La première rencontre entre les deux candidats à la présidentielle américaine, Donald Trump et Joe Biden, s’est transformée en pugilat. Invectives de part et d’autres, interruptions, peu de place laissée à la présentation des programmes : le Washington Post n’hésite pas à qualifier cette rencontre de « pire débat présidentiel de mémoire d’homme ». « Une insulte au public », même, « et un triste exemple de l’état de la démocratie américaine cinq semaines avant l’élection ».
Le Colorado Springs Gazette pense que ce débat a dû ravir les fans de catch. Le Wall Street Journal note néanmoins que « les catcheurs professionnels sont plus présidentiels que ces deux hommes-là ». « Nous pensons que des millions d’Américains ont décroché au bout de 30 minutes, et nous aurions fait la même chose si regarder ce débat n’était pas notre gagne-pain ».
*« Personne n’a gagné »
Le quotidien parle d’une erreur stratégique de la part de Donald Trump. « En voulant paraître plus fort que lui, il a beaucoup trop interrompu le vice-président et ne lui a pas laissé le temps de faire des gaffes », estime le Wall Street Journal. Le quotidien critique aussi Joe Biden : « un candidat qui dit vouloir rassembler », mais qui « a traité Trump de » raciste « , de » clown » et lui a même demandé de » la fermer » ». Alors oui, « Biden a bien réussi à apparaître cohérent pendant 90 minutes ». Mais « les attentes étaient faibles », nuance le quotidien, car « Trump lui avait fait la faveur de remettre en question ses capacités mentales ».
Pour le Washington Post aussi, « Biden a dépassé les attentes », mais sans briller pour autant. Bref, « personne n’a gagné dans ce fiasco ». Même pas le modérateur, le journaliste Chris Wallace, qui d’après The Atlantic, par exemple, n’a pas suffisamment fait régner l’ordre. Même s’il n’était peut-être pas techniquement possible de couper les micros, « il y a toujours des moyens de montrer qu’on est le chef. Il a très tôt fait savoir qu’il ne l’était pas ». Pour ce média, « il est difficile d’imaginer quel sera l’impact de deux autres débats similaires, si ce n’est la montée les tensions dans un pays déjà sur les nerfs ».
*Trump a-t-il donné un signal aux suprémacistes ?
Le New York Times s’attarde sur l’une des questions posées lors du débat. Le journaliste a demandé à Donald Trump s’il condamnait les actes des suprémacistes blancs. Le président a donné une réponse très vague et lancé un « OK, Proud Boys, reculez et tenez-vous prêts ». Le groupe armé d’extrême-droite Proud Boys, fondé en 2016, est lié à plusieurs épisodes de violences contre des manifestants antiracistes. Selon le New York Times, les membres de ce groupe se sont félicités sur les réseaux de voir leur nom ainsi mentionné par le président. Ils estiment qu’il s’agit d’une approbation tacite de leurs tactiques violentes. Pourtant l’un des principaux conseillers du président déclare au New York Times que le message du président était très clair : « il veut qu’ils arrêtent ».
(RFI)