Intervenant ce mercredi 09 janvier 2019 dans l’émission « Expresso » sur les ondes d’Express Fm, le PDG du groupe Loukil et président de TABC, Bassem Loukil a affirmé que durant les 6 premiers mois de l’année 2018, les échanges commerciaux entre la Tunisie et les pays subsahariens ont connu une croissance de 47% par comparaison à l’année 2017, soit environ 570 millions de dollars, et ce en dépit des difficultés auxquelles les hommes d’affaires tunisiens se heurtent dans leurs échanges avec la partie africaine. A cet égard, Bassem Loukil a appelé à la nécessité de résoudre ces problèmes et surmonter ces obstacles à l’instar du problème du financement et des lignes maritimes, ce qui explique le fait qu’une seule entreprise tunisienne sur 10 est capable d’exporter vers l’Afrique. « Nous souhaitons que les déplacements des hommes d’affaires en Afrique soient fructueux. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes rendus dans plusieurs pays subsahariens. Nous étions notamment au Sénégal, au Burkina Faso et en côte d’Ivoire. Nous nous sommes attardés aussi sur le plus grand obstacle dans le développement des affaires avec l’Afrique, qui est le financement. 570 millions de dollars est un chiffre important malgré toutes les difficultés mais nous aspirons toujours à développer encore plus nos échanges et à réaliser un pourcentage de 5% ou 6% du chiffre global de nos exportations. Nous pensons que jusqu’à fin de 2018, nous avons probablement dépassé les 4%. Il y a deux ans, on était à 3%. Le nombre des étudiants subsahariens s’améliore peu à peu. Beaucoup d’universités privées se dirigent désormais de leur propre gré vers les pays subsahariens. Ils organisent des conférences, des séminaires et des coopérations bilatérales avec d’autres universités afin d’attirer les étudiants subsahariens. Ce qui nous reste à faire en 2019, c’est d’attirer les hommes d’affaires subsahariens vers la Tunisie. En effet, c’est l’un des objectifs principaux que nous avons tracés pour cette année, et ce par le truchement de forums sectoriels notamment dans les domaines de la santé, de l’agroalimentaire, de l’enseignement supérieur, de l’industrie, et qui encouragent les hommes d’affaires à investir en Tunisie. Nous voulons multiplier les rencontres avec eux, ici, en Tunisie afin de les rassurer, sachant qu’ils ont des outils de financement à leur disposition à l’instar des banques panafricaines, qui sont prêtes à soutenir le commerce bilatéral entre les pays africains.
En Tunisie, hormis la STB et la BH, les autres banques tunisiennes ne sont pas actives sur le continent africain. Elles font juste des conventions soit par la société mère comme la BNP ou la Société Générale soit par le biais d’accords bateau. Mais la substantifique moelle de ces échanges et de ces accords est presque inexistante. La preuve quand on a des crédits venant d’Afrique ou même des contrats relatifs au domaine du BTP ou de l’habitat, les banques tunisiennes ne disposent ni des outils ni des garanties nécessaires. Elles ne sont pas prêtes à financer ces projets non plus, pourtant, il y a bel et bien des garanties. 90% des banques ne se connaissent même pas. Aujourd’hui quand on reçoit un crédit d’un pays africain vers une banque tunisienne, on nous demande une réassurance et un tas de garanties comme si la lettre de crédit qu’on a reçue ne valait rien. Il est important d’évoquer ce sujet afin qu’il ne devienne plus un obstacle pour notre présence en Afrique que ce soit au niveau de l’échange commercial ou de l’investissement. Il est indispensable que les entreprises tunisiennes se tournent vers l’Afrique subsaharienne et s’y installent. Tous nos concurrents ont la même stratégie. Il faut avoir une plateforme notamment de distribution et de fabrication. Je vous assure que le produit tunisien est compétitif et de qualité. Il ne faut pas écouter ce que nos concurrents disent sur nous. Nos usines sont impressionnantes. Or on n’a même pas une ligne maritime. Une délégation va se rendre au Ghana. Pour aller à Accra, nous devons faire escale à Istanbul ou à Casablanca. L’espace transit en Tunisie est catastrophique. C’est inhumain même. Il faut améliorer les conditions de Transit à l’aéroport de Tunis Carthage. Nous en avons parlé avec toutes les parties prenantes y compris Tunisair. J’insiste sur les trois piliers qui nous manquent: le transport maritime, on sait quand est-ce que nous exportons nos marchandises mais on ne sait pas quand est ce qu’elles vont arriver à destination. Le deuxième pilier c’est la présence des banques tunisiennes en Afrique. L’absence de nos banques décourage malheureusement les hommes d’affaires. Les échanges commerciaux avec les pays subsahariens sont difficiles. C’est aussi la raison pour laquelle, nous sommes en train de chercher des moyens de financement et d’investissement en dehors du système bancaire et du financement classique. Il y a 15 banques panafricaines, aucune n’est représentée en Tunisie. Nous avons fait venir 30 institutions financières qui seront présentes à FITA 2019. Elles sont toutes ouvertes aux rencontres be to be. Quatre banques parmi les plus puissantes en Afrique seront présentes en Tunisie. Un autre point important c’est l’air cargo, nous ne pouvons pas utiliser les avions de Tunisair car les avions ne sont pas adaptés au transport de marchandises, leurs capacités sont limitées. C’était dans le programme de Tunisair d’acheter des avions contenant l’espace cargo. On continue à mettre une pression positive sur Tunisair. Nous ne pouvons pas nous comparer au Maroc qui a déjà une stratégie dans ce domaine qui date de 20 ans ni à la Turquie, qui en 10 ans a mis tous les moyens pour s’installer en Afrique subsaharienne. La Turquie a trois vols vers l’Afrique subsaharienne par semaine. Nos moyens sont limités mais il faut multiplier les efforts. »a-t-il exprimé.