Ce qu’il faut savoir sur l’affaire du Conseil tunisien des réfugiés !

L’affaire du Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR) semble prendre une nouvelle tournure. En effet, d’après le chroniqueur à IFM, Néjib Dziri, une enquête a été ouverte à l’encontre de cette organisation nationale non gouvernementale humanitaire active dans le domaine de l’asile par le Parquet sur fond d’un appel d’offres lancé par cette organisation pour assurer un service d’hébergement en Tunisie aux réfugiés sans avoir mis au courant les autorités compétentes.

Tout a commencé  à la suite d’un appel d’offres sur les colonnes d’un quotidien tunisien. Cet appel d’offres a d’ailleurs provoqué de vives polémiques au sein des Tunisiens quant aux objectifs de cette décision. L’organisation concernée a demandé dans ledit appel d’offres aux “sociétés de prestation de services spécialisés en matière d’hôtellerie à fournir une offre technique et une offre financière pour la fourniture de service d’hôtellerie du 15/5/2024 au 31/12/2024 avec possibilité de renouvellement pour l’année 2025”.


Il s’agit pour certains activistes de la société civile d’une forme de « normalisation » avec la présence massive des réfugiés dans nos contrées et de faire de la Tunisie une terre d’accueil pour tous les migrants notamment Subsahariens voulant rejoindre l’Europe notamment après les nombreuses pressions exercées par les pays européens et à leur tête l’Italie sur notre pays pour imposer leur politique ultra-sécuritaire en matière d’immigration. Ce qui semble contradictoire avec les déclarations des responsables officiels dont le président de la République Kaïs Saïed qui ne cesse d’insister que  » nous refusons d’être une terre de transit ou une terre d’accueil ».

Le CTR ou ou l’arbre qui cache la forêt
Mais que peut-on savoir sur ledit Conseil Tunisie pour les réfugiés? D’après la présentation mentionnée sur son site web officiel, cette institution se présente comme “une organisation nationale non gouvernementale humanitaire active dans le domaine de l’asile”. Cette organisation crée le 28 juin 2016, à l’initiative de Mustapha Djemali, ancien Directeur régional du Haut commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR), et de certains membres représentant différents secteurs de la société civile tunisienne s’est fixée comme objectifs d’aider “à gérer les questions relatives à l’asile en Tunisie et soutenir les autorités tunisiennes dans leurs efforts pour trouver des solutions appropriées aux difficultés rencontrées par les réfugiés en Tunisie”.
Le CTR vise également, toujours d’après son statut, à “contribuer à la protection et à l’assistance attribuées aux réfugiés et aux demandeurs d’asile en Tunisie, à la recherche et à la mise en œuvre de solutions durables aux problèmes des réfugiés en Tunisie. Il accomplit cette mission en pleine coopération avec les organisations internationales et les autorités compétentes, d’appuyer le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) dans la mise en œuvre de ses programmes de protection des réfugiés et de soutenir les efforts des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux dans le domaine de l’asile et de l’assistance aux réfugiés et demandeurs d’asile”.
Toutefois, cette organisation non gouvernementale qui vient de créer la polémique a été pointée du doigt à cause d’éventuelles suspicions de « corruption et de mauvaise gestion financière et administrative ». Le politologue Sami Jallouli était parmi ceux qui ont appelé à se méfier des objectifs et des programmes de cette organisation installée en Tunisie.

 

D’après une enquête journalistique menée en 2019 par notre ancienne collaboratrice Amal Mekki et rédactrice en chef de la plateforme “Insann”, une plateforme spécialisée dans les enquêtes d’investigation, plusieurs formes de dépassements auraient été enregistrées dans la gestion des fonds alloués à cette organisation par le biais par ses partenaires notamment le HCR. La journaliste s’est référée à des plaintes déposées auprès de Instance nationale de la lutte contre la corruption (INLUCC) depuis octobre 2019 accusant les responsables de ce conseil de différents dépassements. Après le gel des travaux de cette Instance de lutte contre la corruption ce dossier a été enterré tout comme plusieurs autres dossiers touchant à plusieurs secteurs.

Quid des projets du CTR ?
Le Conseil tunisien pour les réfugiés gère depuis sa création de nombreux projets en matière de “protection et assistance” aux réfugiés et demandeurs d’asile dans notre pays. D’après les données fournies sur son site web, de 2018 à 2024, le nombre de demandeurs d’asile a atteint 46071 personnes. Entre 2018 et 2024 ce nombre s’est vu multiplié 25 fois. Le nombre actuel de demandeurs d’asile est à l’ordre de 12902.

Les impacts attendus de ce projet selon le CTR outre l’accueil est de “fournir une assistance aux besoins de base et de renforcer l’environnement de protection des réfugiés et des demandeurs d’asile en Tunisie, faciliter l’inscription/le suivi dans les écoles et l’identification d’enfants potentiels à inscrire, faciliter l’accès aux hôpitaux publics et rembourser les frais médicaux selon le SOP Santé,  assurer une assistance exceptionnelle en espèces pour les plus vulnérables et assurer l’entretien et la gestion des dortoirs et des appartements loués dans le pays, en coordination avec les autorités compétentes”.

D’ailleurs cette organisation est parvenue à conclure plusieurs accords et à signer maintes conventions de partenariat avec des organismes officiels pour propulser ses activités sur le territoire tunisien en la matière. On peut citer la convention signée, le 30 décembre 2019, avec le ministère de la Femme, portant sur l’amélioration des prestations et services fournis pour venir à l’aide des réfugiés et des demandeurs d’asile en Tunisie. L’objectif étant de sensibiliser “les intervenants à l’importance d’assister les réfugiés et les demandeurs d’asile pour leur garantir une vie digne en Tunisie outre le développement du partenariat dans les différents domaines d’intérêt commun entre les structures centrales et régionales du ministère et du CTR”.

Faut-il signaler que cette affaire surgit au moment où notre pays est secoué par une vague d’immigration exceptionnelle. La majorité des migrants ayant traversé les frontières tunisiennes sont d’origines subsahariennes. La coopération en matière de migration avec l’UE qui ne cesse de se renforcer semble être loin de mettre fin à ce cauchemar qui n’en finit pas. Car en dépit des appels des habitants, notamment de la région de Sfax, fief des milliers de migrants, et aux opérations menées à maintes reprises par les autorités sécuritaires, le problème semble loin d’être résolu.

Mohamed Ali Sghaïer

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