BLOC-NOTES

La condescendance est une attitude dont les Tunisiens ont suffisamment souffert, par le passé, pour qu’ils n’aient pas à la subir de la part de nos dirigeants actuels. Ils sont nombreux, en effet, à avoir déploré la tonalité et les propos du Président Marzouki au sujet du Gouverneur de la Banque Centrale, Mustapha Kamel Nabli. Avec une moue dédaigneuse, le Président a annoncé qu’il avait la ferme intention de le congédier ajoutant au passage que le récent Prix de «Meilleur Gouverneur de Banque Centrale africain» attribué à ce grand commis de l’Etat ne lui faisait ni chaud ni froid. A ce niveau de responsabilités, on a le devoir de dissimuler ses antipathies et, en tout état de cause, de ne jamais porter publiquement atteinte au crédit d’un haut fonctionnaire. Les institutions du pays sont déjà en assez piteux état, pour que le Président Marzouki n’en rajoute pas une louche. Outre la forme désastreuse, il semblerait que, sur le fond, tout ne soit pas aussi simple : le Gouverneur de la Banque Centrale ne peut être remercié sans l’assentiment de l’Assemblée Constituante. Piqué au vif, Mr Nabli a fait savoir, en conférence de presse, qu’il connaissait parfaitement les textes qui régissent ses fonctions et que, par conséquent, il n’était pas prêt à se laisser éjecter comme un laquais.

Indépendamment des qualités de cet économiste et de son aura internationale, cette insolente manifestation d’indépendance nous change d’une époque récente où les responsables politiques se prosternaient au moindre froncement de sourcils de Ben Ali. Lors de la récente émission d’Hannibal TV consacrée au Président de la République, Dr.Moncef Marzouki, la gouvernante du Palais de Carthage ne tarissait pas d’éloges sur la modestie et la courtoisie du nouvel occupant. Est-ce trop demander à notre cher Président de traiter le Gouverneur de la Banque Centrale tunisienne avec, au moins, les mêmes égards que sa gouvernante ?

 

Franchement, vu nos notes chez Standard & Poor’s, l’agitation sociale endémique, et la terreur salafiste, savoir que le gendre du Ministre-conseiller à la Présidence, Me Samir Ben Amor, emprunte des voitures officielles pour des virées personnelles n’est pas la fin du monde. Parler d’un retour du népotisme trabelsien et pousser des cris d’orfraie pour une peccadille procède d’une solide mauvaise foi. Après tout, un gendre a droit à de l’indulgence surtout s’il assure le bonheur de votre progéniture depuis de longues années ; l’emprunt d’un véhicule officiel pour éviter les désagréments des transports publics, ne mérite pas la Cour de discipline financière de la Cour des Comptes et encore moins l’indignité nationale. Ce n’est pas la première fois, dans l’histoire de notre pays, qu’un beau-père doit essuyer les plâtres de ses gendres et risquer l’impopularité en raison de leur goût prononcé pour les biens publics. Cela me rappelle cet ancien couplet « Ah, quel malheur d’avoir un gendre !» que les Parisiens  fredonnaient au lendemain de la démission, en 1887, du Président de la République française Jules Grevy dont le gendre, Daniel Wilson, fut accusé de trafic de décorations. Me Samir Ben Amor pourra se consoler en songeant qu’il partage l’infortune de bien illustres personnages.

 

La vigilance est de rigueur depuis que l’on a appris, dernièrement, la mésaventure d’une policière belge ; ayant décidé de verbaliser une femme portant le Niqab, elle ne pensait pas être tombée sur une adepte des arts martiaux et plus précisément du «Zamaqtol», le Kung-Fu salafiste. Résultat : un nez cassé, moult dégâts corporels et toute la Belgique en émoi. Qu’on se le dise, une femme «niqabisée» peut être redoutable et vous causer un séjour prolongé en établissement hospitalier. En période de grande chaleur, emmitouflée dans un vêtement hermétique à l’air, il y a peu de chance que cette dernière soit d’une humeur guillerette et vous passe la moindre réflexion déplacée. Il est donc recommandé d’observer vis-à-vis d’elle une distance respectable et de changer même de trottoir si l’on ne souhaite pas consacrer son été à remplir les fiches de remboursement de soins de la CNAM. Ces jours-ci, Mustapha Ben Jaafar s’est voulu rassurant en proclamant que La Tunisie ne sera jamais Kandahar. On veut bien le croire et, néanmoins, espérer qu’il ne s’agisse pas de la dernière blague belge…

Par Sami Mahbouli

 

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