Face à la polémique qui a enflé depuis sa libération, Borhène Bsaies a décidé de réagir dans un statut publié ce jeudi 27 décembre 2018 sur Facebook, pour répondre au président de l’Association des Magistrats Tunisiens (AMT), Anas Hamadi. Le dirigeant au sein de Nidaa Tounes a affirmé que ses avocats ont présenté une demande de grâce au président de la République conformément aux principes constitutionnels. La demande n’a donc pas été adressée au ministère de la Justice.
Bsaies s’est dit surpris par les réactions du président de l’AMT qui doit pourtant être « un fin connaisseur de la loi » selon lui. « Il est clair que sa réaction découle d’une position politique et non judiciaire », a assuré l’ex-détenu qui a, par la suite, tenu à « éclaircir » certains points. « J’ai été jugé pour une affaire qui remonte à l’époque de l’ancien président de la République Zine Abidine Ben Ali. J’ai été chargé d’effectuer certaines tâches pour le compte de l’Etat tunisien. Après la chute du régime, on a jugé que ces procédures étaient illégales. Pourtant, tout le monde sait que ces pratiques n’avaient rien de nouveau en plus de 50 ans de règne entre Bourguiba et Ben Ali. Elles ont concerné des milliers de fonctionnaires et ça continue aujourd’hui. Or, il n’y a que Borhene Bsaies qui a été choisi parmi les milliers de fonctionnaires pour être poursuivi juridiquement », a-t-il déploré.
Borhène Bsaies considère, par ailleurs, que son arrestation a été faite sous la pression dans le cadre d’une justice transitionnelle de vengeance. « Borhène Bsaies a été le seul condamné qui a restitué l’argent aux caisses de l’Etat. Mon arrestation a été faite en un temps record, outrepassant toutes les procédures légales », a-t-il encore écrit.
S’adressant au président de l’AMT, l’ancien détenu a assuré que ce dernier est à la tête d’une association qui fait de la politique depuis l’époque de Ben Ali. « Vous avez été irrité par la grâce qui m’a été accordée. Pour quelle raison n’avez-vous pas ressenti la même chose lorsqu’une amnistie a été décrétée au profit des tueurs de nos soldats et des poseurs de bombes ? Vous ne vous êtes pas posé de questions au sujet de la mascarade en Libye, lorsque l’ancien chef du gouvernement libyen, Baghdadi Mahmoudi, a été livré à des gangs armés ? […] J’ai été jeté en prison suite à une décision politique. Dans le pays, il existe des affaires bien plus importantes que la grâce accordée à Borhène Bsaies », a encore souligné Borhène Bsaies.