La tension est palpable à l’ARP, mercredi 7 décembre, à l’heure où les députés sont en train de discuter le budget 2017 de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) en séance plénière. Et pour cause : les différends entre certains députés et les membres de l’IVD. Tout a commencé la semaine dernière, lorsque la séance plénière qui devait être consacrée au budget de l’Instance, a dû être reportée, en raison de l’absence de Sihem Ben Sedrine, sa présidente, en déplacement au Panama.
Un report qui n’était pas du goût de tout le monde, notamment Adel Maïzi, membre de l’IVD, qui a contesté le vote pour ledit report et qui a été accusé d’avoir agressé verbalement des députés de Nidaa Tounes, à en croire l’élue Héla Omrane.
D’ailleurs, plusieurs députés du même parti se sont opposés, ce matin, à la présence de Adel Maïzi à l’ARP. Le coup d’envoi de la séance, par conséquent, a été retardé de près de deux heures.
Et ce ne sont pas les piques, adressées à l’IVD et à sa présidente, qui manquaient de la députée de Nidaa Tounes Héla Omrane. D’autres élus ont appelé à interroger Sihem Ben Sedrine sur d’éventuels dépassements qui auraient été commis au sein de l’Instance.
Sihem Ben Sedrine et son vice-président étaient présents à cette séance.
Certains membres de l’IVD ont contesté « les pressions exercées par les députés sur Adel Maïzi ». Dans ce contexte houleux, ce dernier a affirmé avoir été victime d’accusations ne respectant pas l’éthique.
Les élus n’ont pas caché leur mécontentement et remis en question l’objectivité de l’Instance.
Walid Jalled, est allé jusqu’à appeler Sihem Ben Sedrine à démissionner, considérant que « la présidente de l’IVD a échoué à faire l’unanimité ». Et de faire remarquer que « les séances d’écoute se sont transformées en instrumentalisation des sentiments des victimes. Aussi 63.000 dossiers ont été soumis à l’IVD et seuls 11.000 ont été traités, nous voulons savoir quels sont les critères de sélection des dossiers ». L’élu s’est ensuite adresser directement à la présidente de l’IVD, pour l’appeler, comme il le souligne, « gentiment » à démissionner et cela a-t-il tenu à préciser« pour sauver le processus de justice transitionnelle ». « L’IVD n’a pas respecté les décisions émanant de la justice administrative alors comment voulez vous que le peuple respecte les décisions de l’Instance ? ». Le constat de l’élu est on ne peut plus clair.
Pour sa part, l’élue Afek Tounes, Hager Ben Cheikh Ahmed, s’est exprimée sur la justice transitionnelle telle qu’elle semble être perçue par l’Instance. « La justice transitionnelle est un bien noble mot pour celui qui en saisit le sens, mais il y en a qui y voient la division et les représailles. Nous avons attendu de voir la vérité apparaitre et les victimes retrouver leurs droits, au lieu de cela nous avons eu droit à de la condescendance et à de l’arrogance » a-t-elle déclaré, ajoutant que « l’IVD a signé avec un média étranger avant même la presse publique nationale. Et puis l’Instance aurait dû fournir à l’ARP les raisons exactes de la vacance de certains postes en son sein » pour souligner , ensuite, que la justice prônée par l’IVD ne consacre pas le principe de la réconciliation « pilier de la justice transitionnelle ».
« Quelle justice transitionnelle veut appliquer l’IVD, veut elle une justice vindicative qui divisera les Tunisiens ? Celui qui aime vraiment son pays ne divise pas ses enfants » a lancé Hager Ben Cheikh Ahmed, soulignant avec force que « l’IVD est devant une responsabilité historique, et l’histoire ne pardonne pas ».
Rappelons que l’Instance a suggéré un budget de 27 millions de dinars pour 2017, alors que le gouvernement d’union nationale, n’a, pour sa part, proposé que 10,9 millions de dinars.