Le cabinet d’audit et de conseil en management Ernst & Young Tunisie vient de publier les résultats de la 6e édition du baromètre des entreprises tunisiennes qui donne une vision professionnelle de la situation, des préoccupations et des perspectives d’avenir des entreprises économiques installées en Tunisie, tout en donnant une idée sur le moral de leurs responsables.
Le baromètre 2019 révèle deux constats majeurs, d’abord le fléchissement de la croissance des entreprises et ensuite l’épuisement de leur résilience face aux difficultés de la conjoncture socio-économique défavorable.
Echappent à ce constat général alarmant, les entreprises à forte vocation exportatrice ainsi que les sociétés appartenant au secteur des TIC et des équipements auto.
Les responsables du cabinet EY invoquent une rupture dans la situation des entreprises en une année, car outre la lourdeur du poids de la fiscalité et la complexité des formalités administratives, sont venus s’ajouter les chocs du surcoût du financement des investissements et de l’exploitation courante des entreprises.
En effet, notre pays souffre de plusieurs maux dont la multiplicité des tensions sociales et revendications salariales aux-quelles s’ajoutent l’instabilité du taux de change du dinar qui nourrit une inflation galopante dépassant 7% par an.
Lenteurs et complexités administratives sont venues s’ajouter à une forte pression fiscale. Or, l’objectif des pouvoirs publics consiste à favoriser la croissance et la pérennité des entreprises dans un environnement mondial des affaires, caractérisé par la compétitivité des produits, une concurrence agressive et des difficultés multiples.
Selon le baromètre, les entreprises vivent une situation de précarité généralisée. En effet, 58% d’entre elles jugent leur activité menacée de disparition dans les deux années qui viennent (68% pour les petites entreprises).
Or, ce taux était de 25% seulement en 2015. Cela signifie que leur résilience est profondément entamée suite à une longue période d’instabilité socio-politique.
51% des chefs d’entreprises s’attendent à une détérioration de la situation politique et économique en 2019.
35% seulement des entreprises prévoient une croissance de leurs investissements en 2019 contre 48% il y a un an, alors que dans le secteur des TIC, ce taux est de 59% et dans l’industrie auto 48%.
En ce qui concerne le climat des affaires, 20% seulement des entreprises prévoient une amélioration.
Il y a lieu de constater qu’il y a deux motifs majeurs d’inquiétude qui sont le taux d’inflation et le glissement du dinar par rapport à l’euro : 15% en 12 mois. La pression croissante des syndicats vient s’ajouter à ces deux motifs.
Cependant, on peut relever qu’il y a une lueur d’espoir et une éclaircie d’optimisme en ce qui concerne les prévisions de certains chefs d’entreprises.
En effet, 43% parmi eux prévoient une stabilisation de la situation en 2019 et une amélioration de leurs chiffres d’affaires.
A propos de l’investissement, il y a lieu de remarquer une attitude vigilante : 35% des entreprises envisagent d’augmenter leurs investissements en 2019 contre 48% en 2018.
La plupart des chefs d’entreprises invoquent le partenariat avec d’autres entreprises ou institutions étrangères pour pouvoir évoluer dans la conjoncture actuelle, comme étant la seule issue.
Il convient de remarquer que 29% des chefs d’entreprises n’envisagent aucune évolution en 2019.
Les pistes de solutions invoquées par les auteurs du baromètre comportent les axes prioritaires suivants.
Il s’agit de mettre l’accent sur l’innovation technologique susceptible d’engendrer une valeur ajoutée élevée salutaire pour un grand nombre d’entreprises, mais également d’encourager l’internationalisation des entreprises tunisiennes qui permet de conquérir des marchés extérieurs. Les politiques publiques doivent être réinventées et reconçues pour s’adapter aux nouvelles conditions et aux nouveaux impératifs des marchés.
Les PME tunisiennes sont en majorité des entreprises familiales et le temps est venu pour la transmission entre la génération des fondateurs et celle des développeurs. Malheureusement, il arrive souvent que cette transmission se traduit par un échec et se solde par une dégradation de la situation du groupe faute de préparation rationnelle. C’est pourquoi il importe de mettre au point une bonne gouvernance de la transmission.
Les pouvoirs publics sont appelés à entreprendre des actions urgentes et à élaborer une feuille de route pour sauver du naufrage la source de prospérité de notre pays, l’entreprise.
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