Le dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD) intitulé « Performance et perspectives macroéconomiques de l’Afrique » met en lumière les récents développements des flux financiers externes vers le continent. Après une période de croissance post-pandémique du Covid-19, ces flux ont subi un revirement important, marqué par un resserrement des conditions financières mondiales.
En 2022, les apports financiers à l’Afrique, englobant les Investissements Directs Étrangers (IDE), l’Aide Publique au Développement (APD), les investissements de portefeuille et les transferts de fonds, ont connu une baisse significative. Cette diminution de 16,6 % a ramené le total à 180,5 milliards de dollars, soit 6,1 % du PIB africain, contre 216,5 milliards de dollars (7,9 % du PIB) en 2021. Cette chute est principalement imputable à la forte baisse des IDE (-43,5 %) et des investissements de portefeuille (-17 %), compensant à peine les légères hausses de l’APD (3,8 %) et des transferts de fonds (0,2 %).
Cette baisse drastique des IDE, qui avaient plus que doublé en 2021 pour atteindre environ 80 milliards de dollars, a été particulièrement marquée en Afrique du Sud, dont la part dans les IDE totaux du continent a chuté de plus de la moitié, passant de 49,3 % en 2021 à 20 % en 2022, soit une baisse d’environ 32 milliards de dollars par rapport à l’année précédente.
Malgré cette diminution des IDE, le nombre de nouveaux projets annoncés a augmenté de 39 %, atteignant 766, ce qui suggère une amélioration des conditions d’investissement en Afrique. Les mégaprojets d’investissement, principalement dans le secteur de l’énergie, offrent des opportunités importantes de création d’emplois et de transfert de technologies.
Par ailleurs, l’APD est restée stable en 2022, atteignant 67,5 milliards de dollars, en hausse de 3,8 % par rapport à 2021, malgré les défis budgétaires nationaux auxquels sont confrontés les principaux pays donateurs. Les transferts de fonds ont également augmenté de 0,2 %, atteignant 96 milliards de dollars en 2022, démontrant leur résilience malgré les pressions inflationnistes.
Cependant, les investissements de portefeuille ont connu une intensification du désinvestissement depuis la pandémie de Covid-19, avec des sorties nettes atteignant 28 milliards de dollars en 2022, contre 24 milliards en 2021. Cette tendance devrait se poursuivre en 2023, avec des sorties nettes prévues dans plusieurs pays africains, y compris l’Égypte, l’Afrique du Sud, Maurice et le Ghana.
Volatilité financière en Afrique : Les transferts de fonds comme bouclier
Les transferts de fonds, outre leur statut de composante prépondérante des flux financiers externes à destination de l’Afrique, se distinguent également par leur caractère moins volatile et leur moindre sensibilité aux fluctuations mondiales, par rapport à d’autres flux de capitaux.
Le rapport souligne que l’instabilité des flux de capitaux représente une source majeure d’incertitude macroéconomique et financière, notamment dans les économies émergentes et en développement, comme c’est le cas en Afrique. Avant l’avènement de la pandémie de Covid-19, seuls les investissements de portefeuille étaient associés à une volatilité plus prononcée. Cependant, la dynamique des flux financiers externes a été altérée par la pandémie : les IDE et l’APD sont désormais plus sujets à la volatilité que les transferts de fonds.
Sur la période allant de 1990 à 2021, les IDE ont présenté une volatilité moyenne 2,3 fois supérieure à celle des transferts de fonds, tandis que l’APD a été 2,1 fois plus volatile. En revanche, les envois de fonds se révèlent être moins sujets à des variations importantes, demeurant ainsi des instruments essentiels pour stabiliser la consommation des ménages bénéficiaires. De plus, ils affichent les niveaux de volatilité extrême les plus bas, témoignant ainsi de leur résilience face aux défis macroéconomiques nationaux tels que l’inflation élevée, rencontrée dans les pays d’origine de ces transferts.
M.BB