4.702 industries actives, 534 mille emplois et 90% des exportations : l’industrie tunisienne, bien que confrontée à des défis, affiche un potentiel indéniable. C’est le message fort délivré par la ministre tunisienne de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatima Thabet, lors de la huitième session du Forum économique tunisien.
Un cap vers 2035 : adaptation et innovation
L’industrie tunisienne n’est pas un simple rouage, c’est un pilier. Elle contribue à hauteur de 90% des exportations totales, générant chaque année 50 milliards de dinars (15 milliards d’euros). Textile, agroalimentaire, aéronautique, automobile… la Tunisie excelle dans des domaines variés, attirant des investissements étrangers à valeur ajoutée.
Cependant, l’industrie tunisienne n’est pas à l’abri des bouleversements mondiaux. Pour Omar Bouzawada, directeur général de l’Agence de promotion et de renouveau industriel, la clé du succès réside dans l’adaptation. Créer un tissu industriel flexible, capable de répondre aux besoins des marchés internationaux et aux objectifs de développement durable est crucial.
Pour y parvenir, plusieurs chantiers sont à mener. La numérisation, la révision de la législation, le renforcement des infrastructures et de la logistique, la promotion des zones industrielles et du secteur des transports font partie des priorités.
L’attractivité du pays est également un élément clé. Attirer davantage d’investissements directs étrangers permettra de financer les projets de modernisation et d’innovation nécessaires au renouveau de l’industrie tunisienne.
Un secteur en mutation : vers une transformation structurelle
La transition énergétique est un autre défi majeur. Inciter les industriels à autoproduire de l’électricité à travers des énergies alternatives, comme le solaire et l’éolien, et rationaliser la consommation énergétique sont des mesures essentielles pour un avenir durable.
L’économie tunisienne est en pleine mutation. La Banque africaine de développement souligne dans ses « Perspectives économiques en Afrique 2024 » que le secteur des services (65% du PIB) prend le pas sur l’industrie (25% du PIB). L’emploi dans l’agriculture a également reculé, passant de 24% à 14,5% entre 1990 et 2020, au profit des services qui représentent aujourd’hui 52% des emplois.
L’un des principaux défis de l’industrie tunisienne est sa faible productivité. Cette stagnation, observée depuis deux décennies, s’explique en partie par la prédominance des micro, petites et moyennes entreprises (PME), représentant environ 96% du tissu industriel. Le secteur informel, qui représente près des deux tiers de l’emploi, est également un frein à la croissance.