Avec les « Africa Business Day », le Cepex veut réveiller le potentiel des échanges tuniso-africains

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Faire de l’Afrique un continent d’échanges commerciaux prolifiques et durables. Voici le credo qui a accompagné la cérémonie d’ouverture de la première édition des Africa Business Day, ce lundi 23 juin à la maison de l’exportateur à Tunis. Organisées par le Centre de promotion des exportations (Cepex), sous l’égide du ministère du Commerce et du Développement des Exportations, et en partenariat avec les programme Arab Africa Trade Bridges (AATD), relevant de l’International Islamic Trade Finance Corporation (ITFC), et Qawafel, financé par l’Agence Française de Développement (AFD), ces trois journées d’échange (jusqu’au 25 juin) ont pour but de connecter entreprises tunisiennes et africaines, afin de faciliter les échanges.

Comptant sur la présence de 150 participants ( 85 entreprises tunisiennes), plus de 1000 rendez-vous en face à face sont prévues. Cet évènement sera également l’occasion de mettre en place des visites entre sociétés. A noter que 13 marchés africains y sont représentés, à savoir l’Ouganda, le Congo-Brazzaville, le Ghana, le Gabon, la Guinée, le Burkina Faso, le Kenya, la République démocratique du Congo, la Mauritanie, le Sénégal, le Togo et la Côte d’Ivoire.

Échanger davantage avec l’Afrique

1,6 milliards de dinars est le montant des échanges commerciaux entre la Tunisie et l’Afrique, enregistrés en 2024. Sur ce marché, la Tunisie est largement exportatrice, et dégage une balance commerciale largement bénéficiaire, notamment grâce aux secteurs de l’agroalimentaire et du textile. Si le chiffre indique une augmentation drastique par rapport à l’année 2023, les réalisations concrètes semblent encore limitées, par rapport au potentiel qu’offre le continent africain.

Samir Majoul, président de l’UTICA

« Les chiffres que nous enregistrons sur le plan des échanges tuniso-africains sont encourageants, mais encore très en deçà du potentiel réel », a déploré Samir Majoul, président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA). Selon lui, ce marché se heurte à de nombreuses limites : « Nous devons lever les obstacles logistiques, améliorer nos infrastructures de transport, faciliter la mobilité des hommes d’affaires, harmoniser nos réglementations et digitaliser nos procédures. »

Un constat partagé par Candide Léguede, présidente de la Fédération des femmes entrepreneurs et femmes d’affaires de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) : « Nous parlons d’intégration économique mais en réalité, nos produits franchissent plus facilement les océans que nos frontières voisines ». En effet, les échanges commerciaux vers l’Afrique ne sont qu’une partie infime du commerce global tunisien, largement dominé par les relations avec l’Union Européenne.

A ce titre, la Zone de Libre-Échange Continental Africaine (ZLECAF), signée et ratifiée par une grande partie des pays africains des pays du continent depuis août 2024, entend lever un grand nombre de barrières. Selon Candide Léguede, cette union permettra à terme de « faciliter l’exportation de nos produits entre pays africains, avec moins de barrières, moins de taxes, et plus de synergie ».

Faire de la Tunisie un hub régional

Mourad Ben Hassine, DG du Cepex

Grâce à sa position de force dans des secteurs essentiels de souveraineté, à l’instar de la santé, de l’agriculture ou du numérique, ainsi que de sa proximité avec les marchés internationaux (notamment européens), la Tunisie pourrait jouer un rôle de plateforme entre l’Afrique et l’extérieur. C’est que ce qu’a souhaité Mourad Ben Hassine, directeur général du Cepex : « Les échanges entre africains ne sont plus un choix, ils sont une nécessité stratégique, et la position stratégique de la Tunisie pourrait être saisie à bon escient comme un hub entre l’Afrique et le reste du monde »

« Nous avons, avec les entreprises tunisiennes, des partenaires pour augmenter le commerce qu’on dit triangulaire », a ajouté quant à lui Manuel Bufala, ministre conseiller et chargé d’affaires à l’industrie pour l’ambassade de France en Tunisie. Dans ce rôle de plateforme régionale se présente une opportunité à ne pas manquer pour l’économie tunisienne. Le contenu et le déroulé de ces “Africa Business Day”, ainsi que les prochaines décisions politiques relatives à l’économie internationale déterminent si la Tunisie se sera montrée à la hauteur de ce défi. Une chose est sûre, les pays africains semblent prêts à commercer davantage entre eux, dans un contexte d’instabilité des échanges et des tarifs douaniers à l’international.

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