BLOC-NOTES

Par Sami Mahbouli

Le respect des institutions de l’État dont celle de la Présidence est crucial dans une période propice à la chienlit ; cette vérité d’évidence ne doit pas en occulter une autre : les institutions et leurs représentants doivent, par leur comportement et prises de positions,  s’attirer le respect des citoyens. Quand un président de la République soutient des comportements rétrogrades et encourage ainsi la dérive obscurantiste qui menace notre nation, il ne peut espérer renforcer le crédit de l’institution qu’il incarne. Est-il besoin de lui rappeler que lorsque le terrorisme islamiste fauche nos frères à Chaambi et que des salafistes arrogants bravent, à travers tout le pays,la loi et l’État, la moindre manifestation d’empathie à l’égard des adeptes du fanatisme religieux, fût-il sous sa forme vestimentaire, constitue une forfaiture. N’y a-t-il pas de causes plus prioritaires que celle d’une poignée d’étudiantes « cagoulées » bravant les règles les plus élémentaires d’une vie universitaire contemporaine ?  Doit-on céder devant ces pauvres filles qui se trompent de pays et d’époque ? Au pire, ne serait-il pas préférable de leur proposer des bourses d’études pour « l’Université libre » de Kandahar où elles pourront vivre leur particularisme en toute sérénité ? Si le président Marzouki s’était posé ne serait-ce qu’une seule de ces questions, il aurait échappé aux huées et à l’avalanche de critiques suscitées  par sa douteuse défense du droit à la différence. De surcroît, à force de provoquer par des propos inconsidérés, tantôt la consternation tantôt l’indignation, notre président prend le risque que certains réclament avec insistance l’application de « la jurisprudence Deschanel ».

 

Une précision terminologique mérite d’être faite : il y a les « salafistes » qui vivent en paix avec leur entourage  et les « salofistes » qui veulent imposer par la force leur vision rétrograde de la société. Les derniers événements portent à croire que la Tunisie se « farcit » essentiellement des « salofistes » ; leur haine de l’ordre républicain s’est manifestée dans toute sa splendeur, dimanche dernier, à Ettadhamen où ils ont démontré leur adresse au jet de pierre et de Molotov en direction des policiers. Grâce aux « Salofistes » et à leur capacité à nous attirer la sympathie de l’Occident, les  images d’une Tunisie paisible ont tourné en boucle sur les chaînes internationales augurant d’une saison touristique exceptionnelle…Le gouvernement et, en particulier,  le ministre de l’Intérieur ont semble-t-il saisi le risque de laisser ces excités imposer leur loi au pays; si les «Salofistes» ne comprennent que la manière forte, l’intérêt de la nation commande d’y recourir sans états d’âme. Je ne vois aucune raison de ménager des individus qui causent à notre pays des dégâts irréparables en termes d’image et le conduisent à sa perte ; ceux qui, au nom de Dieu, sont prêts à égorger un policier et ne font que traiter leurs concitoyens de mécréants n’ont droit à aucune clémence ; chaque fois que les démocraties ont reculé devant la barbarie, elles en ont payé un prix exorbitant. Au lieu de s’étriper sur la moindre virgule de la future Constitution, nos partis politiques feraient mieux de proclamer leur soutien aux forces de l’ordre dans ce bras de fer contre les forces de l’arriération. Dans ce combat pour la survie de notre nation, les médias ont, également, une responsabilité majeure : ce n’est sûrement pas en invitant des disciples de Ben Laden sur les plateaux télé  ou en en donnant, au journal de 20 heures,  la parole aux salafistes jihadistes qu’ils peuvent s’en acquitter honorablement ; l’obsession de l’audimat doit être tempérée par le souci de ne pas servir de tribune au fanatisme religieux. Faire, sans même le vouloir, de la publicité aux fossoyeurs de notre paix civile revient à faire le jeu de cette graine malfaisante qui croit avoir trouvé en Tunisie un sol fertile.

Email : avocatmahbouli@gmail.com  

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