Et ce qui devait advenir, advint ; deux ans de laxisme et d’incurie ne pouvaient que paver la voie au terrorisme aveugle. Quand des fanatiques prennent d’assaut nos universités, nos mosquées et nos rues ; quand des fonctionnaires et des
Entendre cette jeune touriste raconter qu’elle se détendait sous un parasol lorsqu’elle a vu une jambe tomber près d’elle a dû représenter un véritable supplice pour tout Tunisien qui aime son pays ; les commanditaires de l’attentat kamikaze de Sousse ont bien compris que frapper notre tourisme est le meilleur moyen de mettre le pays à genoux ; il faut dire qu’avant que ce pauvre malade ne se fasse exploser sur une plage touristique, ses « cousins » y organisaient de grands rassemblements religieux où drapeaux noirs et longues barbes tenaient la vedette. Le ministre du Tourisme, l’inégalable Gamra, ne s’en était pas véritablement ému jugeant ces démonstrations publiques de ferveur religieuse sans impact sur ce secteur vital de notre économie ; j’espère, cette fois-ci, qu’il ne considérera pas que le vol plané d’une jambe sur une plage fréquentée par des touristes sera sans incidence. En tout cas, si ledit ministre cherche un slogan pour la prochaine saison touristique, il l’a trouvé : « Cette année, viens prendre ton pied en Tunisie ».
Il y a des lapsus qui, lorsqu’ils se répètent, en deviennent révélateurs. Après le bâtonnier Ben Moussa, c’est au tour de Me Nejib Chebbi de qualifier le dialogue en cours « d’âne national » ; Une langue peut fourcher même lorsqu’elle appartient à une éminente personnalité et nul ne songe à lui en tenir rigueur. Ceci dit, un regard lucide sur les résultats atteints par le « dialogue national » pourrait aisément nous faire « ânonner » notre mécontentement et estimer que l’on nous prend pour des « bourriques ». En effet, que les grands partis ne parviennent à se mettre d’accord sur le nom du futur chef de gouvernement alors que le pays est au bord du précipice est à vous dégoûter à vie de la démocratie. Que leur faut-il de plus que des kamikazes qui gambadent sur nos plages pour mettre leurs calculs étroits de côté ? Faudra-t-il qu’un carnage se produise pour que la notion d’intérêt national se fraye un chemin dans leurs « caboches » ? J’ai bien peur que si nos brillants politiciens continuent à se chamailler sur le sexe des anges alors que le pays agonise, ils envieront bientôt le sort des bourricots.
Sami Mahbouli