Canal de Suez: Comment L’Ever Given s’est ensablé, comment il a été libéré

Photo fournie par l'Autorité du canal de Suez montrant l'Ever Given après son renflouement, le 29 mars 2021

Il aura fallu 7 jours pour dégager l’Ever Given, ce porte conteneurs de 220.000 tonnes qui bloquait le canal de Suez. Le commerce mondial a été ralenti à cause d’un vent de sable.
Quelques grains de sable ont suffi à freiner l’économie mondiale. Jamais une allégorie n’a été si proche de la réalité. Le 23 mars, l’Ever Given, un porte-conteneurs de 220.000 tonnes battant pavillon panaméen chargé de milliers conteneurs à destination de Rotterdam, aux Pays-Bas, s’est échoué sur les rives du canal de Suez.
Il a fallu une semaine pour libérer ce passage, par lequel transitent 10% des transports maritimes mondiaux. Près de 19.000 navires ont emprunté le canal en 2020, selon l’Autorité du canal de Suez (SCA).
Près de 450 navires engagés dans le canal ont dû attendre pour livrer leurs marchandises partout sur la planète. Le coût se compte déjà en dizaines de milliards d’euros et les plaignants en centaines.
*Déporté par le « khamsin »
Désormais, il s’agit de savoir comment l’Ever Given s’est retrouvé dans une telle situation – et s’il faut craindre d’autres incidents de ce genre. La question taraude aussi bien les autorités du canal, le gouvernement égyptien, les compagnies maritimes et leurs clients.
L’une des explications repose sur une tempête de sable saisonnière appelée khamsin. Ce vent charrie de la poussière d’ouest en est à plus de 140 km/h depuis l’Afrique du nord. Il souffle pendant 50 jours, d’où son nom qui signifie « cinquante » en Arabe.
L’Ever Given qui se dirigeait vers le nord, en direction de la Méditerranée, aurait été surpris par une rafale. Le navire de 400 mètres de long a dévié sur la droite pour s’enfoncer dans le sable en diagonale, la proue enfoncée dans une rive et la poupe touchant presque de l’autre côté.
L’Autorité du canal de Suez tient compte de cette possibilité avancée par la compagnie Evergreen Marine Corp, laquelle opère le navire, mais n’exclut aucune autre piste. « D’autres erreurs, humaine ou technique, ont aussi pu entrer en jeu », a déclaré le chef de l’Autorité du canal de Suez (SCA), l’amiral Ossama Rabie.
*30.000 mètres cube de sable
Pour dégager le navire de la zone d’échouage, les équipe de sauvetage ont travaillé 24 heures sur 24 pendant sept jours. Elles ont dragué 30.000 mètres cube de sable et déployé 13 remorqueurs pour parvenir enfin à mouvoir ce monstre flottant.
L’opération, confiée au spécialiste néerlandais Royal Boskalis Westminster, n’a pas réussi du premier coup. Une première tentative avait échoué vendredi. Selon Ihab Talaat el-Bannane, ancien amiral égyptien, l’accident s’est produit dans la partie du canal où le sol est rocheux et qui avait d’ailleurs été le plus difficile à creuser.
Il aura fallu donc poursuivre encore trois jours les efforts de dragage pour réussir le sauvetage – in extremis. En effet, selon le Wall Street Journal, les niveaux de marée auraient été trop bas avec la pleine lune et l’armateur aurait été contraint de décharger les conteneurs pour alléger le navire, une tâche qui aurait nécessité encore plusieurs semaines avant de dégager le canal.
Tout est réglé ? Pas encore. Il faudra « trois jours et demi environ » pour résorber le trafic accumulé, a prévenu, Ossama Rabie, président de la SCA, sur la chaîne locale Sadaa al-Balad, ajoutant que le trafic serait maintenu « 24 heures sur 24, immédiatement après le renflouement du navire ». Si les pénuries sont évitées, il y aura de toute façon de lourds retards sur les livraisons d’épices, de thé, de meubles Ikea, de lames de parquet, de pétrole ainsi que 130.000 moutons
(BFMTV)

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