Désigné depuis juillet dernier à la tête des opérations de La Banque Mondiale (BM) pour la Tunisie, Antonius Tony Verheijen était l’invité d’Expresso de ce mardi 15 août 2017 pour évoquer les projets de l’institution mondiale en Tunisie et la conjoncture économique du pays.
Sur la question de la privatisation des entreprises publiques, Antonius Tony Verheijen affirme qu’il ne s’agit pas forcément de la meilleure solution. « Il faut que l’État commence, tout d’abord, par remettre de l’ordre dans ses entreprises publiques pour les restructurer. Ensuite, il doit regarder s’il y a des investisseurs intéressés. La privatisation est une bonne solution, mais uniquement lorsqu’il y a des investisseurs intéressés par les entreprises en question », explique-t-il au micro de Nada Mansour.
Stimuler le secteur privé pour lutter contre la corruption
Le responsable de la BM a également été interpellé sur la crise des banques publiques en Tunisie. Leur privatisation – si la question est étudiée par le gouvernement -, doit obéir aux mêmes règles de la privatisation des autres entreprises publiques, à savoir la restructuration. « Il faut les remettre en bon état. L’État, par la suite, doit juger s’il est nécessaire de les revendre ou d’en céder une partie. C’est une décision du gouvernement, l’essentiel est de les remettre sur pieds », affirme-t-il.
Sur la question de la chute du dinar, Antonius Tony Verheijen juge nécessaire une politique de stabilité macroéconomique. Les retombées d’une telle politique, selon le responsable de la BM, sont observables à long terme.
La corruption et la gouvernance ont également été mises sur la table. Dans le cadre de la lutte contre la corruption, il suggère le développement du secteur privé. « Les entreprises publiques sont exposées au phénomène », déclare-t-il, appelant à renforcer le secteur privé et à fixer des limites aux activités des entreprises publiques.
« La BM est satisfaite de la Tunisie »
D’autre part, le responsable des opérations de la BM pour la Tunisie a évoqué l’engagement de l’institution en Tunisie. Il est défini sur trois axes : la développement économique et l’investissement, l’égalité en faveur des régions intérieures et la garantie de la qualité des institutions de l’État et de la Fonction Publique.
La BM, selon Antonius Tony Verheijen, a d’un autre côté entamé un partenariat avec la Tunisie qui a déjà porté ses fruits. « Il y a le projet de la gestion intégrée des paysages au Nord-Ouest de la Tunisie, ainsi que le projet Opportunités Jeunesse qui sera discuté en septembre prochain. Les régions défavorisées profiteront également du projet Irrigation et agriculture. Dans les 9 prochains mois, nous fixerons de nouvelles priorités en fonction de l’évolution de la situation », explique le responsable de la BM, qui ajoute que la Banque est satisfaite du partenariat avec la Tunisie.
Autre sujet abordé : le modèle économique de la Tunisie face à la crise. « Nous sommes satisfaits des progrès politiques de la Tunisie en cette période de transition. Désormais, il faut se consacrer à la transition économique », dit-il. Reconsidérer le rôle de l’État dans l’économie est l’un des points évoqués par Antonius Tony Verheijen, qui insiste sur la nécessité de stimuler le secteur privé, l’investissement et la jeunesse. « Il faut s’inscrire dans une optique de partenariat public-privé », estime-t-il.