Lors d’une interview accordée à Mosaïque Fm et à Attassia Tv dans la soirée de ce dimanche 14 juin 2020, le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh est revenu sur plusieurs questions d’ordre économique, politique et social.
Il a assuré que la Tunisie a réussi à maîtriser la crise sanitaire liée à la propagation du Covid-19 tout en appelant les Tunisiens de continuer à respecter les consignes sanitaires afin d’éviter toute évolution négative de la situation épidémiologique.
Confinement: Des cartes SIM pour surveiller les déplacements des Tunisiens
Il a, dans ce contexte, assuré que la majorité écrasante des Tunisiens (85%) ont respecté les mesures mises en place par le gouvernement pour freiner la propagation du virus dont notamment le confinement sanitaire général ajoutant que les mouvements des Tunisiens ont été surveillés depuis la salle des opérations à travers les cartes SIM. Il a assuré que l’opération a été effectuée conformément aux dispositions de la loi et sous la supervision de l’Instance de la Protection des Données Personnelles (INPDP) et de celle de l’Accès à l’Information (INAI).
Fakhfakh a, par ailleurs, rappelé que les autorités tunisiennes ont réussi à assurer le rapatriement de pas moins de 25 mille Tunisiens bloqués à l’étranger depuis le déclenchement de la pandémie au mois de mars dernier. Il a ajouté que 1500 Tunisiens à l’étranger vivant dans des conditions sociales précaires ont bénéficié des aides des autorités tunisiennes.
En ce qui concerne les conditions du retour des Tunisiens dans leur pays cet été, le chef du gouvernement a assuré qu’à compter de jeudi prochain, ils seront appelés à passer la période de confinement obligatoire chez eux pendant deux jours.
Les touristes seront, quant à, eux appelés à respecter le confinement obligatoire dans les hôtels ajoutant que les visites dans les sites archéologiques seront effectuées conformément à un protocole sanitaire bien déterminé. Il a assuré que le circuit touristique qui devrait être emprunté par les touristes depuis leur arrivée en Tunisie et jusqu’à leur départ permettra d’éviter tout contact avec les Tunisiens.
Elyes Fakhfakh a ajouté que le gouvernement a pris une décision audacieuse on annonçant l’ouverture des frontières du pays à compter du 27 juin prochain soit, avant les pays européens, assurant que cette décision a été prise en fonction d’une évaluation profonde et en prenant en considération une série de mesures sanitaires etc.
En ce qui concerne le risque d’une seconde vague épidémiologique, Fakhfakh a assuré que son gouvernement est prêt à tous les scénarios rappelant que toutes les mesures prises précédemment dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire ont fait preuve de leur efficacité.
Il a ajouté que le gouvernement a opté pour une décision très courageuse en imposant aux Tunisiens le confinement sanitaire obligatoire en dépit de ses répercussions économiques et sociales inévitablement drastiques.
Le chef du gouvernement a, dans ce contexte, rappelé que 1,1 million de tunisiens ont bénéficié des aides sociales mises en place par le gouvernement durant la période de confinement précisant que le coût total de ces aides a atteint les 550 millions de dinars.
Fakhfakh n’exclut pas l’éventuelle révision à la baisse des salaires des fonctionnaires publics
Elyes Fkahkh a indiqué avoir tenu au courant la centrale syndicale quant à la précarité de la situation de la finance publique précisant avoir mis en garde les membres du bureau exécutif de l’UGTT contre l’hémorragie dont souffrent certaines institutions publiques. Il a, à cet effet, évoqué l’éventuelle révision à la baisse des salaires de la fonction publique et des pensions des retraités.
« Il faut que plusieurs dossiers en suspens soient résolus, à titre d’exemple celui des hausses salariales et de la privatisation des entreprises publiques. Je suis d’accord pour qu’il n’y ait pas de privatisation, mais par contre il faut qu’il ait des réformes urgentes. l’État a fait preuve d’une mauvaise gestion de ses biens et entreprises etc. Il y aura pas de hausses salariales, il y a des priorités, l’État s’engage à respecter les accords signés mais on ne souhaite pas amener le pays vers la faillite, l’État ne peut plus tenir toutes ces promesses… »a-t-il lancé.
Plus de dette extérieure
En ce qui concerne la dette extérieure, le chef du gouvernement a regretté la situation inconfortable de l’État tunisien précisant que la dette extérieure s’élève actuellement à 60% du PIB par apport aux 30% de 2013 chose qui constitue un danger pour la souveraineté du pays. Il a ajouté que son gouvernement fera en sorte de ne pas dépasser, en aucun cas, ce seuil (60%).
Concernant le dossier des biens confisqués et de la réconciliation, Elyes Fakhfakh a considéré que la Tunisie a raté sa démarche de justice transitionnelle selon ses dires, indiquant qu’il est grand temps qu’une initiative législative soit présentée afin de tourner la page et sauver ce qui peut l’être en récupérant l’argent du peuple spolié.
Il a, dans ce contexte, considéré que l’impunité est à l’origine de tous les maux du pays ajoutant que le rétablissement de la confiance est une urgence. « Il faut collaborer ensemble pour que le pouvoir exécutif et judiciaire mettent la main dans la main pour rétablir la confiance, et appliquer la loi » a-t-il lancé.
En ce qui concerne une crise non annoncée entre la présidence du gouvernement et celle du parlement, Elyes Fakhfakh a assuré qu’il s’agit tout simplement de points de divergence ni plus ni moins.
Aucun intérêt d’élargir la coalition gouvernementale
Quant à l’éventuel élargissement de la coalition au pouvoir, Elyes Fakhfakh a rappelé que son gouvernement qui représente toutes les familles et les couleurs politiques en Tunisie et qui traduit la volonté des électeurs, selon ses dires, bénéficie du soutien de 129 députés considérant que la participation d’autres partis – NDLR: en référence à Qalb Tounes notamment- à la coalition gouvernementale n’a aucun intérêt.
Il a ajouté que cette coalition qui a réussi à surmonter une étape assez critique n’a pas besoin d’être élargie.
En ce qui concerne l’interdiction à ses ministres d’apparaître sur les chaines de télé illégales telles que Nessma Tv et Zitouna Tv, Elyes Fakhfakh a confirmé l’information indiquant que ceci s’inscrit dans le cadre de la volonté de rétablir le prestige de l’État. Il a assuré que son gouvernement, est en train d’étudier la situation de ces chaines avec la HAICA pour une éventuelle fermeture.
Concernant les motions examinées récemment à l’Assemblée des Représentants du Peuple liées à la politique étrangère et aux excuses réclamées à la France pour les crimes pendant la période coloniale, Elyes Fakhfakh a indiqué que ces motions n’engagent que le parlement.
Aucune intention de former un bloc parlementaire ou un parti politique
Elyes Fakhfakh a, par ailleurs, nié toute intention de former un bloc parlementaire ou un parti politique.
Le chef du gouvernement a fini par indiquer que la lutte contre le terrorisme, la corruption et l’atteinte à la propriété constituent les trois priorités absolues de son gouvernement durant la période à venir.