Par notre envoyé spécial à La Valette : Taïeb Zahar
La visite d’Etat de deux jours effectuée par le président Beji Caïd Essebsi à Malte aura été menée tambour battant vu le programme chargé qui l’a marquée.
Deux entretiens en tête-à-tête entre les deux chefs d’Etat, une séance de travail élargie aux délégations des deux pays, un forum économique tuniso-maltais, une rencontre avec la communauté tunisienne à Malte, une conférence sur le genre et l’égalité homme-femme et des rencontres avec les médias, le rythme de la visite était soutenu et un important accord sur la mobilité des travailleurs tunisiens et maltais a été signé en plus d’autres programmes de coopération dans d’autres domaines.
Le deuxième jour de cette visite a été marquée par la tenue d’une conférence de haut niveau présidée par les deux chefs d’Etat sur la consolidation de l’égalité entre homme et femme. Ont pris part à cette conférence des responsables politiques, des parlementaires et des académiciens des deux pays.
Processus réformateur
Dans son intervention, Beji Caïd Essebsi a souligné que la Tunisie et Malte qui partagent les mêmes convictions des valeurs universelles de démocratie et des droits de l’homme, œuvrent à faire de la méditerranée un espace de pais et de croissance pour ses populations. Dans ce contexte il a assuré que l’orientation de la Tunisie vers l’instauration de la démocratie, de l’Etat de droit et des institutions et la consolidation des droits et libertés est un processus irréversible.
Et de poursuivre que le processus réformateur qui caractérise la Tunisie, surtout pendant la période de la construction de l’Etat moderne, se poursuit à travers l’expérience démocratique actuelle du fait même que la constitution tunisienne a consacré le rôle important de la femme tunisienne dans la construction de l’Etat et ce à travers la garantie de l’égalité totale entre tunisiens et tunisiennes et en les faisant bénéficier de tous leurs droits civils, politiques, économiques et sociaux.
Dans ce cadre Beji Caïd Essebsi expliquera que l’initiative qu’il a prise par la création de la COLIBE et la présentation d’un projet de loi sur l’égalité successorale visait à renforcer davantage les droits historiques de la femme tunisienne et leur adaptation avec ce que la Constitution de 2014 stipule comme droits et l’ambition des tunisiennes pour davantage d’égalité et de libertés.
Dans ce contexte le chef de l’Etat a souligné que sa conviction est que « il ne peut y avoir de démocratie sans la garantie des droits de le femme et sa participation active dans les affaires publiques.
Hommage à l’expérience tunisienne
Intervenant, de son côté, à cette conférence, la présidente maltaise a exprimé son estime et respect à l’expérience démocratique tunisienne exceptionnelle dans la région surtout en matière de consolidation des droits et des libertés. Elle s’est également félicitée des droits dont bénéficie la tunisienne et qui en font une exception dans la région méditerranéenne.
Marie-Louise Coleiro Preca a assuré que le but visé par l’organisation de cette conférence de haut niveau est d’échanger les expériences entre les deux pays dans le domaine de la consolidation des droits de la femme et sa participation à la vie politique et économique dans la région méditerranéenne précisant que la consolidation de la contribution de la femme dans la vie active peut augmenter de 25% le taux de croissance dans la région.
Elle soulignera que la coopération dans ce domaine entre les deux pays au plan officiel ou celui de la société civile garant un avenir sécurisé, développé et stable pour les peuples de la région.
Il faut souligner que des conférences ont été données par des personnalités tunisiennes dont celles de Bochra Belhaj Hmida, membre de l’ARP et présidente de la COLIBE et Sim Loghmani, professeur universitaire.
Un exposition a été montée à l’occasion reflétant la profondeur des liens historiques entre la Tunisie et Malte. L’exposition passe en revue 50 années de relations diplomatiques entre les deux pays.
Au terme de ces deux journées de la visite d’Etat de BCE à Malte, le chef de l’Etat a eu un deuxième tête-à-tête avec la présidente maltaise, Mari et le développement et la stabilité de la région méditerranéenne-Louise Coleiro Preca dans l’après midi de mercredi 6 fevrier 2019 au cours duquel les deux parties ont exprimé leur satisfaction de la mutation qualitative qui marque les relations entre les deux pays et leur engagement pour les développer davantage pour le bien des deux peuples amis.
Le président Beji Caïd Essebsi a par la suite procédé en compagnie de la présidente maltaise à la plantation d’un olivier au jardin du palais présidentiel Saint Antoine en signe de paix et de prospérité dans la région de la mer méditerranée.
Marie-Louise Coleiro Preca qui a salué le chef de l’Etat et la délégation l’accompagnant à l’aéroport international de Malte.
Continuer à bien représenter la Tunisie
La visite du chef de l’Etat ne pouvait pas prendre fin sans rencontrer la communauté tunisienne qui se trouve dans ce pays.
BCE a rencontré nombre des tunisiens résidents à Malte et s’est enquis de leur situation et écouté leurs préoccupations.
L’occasion offerte pour lui pour les encourager à continuer à œuvrer à représenter la Tunisie de la manière manière et de renforcer les ponts de communication et d’amitié entre les deux pays.
Il les a exhorté à profiter de l’évolution des relations bilatérales à la lumière des accords qui avaient été conclus récemment particulièrement celles portant sur la facilitation des procédures d’emploi de la main d’oeuvre spécialisée dans les deux pays.
La part des médias
En marge de la conférence de haut niveau sur l’égalité entre homme et femme, Beji Caïd Essebsi a fait une déclaration aux médias présents à cet événement dans laquelle il a réaffirmé sa conviction que l’avenir des peuples et de la démocratie ne peut être réalisé sans la participation de la femme.
Beji Caïd Essebsi mettra, à l’occasion, l’accent sur le rôle du Zaïm Habib Bourguiba dans la libération de la femme surtout à travers le combat contre illettrisme précisant que le résultat de cette politique trouve son expression dans les 65% de diplômés du supérieur, les 60% de médecins et plus de 40% des magistrats qui sont des femmes.
Beji Caïd Essebsi a affirmé que la Tunisie mérite à juste titre d’être « lacapitale arabe de l’égalité entre homme et femme en 2019 » au cas où le projet de loi sur l’égalité successorale, qui est une initiative présidentielle, est adopté par l’assemblée des représentants du peuple.
Et ce n’est pas sans fierté qu’il soulignera qu’aucun autre pays ne pourra copier ou suivre les acquis et réalisations accomplies au profit de la femme tunisienne. Et si ces pays veulent prendre comme exemple le modèle exceptionnel tunisien, ils sont obligés de l’adapter avec leur réalité et leurs spécificités sociales. « La liberté ne peut être opprimée », a-t-il affirmé tout en précisant que la Tunisie ne s’ingère pas dans les affaires des autres pays.
« La Tunisie poursuivra son chemin sur la même voie réformatrice et que le code du statut personnel promulgué en 1956 peut évoluer dans la mesure où il s’agit d’une loi positive. La question est aujourd’hui entre les mains du parlement« , a-t-il déclaré comme pour dire que la balle est dans le camp du législatif.
BCE ne manquera pas de faire allusion à ce qu’il a appelé « certains courants d’obédience religieuse » qui ne voient pas d’un bon œil ce projet de loi mais, ne se départissant pas de son optimisme il exprimera son espoir de voir le projet sur l’égalité successorale adopté pour ce qu’il représente comme bienfaits pour la Tunisie et pour toutes les sensibilités politiques y compris celle qui a des réserves sur cette initiative législative présidentielle.