Dans un contexte où les prix des carburants flambent à l’échelle mondiale, certains pays africains réussissent à maintenir des tarifs exceptionnellement bas, offrant ainsi un souffle financier à leurs citoyens. La conjoncture, loin d’être anodine, résulte d’un subtil équilibre entre exploitation des ressources naturelles, politiques gouvernementales et réalités économiques. Pour reprendre le rapport de Global Petrol Prices, la Tunisie affiche l’un des prix les plus bas dans le panorama africain.
La Libye, championne incontestée des prix bas
En tête de liste des pays où l’essence est la plus abordable, la Libye propose un litre à seulement 0,031 dollar (47,335 N). Forte de vastes réserves pétrolières et d’un système de subventions massives, elle illustre comment l’exploitation locale des hydrocarbures peut alléger le coût de la vie. Ces subventions, si elles permettent de soutenir les ménages, représentent toutefois un poids considérable pour le budget national.
Deuxième producteur de pétrole du continent, l’Angola propose un litre à 0,329 dollar (507,160 N), grâce à d’importantes subventions gouvernementales. Cependant, ce soutien financier, indispensable à la stabilité sociale, pèse lourdement sur l’économie du pays, déjà fragilisée par une forte dépendance aux exportations pétrolières.
En Égypte, où le prix est fixé à 0,335 dollar (516,190 N) par litre, le gouvernement mène un exercice d’équilibriste. Tout en maintenant les subventions, il tente de les réduire progressivement pour stabiliser ses finances publiques. Malgré tout, l’essence y reste bien plus accessible que dans de nombreux pays africains.
La Tunisie, au 8ᵉ rang des carburants les moins chers
Avec un prix de 0,796 dollar (1 227,760 N) par litre, la Tunisie se positionne parmi les dix pays africains où le carburant est le plus abordable. Ce résultat est en grande partie attribuable aux subventions gouvernementales, qui permettent de compenser le coût élevé des importations pétrolières. Toutefois, cette politique suscite des interrogations quant à sa durabilité face aux pressions budgétaires croissantes.
Si des tarifs faibles profitent aux consommateurs, ils reposent souvent sur des subventions qui grèvent les budgets nationaux. Dans des pays comme l’Algérie ou le Soudan, cette stratégie est indispensable pour éviter des troubles sociaux. Cependant, elle expose les économies à des vulnérabilités, notamment en cas de chute des cours mondiaux du pétrole ou d’instabilité politique.
Une fragilité structurelle persistante
Les pays africains non producteurs de pétrole, tels que l’Éthiopie (0,718 dollar par litre) ou le Libéria (0,857 dollar par litre), dépendent fortement des importations et des fluctuations des prix internationaux. Cette dépendance accroît leur vulnérabilité face aux crises économiques et met en lumière le besoin urgent de diversification économique et d’amélioration des infrastructures énergétiques.
Les bas prix du carburant en Afrique résultent d’un savant mélange de subventions, de production locale et de politiques publiques adaptées. Toutefois, ces mécanismes sont loin d’être pérennes. Les défis économiques, combinés à l’instabilité politique et aux fluctuations du marché mondial, imposent aux gouvernements une réflexion profonde sur la viabilité de ces modèles.