De toutes les façons, je considère qu’Ennahdha fait partie du paysage politique tunisien, je ne conçois pas le consensus sans Ennahdha. Mais encore faut-il qu’ils coopèrent. Or, le grand adversaire du consensus à l’heure actuelle, c’est Ennahdha elle-même.

Mais j’ai confiance dans le peuple tunisien, qui n’est pas le peuple qu’ils croient ! C’est le peuple de la tunisianité ! Il n’est pas sûr que le peuple refasse le même choix politique ; les Tunisiens avaient été très déçus par les hommes politiques et leur vote était un vote de défiance.

Je dis que nous devons rompre avec le passé, non pas en excluant les gens, mais en mettant en place des mécanismes qui empêchent de revenir en arrière, c’est-à-dire au parti dominant. Or, nous sommes actuellement dans la phase du parti unique et le parti unique va nous conduire obligatoirement au pouvoir personnel qui va nous mener à la dictature.

Il faut donc mettre en place des mécanismes institutionnels qui nous prémunissent contre cela et installer un processus évolutif démocratique pour une gouvernance démocratique.

«Evolutif», car la démocratie est une pratique et elle ne se décrète pas.

 Actuellement, nous perdons beaucoup de temps pour justement mettre en pratique ces choix démocratiques. Nous perdons aussi beaucoup de temps pour réussir la transition démocratique qui devrait se concrétiser d’ici au 23 octobre prochain au plus tard. Le président de cette Constituante a fait la promesse pour qu’au maximum, le 23 octobre, on ait écrit la Constitution.

Lorsque j’ai dit que la légitimité électorale s’arrêtait le 23 octobre, c’est le président de l’Assemblée qui m’a accusé de mettre en danger la sécurité du pays. Mais enfin, soyons sérieux ! Si l’objectif principal, à savoir l’élaboration de la Constitution, est finalisé le 23 octobre, alors la légitimité secondaire disparaîtra ! C’est pourquoi, la question de la légitimité de ceux qui seront au pouvoir se posera à ce moment-là.

Moi, ce que je leur propose, c’est une légitimité consensuelle et s’ils n’en veulent pas par manque de culture du dialogue ou du consensus, évidemment, nous serons confrontés à un grand problème.

L’avenir est entre les mains des Tunisiens. Le plus grand défaut qui empêche les hommes d’agir, c’est de ne pas savoir de quoi ils sont capables. Les Tunisiens sont capables de changer le cours de l’Histoire, c’est à eux de le faire.

Il n’y a eu que trois cas dans l’histoire où l’on a eu recours à l’exclusion, le premier c’était en Afrique du Sud avec l’apartheid, le deuxième c’est en Israël avec les Palestiniens, le troisième c’était pendant l’Allemagne nazie avec les juifs.

Propos recueillis par Hassan Arfaoui

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