BLOC-NOTES

Par Sami Mahbouli

Disposer d’un ministre du Tourisme pourvu d’un aussi vaste sens de l’humour n’est pas donné à tous ; sa dernière déclaration relative à la faiblesse de l’impact des événements de Chaambi et des visites des prédicateurs sur la prochaine saison touristique en Tunisie témoigne d’un talent d’amuseur dont il aurait tort de ne pas tirer profit, une fois sa mission gouvernementale achevée. Imaginer que les tours opérateurs prennent à la légère les activités terroristes sur notre sol et l’exaltation des passions religieuses que suscite chaque visite d’un illuminé d’Orient, est un sommet dans  l’ingénuité. Déjà que depuis deux ans, on ne peut pas vraiment dire que nous offrons un visage particulièrement rassurant : des barbus aux sabres effilés, aux appels à l’Holocauste, au lynchage et à l’assassinat d’opposants politiques, nous avons l’embarras du choix. Quel besoin y a-t-il, à la veille de chaque saison touristique,  d’accueillir des prédicateurs sulfureux et de leur permettre de sillonner des zones comme Hammamet ou Mahdia ? Le touriste autrichien ou belge en vacances dans ces deux stations touristiques risquerait d’être saisi d’effroi devant ces rassemblements aux allures menaçantes  d’autant qu’il ne pensait pas se rendre en terre de djihad. Interdire notre pays à ces marchands de boniments  et de sermons à deux sous n’est pas la solution, puisque la demande locale semble florissante ; en fixer le calendrier des visites et en baliser le périple est le moins qu’on puisse attendre des autorités si l’on ne veut pas que le tourisme fasse, bientôt, partie de l’enseignement de l’histoire de notre pays.

 

Même si ce n’était pas la foule des grands jours, la tenue du pèlerinage de la Ghriba est en soi un motif de satisfaction et une victoire sur la bêtise raciste. Que les Juifs de notre pays et du monde puissent venir communier dans la plus vieille synagogue d’Afrique ne peut que restaurer l’image de tolérance et de paix que la Tunisie a toujours eue. La plupart des Tunisiens ont été choqués, après la Révolution, d’assister à des manifestations d’antisémitisme indignes de la réputation de notre pays. Que ce soit la société civile ou les pouvoirs publics, la condamnation fut unanime ; il faut reconnaître que le Président Marzouki sût trouver, à cette occasion,  les mots les plus durs pour flétrir toute atteinte à la dignité et à l’intégrité des juifs tunisiens. Le combat doit se poursuivre car les adeptes de l’amalgame et du nettoyage ethnique ne désarment pas ; une vulgate clairement antisémite continue à être colportée dans notre pays sans que la justice tunisienne ne réagisse sérieusement : quelles sont les sanctions prises à l’encontre de ceux qui ont insulté Gilbert Naccache ou appelé au meurtre des juifs et à la stérilisation de leurs femmes ? A ma connaissance, aucune. Si certains tiennent absolument à inclure la criminalisation de la normalisation avec Israël dans notre future Constitution, j’estime  bien plus urgent  d’y inscrire une disposition qui criminalise le racisme et l’intolérance religieuse.

 

Tandis que nous blindons notre Constitution contre les rapports avec l’entité sioniste, Tzipi Livni, actuelle ministre de la Justice d’Israël, elle, n’hésite pas à offrir sa constitution au rapprochement arabo-israélien ; dans une récente interview, cette dernière confesse avoir entretenu des relations inavouables avec des personnalités arabes lorsqu’elle officiait au Mossad ; le don de sa personne visait à leur soutirer des informations et, accessoirement,  à favoriser leur élimination physique. Mme Livni pousse le patriotisme jusqu’à affirmer qu’elle serait prête à reprendre du service si l’intérêt d’Israël l’exigeait ; elle semble oublier, au passage, que l’œuvre du temps sur sa plastique risque de compliquer sérieusement sa tâche à moins qu’elle ne se spécialise dans le divertissement des anciens combattants. J’ai souvenance d’un livre commis par la maîtresse de Roland Dumas, l’ancien chef de la diplomatie française sous Mitterrand,  intitulé « La Putain de la République » ; le titre étant déjà pris, Mme Livni pourrait se rabattre sur celui de « La Catin de l’Entité ». 

Email :avocatmahbouli@gmail.com   

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