Par Sami Mahbouli
2 ans avec sursis… avec un tarif aussi doux, mettre le feu à une ambassade va être à la portée de la moindre petite frappe. Après le retentissant fiasco sécuritaire, c’est au tour de notre justice de commettre une « connerie » monumentale. Il est déjà assez choquant que sur les centaines de voyous qui se sont rués sur l’ambassade américaine et sur son école à Tunis, seuls 20 soient encore sous les verrous ; à l’évidence, les trous du tamis étaient assez larges pour faire passer la plupart des mauvaises graines qui ont pris part à ce « barbecue » géant. J’ai, par ailleurs, la vague impression que les juges en charge de l’affaire n’ont aucune notion de géopolitique ou d’économie; ils semblent, par exemple, ignorer que s’attaquer à la souveraineté de la superpuissance planétaire, hisser un drapeau noir sur son ambassade a un coût politique dont on n’a pas fini de payer la note ; au plan économique, le 14 septembre fut une catastrophe sans nom : une réputation internationale en lambeaux, des investisseurs découragés, une destination touristique boudée. Si l’on devait dresser le bilan économique provisoire de cette journée calamiteuse, nul doute qu’on obtiendrait plusieurs milliards de dinars de pertes ; quand on sait l’état de nos finances on ne peut qu’être atterré. Et dire que ces traîtres à la Nation ont bénéficié de la clémence de juges qui émargent au budget tunisien ; sur la prochaine fiche de paie desdits juges, on devrait leur indiquer en rouge vif les recettes budgétaires qui se sont évaporées par la faute de la vermine qui a fendu leurs petits cœurs tendres. Qu’on ne vienne pas me parler de l’indépendance de la justice quand les intérêts supérieurs de mon pays sont remis en cause par des décisions judiciaires aussi ineptes qu’aberrantes ; avant de choisir la sanction appropriée, il n’est pas interdit à un juge de prendre en compte les graves implications de la faute pénale commise : tous les jours, des voleurs de poules sont condamnés à de la prison ferme et par suite accorder le sursis d’exécution à un criminel qui joue avec l’avenir de 11 millions d’âmes est le comble de l’inconscience. Les cris de vierges effarouchées suscités par le communiqué de l’ambassade américaine ne pèsent pas grand-chose devant la clameur d’indignation soulevée par une décision aussi scandaleuse.
Entendre quotidiennement des énormités n’est pas sans risques : nos pauvres oreilles, soumises à rude épreuve, peuvent y laisser leur chasteté. Les derniers propos de Samir Ben Amor dans l’émission « Essaraha Raha » procèdent de ces nuisances pour notre santé auditive. Epiphénomène médiatique et rhéteur médiocre, cet ex-conseiller à la Présidence nous a livré toute l’étendue de son savoir politique en affirmant, du haut de ses petites jambes, que Si Béji Caïd Essebsi était plus dangereux pour la Tunisie que le fuyard, Abou Iyadh. Je veux bien croire que les derniers sondages de Si Béji agitent les nuits de Samir Ben Amor et affectent son appétit, mais de là à pondre des âneries pareilles, il y a un pas à ne pas franchir. A moins que dans l’échelle des valeurs de l’ex-conseiller, un extrémiste recherché par toutes les polices et qui prône la subversion et le Jihad vaut mieux qu’un grand commis de l’État qui a permis au pays d’accéder aux premières élections libres de son histoire ; on peut, à ce compte là, mettre Ben Laden au niveau de Mandela et Carlos au niveau de Stéphane Hessel. Quand une nation est en proie au délire de fanatiques, on est en droit d’espérer des responsables politiques, même au CV modeste, qu’ils domestiquent leurs sentiments de haine et évitent des comparaisons qui achèvent de les déconsidérer aux yeux de leurs concitoyens.
Email: avocatmahbouli@gmail.com