Candidats à la présidentielle : Ça se bouscule aux portillons

 

La loi tunisienne permet à tout Tunisien âgé au minimum de 35 ans et de confession musulmane de se présenter à la présidentielle. Pour les Tunisiens bénéficiant de la double nationalité, il suffirait, pour se présenter, d’un engagement à se défaire de la seconde nationalité si le candidat accédait à la magistrature suprême. Ainsi et après des décennies de candidature unique, on passe à une multitude de candidatures, parfois improbables. Des noms jusqu’ici inconnus jusqu’aux politiques les plus illustres, la bataille, dont le signal a été donné dimanche dernier semble très serrée.

Sur la liste, beaucoup d’indépendants, des défis relevés ou alors une certaine folie des grandeurs, on peut trouver des noms qui ne furent qu’un élément de buzz sur le Web, comme Jalel Brik, connu surtout sur la Toile grâce à son vocabulaire cru. El Arbi Nasra, voudrait, lui, passer du quatrième pouvoir à l’exécutif et après avoir lancé sa chaîne Hannibal TV, il y a quelques années. Quelques noms n’existaient même pas il y a à peine quatre ans, ou alors restaient dans la clandestinité comme Abderraouf Ayadi, Hechmi Hamdi — qui annonce sa candidature depuis Londres — ou encore Slim Riahi, l’homme d’affaires qui préside déjà un club de foot. Mohamed Ayachi Ajroudi revenu de l’étranger lui aussi et propriétaire d’une chaîne de télé, Zied Héni, journaliste, voudraient accéder à la présidentielle ou encore Abderrahmen Bahloul (Mouvement de la démocratie et du développement.)

D’autres personnalités plutôt excentriques se sont aussi déclarées. Adel Almi, fondateur de l’association nommée L’incitation à la vertu et la lutte contre le vice, voudrait, quant à lui, exercer sa vocation de gardien de la foi depuis Carthage. Ou encore Bahri Jelassi, prêcheur pour la polygamie, caresse lui aussi le rêve de présider la Tunisie.

Les femmes ne sont pas nombreuses dans la course et, pour le moment, l’on retient trois noms. Leila Hammami entame une campagne assez ardue, Kalthoum Kanou, ancienne présidente de l’Association des juges et Emna Mansour Karoui, présidente du Mouvement démocratique de réforme et de construction.

Des rumeurs

Quelques partis ne se sont pas encore prononcés quant au nom de leur candidat, notamment l’un des plus grands, le mouvement de Nidaa Tounes. Ainsi, entre le nom de Béji Caïd Essebsi, le fondateur du parti et Mustapha Kamel Nabli, ancien Gouverneur de la Banque centrale, les Tunisiens se posent des questions. Ballon d’essai ? Le nom de Taïeb Baccouche est aussi dans la course, mais rien n’est encore tranché… la carte du candidat à la présidentielle semble encore maintenue au secret. Hamma Hammami, président du Parti des travailleurs, sera le candidat de la gauche rassemblée autour de Front populaire. Ce qui rassemblera peut-être les voix de l’extrême gauche face à ce grand nombre de candidats.

Al Joumhouri, anciennement Parti démocrate progressiste, présente le président de la Haute commission politique, Ahmed Néjib Chebbi tandis que son ancien allié El Massar a choisi Samir Bettaieb comme candidat.

Malgré l’excentricité de certains candidats et le long parcours des autres, la réelle surprise a été la candidature d’Ahmed Mestiri, âgé de plus de 80 ans. Le conseil national de son ancien parti, le Mouvement des démocrates socialistes, MDS, en a décidé ainsi. Malgré la surprise, on se souvient que son nom a été déjà proposé dans des moments critiques depuis la Révolution. À la Kasbah, les jeunes sitineurs appelant à la Constituante exigeaient le nom d’Ahmed Mestiri comme son président. Les rumeurs assuraient qu’Ennahdha avait soufflé le nom à la foule, mais les élections décidées ont éliminé la possibilité de nommer un président à la constituante. Ensuite et lors du dialogue national, son nom a encore été soutenu, cette fois-ci par Ennahdha et l’on se souvient que le processus du dialogue était alors arrivé à une impasse. Certains analystes ont avancé la thèse d’une fausse carte proposée par Ennahdha en donnant le nom d’Ahmed Mestiri afin de contrer le candidat des autres camps et d’assurer le passage d’une personnalité qui ne lui sera pas hostile. Tout laisse ainsi à penser qu’Ahmed Mestiri serait le candidat indirect d’Ennahdha.

En effet, Ennahdha n’a toujours pas déclaré de candidat officiel. Hamadi Jebali, démissionnaire de son poste de Secrétaire général du mouvement islamiste se déclarerait indépendant, si jamais il se présentait. Le nom de Mourou a aussi été évoqué comme candidat du mouvement Ennahdha…

Ainsi, ce dernier entamera quand même la campagne d’une manière avantageuse, car, face à lui, les voix s’éparpillent entre au moins une vingtaine de candidats, tandis qu’Ennahdha se présentera avec un candidat direct (Ahmed Mestiri ?) et un autre, peut-être, soutenu depuis les coulisses, sans compter le candidat de son allié du Takattol, Mustapha Ben Jâafar. À suivre.

Hajer Ajroudi

 

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