Le décès des 11 bébés à l’hôpital de La Rabta est un drame national, tant la douleur des familles et des tunisiens était intense. Malgré cette douleur, certains saisissent l’occasion pour surfer sur les événements et pour régler leurs comptes avec leurs adversaires. Nidaa Tounes s’est tristement inscrit dans cette optique dans la soirée du samedi 9 mars 2019 avec un communiqué explosif à travers lequel il s’est attaqué au gouvernement.
Après avoir exprimé ses condoléances aux familles des bébés décédés, le parti a appelé le gouvernement à démissionner immédiatement. « Il [le gouvernement] est responsable de la dégradation de la situation à tous les niveaux puisqu’il s’est consacré à la création d’un parti politique au lieu de servir les citoyens », peut-on lire dans le communiqué. Ce dernier a aussi constitué, pour le parti, l’occasion d’exprimer sa « bonne foi », vis-à-vis des familles des bébés décédés. « Nidaa Tounes annonce qu’il a chargé une commission juridique spéciale pour venir en aide aux familles des victimes afin de lever le voile sur la vérité et juger les responsables de la catastrophe », lit-on encore.
Fallait-il exploiter le malheur des familles pour régler ses comptes avec Youssef Chahed et son gouvernement ? Il est vrai que les gouvernements successifs ont une grande part de responsabilité dans la dégradation du système de santé en Tunisie et celui de Youssef Chahed n’est pas étranger à ce qui s’est passé. Cependant, Nidaa Tounes aurait pu se contenter d’exprimer son soutien aux familles. Il aurait pu, également, s’abstenir d’annoncer qu’il allait prêter main forte aux familles sur le plan juridique. Lorsque l’on fait une bonne action, mieux vaut la faire discrètement, loin des regards. Mais Nidaa Tounes, à la recherche d’une raison d’être, en profite pour faire de la communication politique en exploitant la misère des citoyens.