BLOC NOTE Par Sami Mahbouli N°1469

 


Par Sami Mahbouli

Pour le nouveau gouvernement, l’état de grâce est bel et bien fini : le massacre de nos gardes nationaux sur une route désolée de Jendouba le met face à ses responsabilités. A aucun moment de notre histoire nous avons eu à affronter une menace terroriste aussi grave ; face à celle-ci, les compétences de l’équipe gouvernementale seront utiles mais, néanmoins, insuffisantes si l’on ne saisit pas que la Tunisie est entrée en guerre. Que faut-il de plus pour s’en convaincre : des soldats égorgés, des embuscades de plus en plus meurtrières pour nos forces de l’ordre, des caches d’armes disséminées à travers le pays et des terroristes qui sèment l’effroi au cœur de nos villes. Croire que l’on se débarrassera de la lèpre terroriste par des slogans et des péroraisons patriotiques serait faire preuve d’un angélisme mortel ; seule une mobilisation exceptionnelle de moyens financiers et humains au profit de nos forces de l’ordre et de notre armée pourrait nous sortir vainqueur de l’épreuve. Pourquoi pas un emprunt national pour financer cet effort de guerre ? Je crois les Tunisiens suffisamment patriotes et conscients des enjeux pour souscrire avec enthousiasme à un tel emprunt. Les ressources allouées aux ministères de la Défense et de l’Intérieur par la loi de Finances de 2014 ne peuvent en aucun cas suffire pour affronter efficacement le défi terroriste. Quémander une aide financière étrangère alors que se joue le destin de notre pays serait honteux. Je suis persuadé qu’un emprunt national contribuera à renforcer le front intérieur et délivrera un message fort à la charogne qui s’en prend à ce pays pacifique qu’a toujours été la Tunisie : 11 millions de Tunisiens auxquels s’ajoutent plus d’un million de compatriotes à l’étranger sont prêts, dans un même élan, à mettre la main à la poche pour remporter la guerre contre le terrorisme.

 

Alors que le pays côtoie l’abîme, certains trouvent encore le temps de jouer à « La Comédia » de la pureté révolutionnaire : notre perle nationale, Jawhar Mbarek, refuse de prendre part aux réunions du « Front du salut» tant que Nidaa Tounès y sera représenté ; le remuant fondateur d’une association née, comme tant d’autres, à la faveur de la bouffée de chaleur révolutionnaire se reconnaît un droit de regard sur les recrutements de Nidaa Tounés ; notre preux chevalier de l’intransigeance morale considère que le recours de ce parti à un homme comme Mohamed Ghariani constitue un crime de lèse-révolution. Il faudrait que ce dernier, après avoir payé au prix fort son engagement politique passé, soit en plus dépouillé des attributs de la citoyenneté et achève son existence dans l’oubli et le dénuement. Une bien curieuse conception des droits civils et politiques pour une personne qui se prétend un défenseur acharné des principes démocratiques. Rassurons-nous : ce n’est pas pour une malheureuse chaise vide que Nidaa Tounés risque de tourner le dos à ses convictions et notamment celle du refus de l’exclusion.

 

Depuis que j’ai aperçu Bernard-Henri Lévy haranguer la foule à Kiev, je tremble pour les Ukrainiens. Il n’y a pas si longtemps, le philosophe va-t-en-guerre, s’était mis en tête de libérer les peuples arabes. Son premier essai fut avec la Libye et les faramineux résultats que l’on connaît : des dizaines de milliers de morts, des éclopés à la pelle, un État en miettes et un pays à la dérive ; BHL, on le comprend sans peine, évite désormais soigneusement d’aborder la question libyenne de peur de se couvrir de ridicule ; qu’importe, Kiev est si loin de Tripoli et avec un peu de chance les Ukrainiens n’auront pas entendu parler de ses exploits libyens. Encore un conflit armé ou une petite guerre civile et BHL méritera d’être traité par la postérité comme l’égal d’Attila : « là où passe son cheval, l’herbe ne repousse pas ».

 

avocatmahbouli@gmail.com

 

 

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