La campagne agricole 2024–2025 enregistre une forte baisse de la production nationale de figues de Barbarie « hindi », conséquence directe de la propagation rapide de la cochenille dans plusieurs régions, en particulier dans le gouvernorat de Kasserine, considéré comme l’un des bastions de cette culture en Tunisie.
Selon Mohamed Rochdi Bannani, président de l’Association nationale pour le développement du Cactus, la récolte de cette année ne dépassera pas les 150 000 tonnes, contre 250 000 tonnes l’année précédente. Pire encore, il craint que la production chute à 50 000 tonnes en 2026, si aucune mesure efficace n’est prise immédiatement.
Le figuier de Barbarie est bien plus qu’un simple fruit, il constitue un pilier économique pour plus de 100 000 travailleurs, générant près de 5 millions de journées de travail par an, selon Bannani. Il alerte notamment sur l’apparition de foyers de cochenilles dans la zone de Zalfen, principale région productrice (25 000 hectares). Il appelle à une intervention urgente des autorités régionales et nationales, déplorant l’inefficacité des efforts actuels pour enrayer la propagation de l’insecte ravageur.
La « coccinelle », espoir fragile
Face à l’impasse, Bannani renouvelle son appel à intensifier l’élevage et la diffusion de la coccinelle, prédateur naturel de la cochenille, via des entreprises spécialisées, plutôt que de dépendre uniquement des laboratoires publics. Il alerte toutefois sur certaines pratiques contre-productives, comme l’arrachage de plantations où ces insectes bénéfiques avaient été introduits, notamment à Sbiba. Il insiste aussi sur l’importance de la taille régulière des raquettes du cactus, le diagnostic précoce des foyers d’infection et l’introduction d’espèces résistantes à la cochenille comme solutions durables.
De son côté, Omar Saadaoui, chef du Département de la production agricole à la délégation régionale du développement, rappelle que plusieurs actions ont été entreprises dans la région de Kasserine : lutte mécanique, chimique, agricole et biologique. Il confirme la poursuite des opérations de diffusion de la coccinelle à Sbiba et dans les zones périphériques de Zalfen.
Saadaoui regrette le manque d’implication de certains citoyens, malgré les campagnes de sensibilisation. Il appelle à plus de civisme, en respectant les consignes d’entretien des plantations, pour freiner la prolifération du parasite.