BLOC-NOTES

Par Sami Mahbouli

On peut être réservé quant à la théorie de l’homme providentiel et admettre que Béji Caïd Essebsi a rendu, depuis la Révolution de janvier 2011, de fiers services à la nation.  Au lendemain de la démission de Mohamed Ghanouchi,  on ne se  bousculait pas au portillon pour se saisir de la patate chaude que constituait la gestion d’un pays en ébullition. Fort de son expérience étatique et animé d’un sens aigu de l’intérêt national, Béji Caïd Essebsi a su naviguer habilement entre les récifs jusqu’à conduire le pays à bon port. Il restera, à jamais, celui qui aura organisé, en octobre 2011, les premières élections libres de notre histoire. Un autre que lui aurait choisi, une fois sa mission accomplie, de jouir d’une retraite paisible et de laisser l’arène politique aux innombrables carnassiers qui s’y pressent. Mais, face au déferlement de la vague obscurantiste et à la montée des périls de toutes natures, il prit le pari audacieux de créer un mouvement politique capable de faire pièce au parti islamiste et de constituer une alternative de pouvoir crédible. Les résultats du scrutin du 26 octobre 2014 récompensent la pertinence de son choix et le travail titanesque accompli sous sa houlette par Nida Tounès. La prochaine bataille électorale pourrait le porter au sommet de l’État et couronner soixante années de dévouement à la dgfev online casino patrie.

 

« Panique sous les cocotiers », Mustapha Ben Jaâfar sonne la mobilisation générale des éclopés des législatives et appelle à la désignation d’un candidat unique pour affronter le grand vainqueur du premier round, Caïd Essebsi. A voir la mine défaite de ceux qu’il a réunis autour d’une table aux allures d’un cercueil à peine refermé, on sent que le docteur Mustapha n’est pas au bout de ses peines et qu’il faudra bien plus que sa bonne bouille pour les convertir à la croyance du candidat unique ; d’ailleurs, Nejib Chebbi a mis la première pelletée de terre sur ce mort-né de notre scène politique en déclarant que l’initiative de Ben Jaâfar était trop tardive. Le « Tout sauf Béji » dont il a fait un cri de ralliement risque de devenir rapidement inaudible ou, pis encore, d’être perçu comme le trépignement de rage d’un garnement qu’on vient de priver de son jouet. Au lieu de s’épuiser dans d’inutiles «Combinazione», Mustapha Ben Jaâfar doit marcher droit vers la trappe électorale ne serait-ce que  par solidarité à l’égard de ses fidèles d’Ettakattol et, le cas échéant,  partager avec eux le même triste sort.

 

« Persona non grata » n’est ni une insulte ni une marque d’infamie qui vous suit pour la vie ; cela signifie seulement que vous n’êtes pas le bienvenu sur un territoire donné à un moment donné. Les Tunisiens sont plutôt des gens doués du sens de l’hospitalité et qui n’ont point la réputation de renvoyer leurs hôtes sans aucune raison. S’agissant de Bernard-Henri Lévy, il faut reconnaître que les raisons ne manquent pas : ses menées subversives en Libye et son alignement béat à la politique israélienne ne sont pas des pêchés véniels surtout de ce côté de la Méditerranée. Faire de notre territoire un lieu où s’élaborent ses ténébreux desseins en Libye ne pouvait le rendre éligible à un accueil VIP surtout lorsqu’ont sait, qu’en 2011, il se vantait de servir de facteur entre Netanyahu et les rebelles libyens. S’arrogeant le titre d’intraitable défenseur des Droits de l’Homme, BHL devient sourd, muet et aveugle dès que l’État sioniste déverse sa barbarie à Gaza ou en Cisjordanie. Avec un tel curriculum vitae, on peut comprendre que son escapade tunisienne ne soit pas du goût de tout le monde. Ce n’est pas seulement tout le cinéma habituel de BHL qui déplaît mais également son théâtre : sa dernière pièce « Hôtel Europe » vient d’être déprogrammée compte tenu de son insuccès auprès du public parisien.

avocatmahbouli@gmail.com

 

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