Le 4 juin 2015, Feu Slim Chaker annonçait, non sans tapage médiatique, la création d’une banque des régions qui devait œuvrer à la consolidation de projets dans les régions intérieures et marginalisées. La même année, soit en octobre 2015, Slim Chaker toujours – Paix à son âme – annonçait que la banque démarrerait effectivement ses activités au cours du deuxième semestre de l’année 2016 tout en indiquant que le projet avançait en partenariat avec le programme de coopération technique allemand et que les travaux avançaient à un rythme soutenu.

Le 2 avril 2018, Youssef Chahed préside un Conseil ministériel restreint consacré au projet de création de la ‘Banque Des Régions’
Trois années, trois mois et 5 jours plus tard, soit le 5 septembre 2018, les régions ont droit à une nouvelle annonce qui, en vérité fait chaud eu cœur, surtout par les temps qui courent où la déprime est la règle.
En effet, Ridha Chalghoum, ministre actuel des Finances, vient annoncer, à nouveau, la création de la banque des régions avec un capital de 400 MDT. la nouvelle paraît relever du réchauffé si l’on se tenait à ce qu’ont rapporté certains médias, sauf que d’autres parlent d’un projet de loi relatif à cette Banque qui devrait être présenté, selon le ministre, à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) dans le cadre du projet de loi de Finances 2019. Ce serait, au cas où cela se ferait, une avancée dans la réalisation de cette institution qui devrait venir en aide et aux régions et aux jeunes qui y résident. Autre précision apportée par le ministre actuel des Finances et qui diffère légèrement des objectifs dévoilés à l’époque par Feu Slim Chaker, la banque des régions version 2018, serait orientée vers la création et le financement de petites et moyennes entreprises. Et pas seulement, il ne s’agit pas seulement de financement des entreprises indiquées ci-haut mais aussi de leur consolidation et pour leur venir en aide dans l’exécution et le développement de ces projets.
Seraient-ce là une nouvelle vision de cette banque et de nouveaux objectifs qui lui sont fixés ? La question se pose réellement.
Plus encore, si Slim Chaker avait annoncé que le projet connaissait un rythme soutenu de réalisation en annonçant même la date de sa mise en activité, pourquoi avoir attendu jusqu’à ce jour pour parler du volet juridique de la création de cette banque qui, il faut le reconnaître, aurait résolu énormément de problèmes et aurait épargné au pays plusieurs sources de tensions?Et puis, le partenaire allemand, connu pour leur rigueur et leur respect des délais, qu’en pense-t-il ?

Ridha Chalghoum, présidant, le 26 juillet 2018, une réunion groupant tous les intervenants dans le projet de la BDR : Directeurs généraux de banques et d’institutions financières, des institutions de garantie tunisiennes, le président de l’APTBEF, Ahmed El Karm et le représentant du bureau d’études et de consulting Olivier Wyman, Philipe de Fontaine Vive.
Il faut rappeler que Ridha Chalghoum, avait présidé le 26 juillet 2018, une réunion regroupant tous les intervenants dans ce projet. Directeurs généraux de banques et d’institutions financières, des institutions de garantie tunisiennes, le président de l’APTBEF, Ahmed El Karm et le représentant du bureau d’études et de consulting Olivier Wyman, Philipe de Fontaine Vive étaient présents.
Cette réunion avait été consacrée à la présentation par les cadres du ministère des Finances et de la banque allemande KFW ainsi que ceux du bureau d’études des étapes réalisées dans l’avancement de ce projet. Il était également question du profil, de la mission dont la banque aura la charge en plus des éléments de garantie de la bonne gouvernance et le cadre d’application et opérationnel de la dite banque.

Le même jour, Ridha Chalghoum présida une réunion à laquelle des représentants des principaux bailleurs de fonds de la Tunisie, notamment la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, l’Agence française de Développement, la Banque allemande KFW, l’Agence italienne de coopération dans le domaine du développement ainsi que des représentants des ambassades de Suisse et d’Allemagne.
Le même jour Ridha Chalghoum présida une réunion consacrée à l’avancement de la mise sur pied de cette banque.
Assistaient à cette réunion des représentants des principaux bailleurs de fonds de la Tunisie, notamment la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, l’Agence française de Développement, la Banque allemande KFW, l’Agence italienne de coopération dans le domaine du développement ainsi que des représentants des ambassades de Suisse et d’Allemagne. De grosses pointures vu l’importance du projet.

Réunion du comité de pilotage du projet de la BDR le 4 février 2016 sous la présidence de Feu Slim Chaker alors ministre des Finances
Ce qui interpelle, c’est qu’il y a un peu plus de deux ans, soit le 4 février 2016, une réunion du comité de pilotage s’était tenue au siège du ministère sous la présidence du ministre des Finances défunt, pour examiner, à peu près, les mêmes questions : la mission de conception du modèle économique et de la feuille de route de la Banque Des Régions, projet accompagné par la Banque allemande des régions la KFW. Objectif de la réunion était :
- Introduire le concept de Banques des régions
- Présenter l’équipe qui sera dédiée à la conception du modèle
- Discuter les perspectives préliminaires sur les besoins
- Comprendre les attentes de ce projet
- Dresser un portrait global des objectifs à atteindre.
Entre temps que d’eau a coulé sous les ponts et la banque n’existe toujours que sur le papier migrant d’un tiroir à un autre.
Le projet de la Banque des régions annoncé en grande pompe en 2015, a pris énormément de retard. La première fois où il a été abordé en conseil ministériel restreint (CMR) en 2016 sous l’ancien Chef du gouvernement, Habib Essid. Le même projet a fait l’objet d’un autre CMR en mai 2017, pour ensuite être étudié en avril 2018 par un autre CMR. Il aura donc fallu quatre gouvernements, quatre ministres des Finances et 3 CMR pour qu’enfin le gouvernement accouche d’un projet de loi qui serait présenté dans le cadre de la loi de finances 2019. On n’est toujours pas sorti de l’auberge.
Mais comme qui dirait, mieux vaut tard que jamais.
F.B