Le président de la République Beji Caïd Essebsi a tenu ce jeudi 08 novembre 2018 un point de presse pour revenir sur le remaniement ministériel opéré lundi dernier par le chef du gouvernement Youssef Chahed.
« C’est la toute première fois que je réclame la tenue d’un point de presse depuis que je suis au poste de président de la République… Je suis le seul à avoir été élu par le peuple… Ma première mission est donc de veiller au respect de la constitution, c’est le peuple qui m’a confié cette tâche. C’est le sujet principal de ce point de presse » a-t-il lancé.
Le président de la République s’est montré déçu de certaines lectures faites par des médias dont certains sont allés jusqu’à le qualifier de « coursier » entre la présidence du gouvernement et le parlement.
« J’ai regardé des émissions de télé, j’ai constaté que les choses vont mal, certains pensent actuellement que le président n’est qu’un simple facteur entre la présidence du gouvernement et l’Assemblée des Représentants du Peuple, or c’est faux. Avec tout mon respect à ce métier, je ne le suis pas, je n’ai pas l’aptitude de l’être. Avec ces lectures, on a dépassé les bornes... » a-t-il affirmé. Et d’ajouter: « J’ai suivi pendant les quatre derniers jours certains débats télévisés de tous genres. Certains analystes ont évoqué mon éventuel refus de présider la cérémonie de prestation du serment par les nouveaux membres du gouvernement. C’est illogique. Je ne suis pas le genre de personnes qui s’accrochent aux sièges, je pourrais quitter à tout moment… si je considère que je ne suis plus efficace. Je suis un homme d’Etat et je connais le sens de l’Etat. J’ai eu la chance de côtoyer de grands hommes d’Etat et j’appartiens à la famille constitutionnelle depuis les années 40… J’ai fais partie de ceux qui ont construit cet Etat, la plupart sont mort, et je suis peut être le dernier à être encore vivant, c’est pour cela que je ne me permets en aucun cas, de commettre ce genre d’erreurs »
En ce qui concerne la correspondance adressée à l’Assemblée des Représentants du Peuple, le président de la République a expliqué que l’objet de cette correspondance n’était pas de contester le remaniement ministériel mais tout simplement de répondre à la requête du bureau du parlement, qui a demandé une copie de la nouvelle formation qui lui avait été adressée par Youssef Chahed quelques heures avant l’annonce du remaniement.
« Je ne suis pas en guerre contre le chef du gouvernement, c’est moi qui l’ai ramené pour ces compétences, mais au cas où les choses ne vont plus dans le bon sens, la décision revient au parlement pas à moi, c’est ce que stipule la constitution « a-t-il noté.
Le chef de l’Etat a affirmé que c’est la précipitation et l’impatience de Youssef Chahed dans l’annonce de sa nouvelle formation gouvernementale qui l’ont intrigué le plus. « Il m’avait transmis lundi dernier la liste nominative des nouveaux membres du gouvernement. Il était sur le point de quitter le pays pour la Mauritanie. Je lui ai donc suggéré d’attendre jusqu’à son retour de l’étranger. Or, il semble qu’il était pressé de passe à l’acte. En effet, quelques heures après, il a annoncé sa nouvelle formation qui comptait des gens que je ne connaissais pas et il ne m’a même pas donné suffisamment de temps pour en prendre connaissance… Je ne suis pas d’accord avec cette démarche. Pourquoi toute cette pression?.. Et ce n’est pas tout, il s’est empressé d’adresser la liste des nouveaux membres au Parlement… je suis vraiment déçu de cette démarche« a-t-il lancé. Et d’ajouter: « C’est au chef du gouvernement de former son équipe, mais il doit consulter le président de la République. Je dois les connaitre et être mis au courant, c’est ce que stipule la constitution également. Je n’ai pas reçu ce que vous journalistes, appelez CV »
Le président de la République a également évoqué le fait que le remaniement ministériel n’a pas été discuté à l’avance lors d’un conseil ministériel. « Le chef du gouvernement a appelé à la tenue d’un conseil ministériel quatre jours après le remaniement. C’est illogique… Il avait également décidé de supprimer le ministère des énergies sans prendre la peine de tenir un conseil ministériel. Et pourtant, je ne me suis pas permis d’interférer dans ce genre d’affaires, c’est au parlement d’examiner ces décisions. Même si j’ai retiré ma confiance de ce gouvernement, je ne pourrais pas interférer. Il y a des traditions qu’on doit respecter » a-t-il lancé.
Le chef de l’Etat n’a pas arrêté tout au long de l conférence de presse de rappeler qu’il n’a aucun conflit personnel avec le chef du gouvernement. « Pour résumer, je n’ai pas de problèmes personnels avec le chef du gouvernement, on n’est pas du même gabarit. Je veux tout simplement l’aider, lui ou quiconque à sa place, pour le bon fonctionnement des structures de l’Etat…Le sort du gouvernement est entre les mains du parlement, et c’est à lui de décider, nous ne ferons qu’appliquer les dispositions de la constitution… Le chef du gouvernement c’est moi qui l’ai choisi et j’assume mon choix. Il n y a pas de personne valable en tous temps et en tous lieux« a-t-il lancé.
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