Les réserves d’eau des barrages tunisiens s’affichent à un niveau inquiétant : 664,3 millions de m3 au 13 juillet, soit une baisse de 175 millions de m3 par rapport à la même période l’année dernière. Ce chiffre correspond à un taux de remplissage de seulement 28,30%, bien en deçà des attentes et révélant une situation « critique », selon d’Abdelhamid Mnajja, directeur général du génie rural et de l’exploitation de l’eau au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche.
Comparées à la moyenne des trois dernières années, les réserves actuelles accusent un déficit de 255 millions de m3 supplémentaires. L’approvisionnement en eau des barrages durant cette saison s’élève à 647 millions de m3, soit 30 millions de m3 de moins qu’en 2023.
Des disparités régionales préoccupantes
La situation des barrages varie selon les régions. Certains grands barrages du nord, comme ceux de Sejnane et Zayatin, affichent des niveaux extrêmement bas. Les réserves des barrages du centre (Nabhana) et du Cap Bon ne sont guère mieux loties, ce qui a nécessité des opérations de transfert d’eau pour pallier les manques.
Face à cette situation alarmante, Abdelhamid Mnajja lance un appel pressant à la rationalisation de la consommation d’eau. Il préconise l’utilisation de robinets à faible débit, des contrôles renforcés dans les secteurs touristique et industriel, et le recours à des solutions alternatives telles que les eaux usées traitées.
L’agriculture face au défi de l’eau
Le secteur agricole n’est pas épargné par la crise. Abdelhamid Mnajja exhorte les agriculteurs à privilégier des cultures moins gourmandes en eau et à valoriser les eaux usées traitées. L’utilisation des eaux souterraines saumâtres après dessalement est également une piste à explorer.
Pour garantir l’approvisionnement en eau potable pendant la période estivale, 33 puits profonds ont été creusés dans les zones urbaines. 17 d’entre eux sont déjà équipés et raccordés aux réseaux de distribution. L’usine de dessalement d’Ezzarat, dans le gouvernorat de Gabès, a également été mise en service, avec une capacité de production journalière de 50 000 m3. L’usine de dessalement de Sfax, d’une capacité de 100 mille m3 par jour, devrait entrer en service fin juillet.
En milieu rural, 14 projets visant à approvisionner 31 millehabitants ont été lancés. Les dettes des Groupements de développement agricole (GDA) envers la Société tunisienne d’électricité et de gaz (STEG), qui s’élevaient à 13,2 millions de dinars, ont été réglées.
La lutte contre le forage illégal de puits sera intensifiée, a affirmé Abdelhamid Mnajja. 38 infractions ont été recensées depuis le mois de juin. Un groupe de travail central a été mis en place au sein du ministère de l’Intérieur et des comités régionaux ont été créés pour prévenir et remédier aux coupures d’eau. Un système de surveillance sera également mis en place pour détecter immédiatement toute perturbation du réseau de distribution.