Contesté depuis des mois, Abdelaziz Belkhadem a été, finalement, destitué par le comité central du Front de Libération Nationale (FLN) au terme d’un coup de théâtre. Cette fin de règne tragique pour l’ancien Secrétaire général, augure une redistribution des cartes dans le paysage politique algérien… à l’aube des élections présidentielles de 2014.
Ses opposants ont fini par avoir raison de lui. Jeudi 31 janvier, lors de la réunion du comité central (CC) du parti, Abdelaziz Belkhadem a été relevé de ses fonctions au terme d’un vote, à bulletin secret, qui a tourné à son désavantage (160 voix contre 156 et 7 abstentions). Le scrutin sous haute tension a été supervisé par quatre membres du parti désignés d’un commun accord et trois huissiers de justice. À la tête du parti depuis 2005, Belkhadem ne cachait plus ses ambitions présidentielles depuis des mois. Aujourd’hui évincé, le soutien du parti pour le scrutin prévu en avril 2014 lui est définitivement ôté. Les vents avaient, cependant, déjà commencé à tourner contre lui depuis septembre 2012, lors du remaniement ministériel au cours duquel il avait perdu son portefeuille de représentant du président de la République. Il y a quelques semaines, un autre proche de Bouteflika, l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, avait démissionné de son poste de Secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) et avait jeté l’éponge face aux contestataires au sein de parti.
Un vote sous haute tension
Le jour de la réunion du comité central, un important dispositif a été déployé autour de l’hôtel de la station balnéaire de Sidi Fredj (Alger). Car les pro et anti Belkhadem avaient failli en venir aux mains lors de la dernière réunion du comité central en juin 2012. Confronté à une crise interne sans précédent, le secrétaire général du FLN n’allait pas abdiquer facilement. En effet, en remettant son mandat à vote, Abdelaziz Belkhadem semblait très confiant. Il s’était assuré l’appui d’un nombre important de parlementaires et d’élus locaux. Le «suspense» quasi intenable était entretenu par la presse algérienne d’autant plus que ses détracteurs avaient affûté leur stratégie… en s’unissant. Répartis en deux ailes distinctes, une partie (de ses détracteurs) dénonçait le «clientélisme et la gestion familiale du parti» tandis qu’un autre courant reprochait à l’ancien Secrétaire général des velléités «d’islamisation du FLN». Le 9 janvier dernier, huit ministres, tous membres du comité central, avaient appelé au départ de M. Belkhadem. Ces ministres l’avaient accusé d’avoir tenté d’utiliser «les institutions de l’État pour assouvir ses ambitions personnelles» et affirmé «ne plus reconnaître son autorité». Cette déclaration publique, largement relayée par les médias, avait auguré d’une situation explosive…
Trois jours de suspense
Bel et bien destitué au terme du vote secret, Abdelaziz Belkhadem n’a pas accepté sa défaite provoquant une crise de trois jours. En effet, ses partisans ont essayé de convaincre leurs détracteurs au sein du comité central d’élire (aussitôt) un nouveau Secrétaire général. L’option a été catégoriquement rejetée par le camp désuni des détracteurs. Au troisième jour de la réunion du CC, un accord a été conclu entre les camps. Ils se sont ainsi accordés sur «l’installation d’une commission chargée de gérer la période de vacance du poste du Secrétaire général du parti de quelques jours et de fixer la date de la poursuite des travaux pour l’élection du Secrétaire général». Il a également été décidé que Belkhadem ne se portera pas candidat à cette élection «étant donné qu’il a été désavoué par une majorité du CC»… entérinant ainsi définitivement son retrait politique.
A.T