BFPME : Un nouveau modèle pour sauver les  PME

Par Amine Ben Gamra*

Par Amine Ben Gamra*

 Malgré les grandes difficultés financières auxquelles elle est confrontée, la Banque publique de développement destinée aux PME (la BFPME), est déterminée à se sortir de cette impasse et à se repositionner dans le paysage bancaire en tant qu’acteur clé du financement des PME.
En effet, la loi de Finances 2024 a prévu une augmentation du capital de la banque à hauteur de 59 millions de dinars qui devrait avoir lieu par la conversion en une participation au capital de la banque d’une dette due à l’État tunisien au titre d’une ligne de crédit japonaise rétrocédée à la banque. Cette augmentation vise à redonner vie à une institution toujours sous perfusion.
Si l’on tient beaucoup à cette banque, c’est parce qu’elle peut faire jouer ses atouts qui lui permettent d’être un véritable acteur de la mésofinance en Tunisie. D’abord, elle peut capitaliser sur l’expérience qu’elle a acquise en tant que banque de développement depuis sa création, tout en adaptant sa politique de crédits et en révisant son modèle d’affaires. Et puis, étant présente sur tout le territoire et ayant une bonne capacité d’instruction des dossiers d’investissement, elle joue toujours un rôle clé dans la dynamisation de l’écosystème entrepreneurial, particulièrement dans les régions.
A cette occasion, il est recommandé de développer un nouveau modèle économique pour l’institution dans le cadre d’une approche intégrée du financement des PME. Le nouveau modèle économique de la BFPME doit réitérer son appui pour contribuer à la relance, avec les acteurs socioéconomiques, des actions visant à encourager l’innovation et l’entrepreneuriat.
La BFPME doit mettre de l’avant plusieurs initiatives qui permettront d’aider les entreprises et les organismes communautaires à aborder la relance avec optimisme.
Les projets qui émanent des communautés sont souvent les mieux adaptés à des situations comme celles que nous traversons en ce moment. Plus que jamais, le nouveau modèle économique de la BFPME est appelé à soutenir ces initiatives, que ce soit pour aider les organisations et les entreprises à se relever, à saisir de nouvelles occasions de développement ou encore à créer de nouveaux partenariats.
Il faut être présents, que ce soit dans de grandes réalisations ou dans l’appui de projets à plus petite échelle.
Tout en appuyant l’effort de reprise qui s’amorce, la BFPME doit s’assurer aussi de mettre en place un plan pour ses propres activités en accord avec les mesures gouvernementales. L’objectif visé est de maintenir la présence de la BFPME dans les différentes régions, contribuant ainsi au dynamisme des communautés.
Le nouveau modèle économique de la BFPME doit se baser sur 3 grands axes :

Accompagnement :
Les entrepreneurs font face à une situation sans précédent et inconnue, ce qui soulève beaucoup de questionnements et de nombreuses préoccupations quant à l’avenir et à la survie de leur entreprise et, parfois, de leur modèle d’affaires. « S’équiper pour rebondir », un parcours d’accompagnement aux promoteurs rémunéré, c’est-à-dire que la formation et l’encadrement des promoteurs de la conception du projet jusqu’à l’étape post-création, leur offriront la possibilité de transformer cette période difficile en une capacité individuelle et organisationnelle de relever les défis auxquels ils font face.

Financement :
– Soutenir les entreprises dans leurs projets de croissance et de création d’emplois de qualité, leviers majeurs du développement économique des régions. Les projets doivent s’inscrire dans des catégories aussi variées que la numérisation des entreprises, l’ergonomie et la distanciation sociale, le soutien psychologique, la transformation du modèle d’affaires, l’innovation, la relève d’entreprise, le développement des marchés étrangers, l’investissement dans les talents et dans les
équipements écoénergétiques.- Soutenir les régions sur les plans social et économique. Ce financement permettra d’appuyer des projets qui rejoignent les priorités des milieux, telles que l’emploi, la vitalité économique, l’éducation et l’environnement. Dans une seconde phase, les équipes de la BFPME seront appelées à participer à ce processus qui permettra de mettre en avant des projets porteurs pour les régions.

Suivi :
Développer une expertise dans l’évaluation et le suivi de la réalisation des projets ainsi que de la politique budgétaire de la banque.

*Expert-comptable
Commissaire aux comptes

Related posts

Le danger et la désinvolture 

Changer de paradigmes

El Amra et Jebeniana