Bilan social du « gouvernement de compétences » , «Le fardeau de tous est fait de plumes !»

 


Même après les élections législatives, la caisse générale de compensation est toujours dans la ligne de mire des « réformes ». Les nouvelles inquiétantes pour le pouvoir d’achat des couches populaires se bousculent.

Dernière en date, un projet d’augmentation des tarifs du carburant, comme si celles qui ont déjà eu lieu ne suffisaient pas. Aussi, des bruits de couloir sur la libéralisation du capital de la STEG circulent et se font de plus en plus persistants…

Les choix gouvernementaux ne cessent d’étonner ceux qui ont cru réellement à la Révolution. L’orientation néolibérale est on ne peut plus clair et sa cadence s’accélère… Il agit d’une gestion unilatérale, sans concertation aucune avec les partenaires sociaux. Sa cible favorite est la caisse générale de compensation (CGC). Il faut dire que cette caisse est la bête noire des instances de Bretton Woods et la Tunisie n’est pas imperméable aux diktats des bailleurs de fonds internationaux.

Avec un taux de chômage déclaré de 16% de la population active, un coût de la vie en croissante augmentation et un salaire moyen de 600 dinars/mois, le gouvernement demeure intraitable et compte bien démonter la caisse générale de compensation quitte à ce que cette volonté passe par l’acharnement. Malgré les objections de plus en plus énergiques (UGTT, Organisation de défense des consommateurs, certains partis politiques, forum tunisien des droits économiques et sociaux, associations, etc.), la détermination gouvernementale à démonter la Caisse de compensation demeure sans faille.

 

Dans la tourmente des hausses de prix

 Après la Révolution, la situation a empiré, l’indice général des prix est en hausse exponentielle et les prix des produits alimentaires s’envolent. L’indifférence et la nonchalance des élites gouvernantes envers les couches populaires sont toujours de rigueur.

A contrario de tout ce qu’a demandé la population lors de l’insurrection de 2011, le gouvernement songe-t-il vraiment à ouvrir, prochainement, le capital de banques publiques à la souscription, y compris la STEG ? S’apprête-t-on à éliminer la compensation pour plusieurs produits et services à commencer par l’électricité et pousser à une mutation vers les énergies renouvelables dans une sorte de « calque » du schéma qui s’est passé en France ? Une simple consultation des documents publiés sur le site officiel du ministère de l’industrie à la rubrique « débat national sur l’énergie » permet de défendre cette hypothèse. L’État va-t-il vendre les derniers « bijoux de famille » avant de se replier sur les fonctions dites régaliennes (police, armée, justice) ?

Pour ne rien arranger, le ministre des transports a déclaré l’augmentation des tarifs des transports publics, car l’État, dit-il ne peut plus subventionner le secteur. Le carburant, le tabac, le sucre et le café ont aussi augmenté depuis le 01 Juillet 2014 en catimini, le gouvernement exploitant à son compte l’engloutissement de la population dans le Ramadan et la coupe du monde ainsi que son inquiétude face à la menace terroriste. Le gouvernement a aussi proposé aussi une déduction forcée de 01 à 06 jours de paie sur les salariés. Comble de l’absurde, une taxe sur le mariage qui stipule qu’un couple sur le point de se marier doit payer une taxe de 30 dinars à l’État ! Ni Bourguiba, ni Ben Ali n’ont osé décréter une augmentation en plein mois de Ramadan. Eh bien, le gouvernement de «technocrates» l’a fait. Ce que ne dit pas le gouvernement, c’est que ces augmentations ne sont qu’un test pour sonder jusqu’où peut-il aller dans ses « réformes » de la Caisse de compensation et à quelle vitesse peut-il le faire.  

Le forum tunisien des droits économiques et sociaux a déclaré que Mehdi Jomâa s’est préoccupé exclusivement des ressources de l’État sans prêter attention aux dépenses que l’État doit engager notamment en matière sociale. L’UGTT, quant à lui, refuse la liquidation du système des subventions et compte bien se faire entendre et n’hésite pas, non plus, à demander un audit des comptes de l’État depuis 2011 jusqu’à aujourd’hui pour faire toute la lumière sur les anomalies de gestion. L’organisation de défense des consommateurs refuse les augmentations dans les prix des produits de première nécessité et considère qu’elles sont injustifiées.

Le vrai problème pour lequel s’est insurgée la jeunesse de ce pays est la cherté de la vie et le chômage. Et plus généralement contre la démission de l’État, l’abandon de la majorité écrasante de la population à un sort peu enviable.

Il est vrai que ne plus voir Laârayedh, Harouni, Mekki,  Maâtar, Fakhfakh et les autres, était, pour bon nombre de Tunisiens, un soulagement évident.

L’erreur était de considérer que le gouvernement Jomâa était un cabinet de technocrates qui se limitera à appliquer la feuille de route. Dans ce climat de relâchement, ce gouvernement a mis au point un programme économique et social, le sien, qui n’a jamais, ni discuté, ni, encore moins, avalisé dans le cadre du dialogue national.

 

Chercher l’argent là il se trouve

Pourquoi chercher la cagnotte au mauvais endroit ? Pourquoi prétendre pouvoir combler le trou des finances publiques en grevant le pouvoir d’achat des salariés et les couches populaires ? Pourquoi le gouvernement ne tente-t-il pas d’imposer des taxes sur les fortunes et les patrimoines immenses, sur les transactions boursières et les importations de produits de luxe, etc. ?

 Quand le déficit commercial extérieur atteint les 5000 millions de dinars, il y a lieu de remarquer que le gouvernement n’a imposé aucune restriction sur les importations.  Pourquoi, dans l’état actuel de l’économie tunisienne, importons-nous des fromages, des camemberts, des biscuits, du beurre salé, de l’huile d’olive, du prêt à porter de luxe, de la lingerie fine ?

Les sacrifices sans cesse demandés aux couches populaires peuvent-être plus facilement consentis si elles réalisent que les gouvernants exigent de ceux en ont les capacités des efforts à la mesure de leurs moyens. Réparti équitablement, « le fardeau de tous est fait de plumes ».

Anis Somai

 

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