En commémoration du voyage à Tunis, effectué en 1914 par les peintres Klee,
Macke et Moilliet, le musée du Bardo abrite, du 28 novembre jusqu’au 24 février 2015, une exposition de peinture rendant hommage à la Tunisie et aux artistes-peintres. Belle occasion de vous aérer l’esprit, l’âme et laisser porter par l’expressionnisme et le surréalisme en Tunisie
C’est à l’occasion du centenaire du voyage des trois célèbres artistes à Tunis, Paul Klee, August Macke et Louis Moilliet, qu’un point de presse a été organisé au musée du bardo, afin de mettre en relief le concept de cette exposition.
Cette commémoration qui prend la forme d’une exposition, a eu lieu grâce à l’apport du ministère de la Culture, du Goethe-institut, des partenaires et des ambassades d’Allemagne et de Suisse et surtout de l’expertise de la commissaire de l’exposition Anna M. Schafroth, historienne d’art.
Cette manifestation ne vise pas uniquement à mettre en évidence les œuvres exposées dans le contexte de l’histoire de l’art, elle thématise également les endroits visités par les trois artistes lors de leur voyage en avril 1914 en Tunisie.
Klee, Macke et Moilliet cherchèrent surtout la confrontation avec l’ornement et les aplats de l’architecture et de l’art arabe.
Anna M. Schafroth a souligné que 32 toiles seront exposées au musée du bardo et qu’elles seront assurées par Goethe Institut. 40 journalistes allemands se déplaceront à Tunis pour voir de près cette exposition exceptionnelle et aussi pour mettre en évidence le tourisme culturel tunisien. Le ministre de la Culture a mis en exergue la bonne période de la culture tunisienne en dépit d’une certaine tension politique.
A cette occasion, le ministre de la Culture, Mourad Sakli, en présence des représentants des ambassades d’Allemagne et de Suisse, a donné une conférence de presse, avant-hier, qui a été suivie par le vernissage de l’exposition.
Le ministre de la Culture a mis l’accent, lors de ce point de presse, sur l’importance de cet évènement culturel, en cette période précise que connaît le pays, et a déclaré que, désormais, le ministère subventionnera tous les évènements culturels qui s’ouvriront sur le monde. « L’un des plus grands musées en Hollande a abrité, mercredi dernier, une exposition qui raconte l’histoire et la civilisation de Carthage et c’est très valorisant pour l’image du pays dans le monde entier», a-t-il annoncé.
Paul Klee: Antish Saint-Germain _ Aquarelle
Cet évènement de grande envergure est réalisé avec le concours du Goethe institut, de l’ambassade suisse et avec la collaboration du commissaire de l’exposition, le conservateur du musée, avec surtout l’aide la spécialiste d’art moderne, Anna M. Schafroth et le fils du peintre Moilliet dont les œuvres sont exposées au musée.
Madame Christiane Bohrer, directrice de l’institut Goethe, a insisté sur l’importance des œuvres de ces trois peintres qui rendront, en quelque sorte,un hommage vibrant à la Tunisie. Cette exposition permettra aussi au musée d’être un partenaire privilégié dont l’infrastructure, la sécurité et la logistique sont en mesure d’accueillir des œuvres d’envergure internationale.
La conférence a été suivie par une visite de l’exposition où l’on découvre plus d’une quarantaine de toiles inspirées de la lumière de la Tunisie. Œuvre d’un voyage qui a changé le cours de l’histoire de l’art du 20e siècle.
Il est à souligner que les élèves et les étudiants auront un accès gratuit pour voir ces chefs d’œuvres de grande dimension internationale.
Une histoire d’amour tuniso-allemande
Que se soit à Berne, à Berlin ou à Tunis, l’œuvre du trio d’artistes peintres, Paul Klee, August Macke et Louis Moilliet, est l’illustration d’une histoire d’amour avec la Tunisie, née, en seulement deux semaines, il y a cent ans, mais qui est demeurée éternelle.
Au vernissage de leur exposition hommage, vendredi soir au Musée du Bardo, les œuvres de Klee, le germano-suisse, Macke l’allemand et Moilliet, le suisse, ont drainé un public qu’aucun de leurs confrères contemporains n’a, jusque-là, pu attirer. Sous le son du piano et la voix d’un ténor suisse, le public a fait la queue pour admirer l’œuvre de ce trio de peintres.
Au centenaire du voyage, un speed-painting donnant lieu à un portrait des trois artistes peintres est présenté à la grande foule des invités à ce vernissage. Cent ans déjà depuis leur périple en Tunisie, Klee, Macke et Moilliet ont de nouveau fait le voyage vers le pays où ils ont vu naître la lumière dans leur aquarelle.
Cette fois, ce n’est pas à la modeste demeure du Docteur Jeggi, leur hôte d’antan, qu’ils logeront mais à la Salle de Sousse avec sa coupole dorée, au premier étage du vaste Musée du bardo. Aussi, le voyage de leurs œuvres sera d’une durée plus longue en Tunisie contrairement à leur passage de seulement deux semaines dans le pays en 1914.
Les trois artistes seront, durant trois mois, présents, à travers leur précieux héritage artistique, les hôtes du palais Alaoui, comme il s’appelait de leur époque.
Ils sont certes partis, mais leur œuvre demeure un témoignage de la richesse d’un patrimoine artistique inestimable.
En 1914, Paul Klee était là au Bardo et le voilà revenu en 2014 avec ses deux compagnons de route. Leurs œuvres logeront joyeusement au milieu des fresques millénaires du musée du Bardo. Une exposition grandiose dans sa symbolique et dans son contexte. Les œuvres du trio d’artistes refont le périple cent ans après, sans leur maîtres. Comme si l’on réinventait le temps, à travers l’art et on s’approprie de l’espace. Le regard se fait scrutateur et mélancolique dans des lieux jadis occupés par nos ancêtres mais demeurent toujours en place. Vous voyagerez ainsi dans les ruelles de la Médina de Tunis, Carthage, Sousse et Kairouan de l’époque. Un régal et un charme que seul un rêveur peut apprécier. Car, il pourra donner libre cours à son imagination pour remonter dans l’espace et le temps.
August Macke: Kairouan 1914
En 1914, Klee, Macke, Moilliet, furent le voyage en Tunisie et aujourd’hui, leurs œuvres sont leurs émissaires pour ce pèlerinage artistique à travers les croquis, les esquisses et les photos.
Le temps n’a pas pu affecter les lignes des crayons et les silhouettes tracées en noir et blanc par le trio de peintres amis.
Sur le croquis ou bien même sur les couleurs lumineuses de leur aquarelles, dont la beauté équivaut à celle de ce pays qu’ils ont tant admiré, les traces d’une belle Tunisie sont visibles à l’observateur.
Farouk Bahri