Un nouveau coup dur pour la presse écrite électronique. Le conseil d’administration de DMC SA, la société éditrice de Business News Arabe, a décidé d'arrêter définitivement la parution du journal. et pour cause, “le journal n’a pas réussi à décoller et générer suffisamment d’audience pour convaincre les annonceurs publicitaires”, a précisé l’éditeur dans un communiqué publié, ce lundi 2 janvier 2023, sur son site officiel.
Ci-après l’intégralité du communiqué :
“Une décision lourde et douloureuse a été prise, la dernière semaine de l’année 2022, par le conseil d’administration de DMC SA, la société éditrice de Business News Arabe, et approuvée par son conseil de rédaction, à savoir arrêter définitivement la parution du journal, quatre ans après sa création. En dépit des efforts fournis par les journalistes de Business News Arabe, le journal n’a pas réussi à décoller et générer suffisamment d’audience pour convaincre les annonceurs publicitaires.
Le journal représente un vrai gouffre financier pour la société éditrice dont 100% des revenus proviennent de la publicité. À ce jour, DMC SA ne reçoit aucune subvention et aucune aide de quelque partie que ce soit.
Maintes fois reportée, la décision de fermeture est finalement intervenue à la fin de l’année 2022, la société DMC ne pouvant plus supporter davantage le déficit causé par Business News Arabe, en partie, mais aussi par la crise économique que traverse la Tunisie depuis des années et, particulièrement, depuis le putsch du 25 juillet 2021.
DMC SA s’attèlera, pour 2023, à équilibrer ses comptes et absorber ses déficits antérieurs afin de permettre la pérennité de ses titres Business News, BN Check et Business News sur Tiktok. Déficits couverts, jusque-là, par les apports financiers de ses actionnaires Karim Guellaty et Nizar Bahloul et par des crédits bancaires.
La disparition de Business News Arabe est douloureuse, mais ça n’a rien d’une première, c’est le énième journal qui disparaît du paysage médiatique tunisien depuis la révolution. Elle ne sera pas la dernière hélas.
Pour survivre, l’écosystème médiatique a besoin d’un public qui paie l’information qu’il consomme, chose qui n’est pas dans notre culture. Il a également besoin d’apports publics, sous forme de subventions et de publicité publique, et c’est ce qui se passe dans la majorité des pays développés, convaincus qu’il ne saurait y avoir de démocratie sans médias indépendants et libres.
Un pays, quel qu’il soit, a besoin de médias régionaux, de médias spécialisés et de médias qui participent à l’établissement d’une société démocratique. En Tunisie, aucun gouvernement depuis la révolution n’a eu la maturité requise pour comprendre ce qui est une évidence dans les pays développés.
Sans aides, sans subventions, sans publicité publique, les médias se trouvent automatiquement à la merci de l’annonceur privé qui, pour des raisons économiques logiques, n’obéit qu’à la loi du retour sur investissement. C’est-à-dire l’audience. Et pour capter l’audience, la qualité n’est pas requise, c’est même tout le contraire…"
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